Vous descendez ? de Nick Hornby
21/08/2011
Alors, avant toute chose, il faut le dire : trouver des livres réjouissants, c'est le parcours du combattant ! J'ai tourné des plombes dans les rayons avant d'être inspirée par deux ouvrages tandis que Tom est mort ou La mort en dédicace me sautaient au cou. Véridique.
Il y a une humeur d'époque à ne pas être très drôle et la production littéraire ne fait que le refléter, ce n'est pas ma faute (©Valmont, champion de la mauvaise foi)
Alors, j'ai fait ce que j'ai pu pour dégotter quelque chose qui donne le sourire, sachant que j'ai éliminé d'office la Chicklit (non, parce que bon.). Au final, je ne suis pas sûre d'avoir totalement rempli cette première mission ; à vous d'en juger.
Vous descendez? de Nick Hornby, Plon, 2005 - 10/18, 2006, traduit de l'anglais par Nicolas Richard. (Edition originale : A Long Way Down, 1992)
Quatre losers se retrouvent fortuitement le soir du 31 décembre sur la tour du saut : ils ont tous décidé d'en finir.
Entre un présentateur télé déchu, un musicien raté, une ado à claquer et une vieille fille à bout de dévouement, strictement rien ne les rapprochent a priori si ce n'est une certaine lassitude de vivre. C'est sans compter l'arrivée de quelques pizzas autour desquelles ils créent un cercle improbable sensé les ramener, l'air de rien, à la vie.
Pour être tout à fait sincère, il y a du pour et un peu de contre.
Le contre : Le bouquin avançant, je n'ai pas forcément compris où l'auteur voulait en venir. Qu'il n'y ait pas de franche happy end peut se comprendre ; cela aurait manquer de crédibilité. Mais il n'y a pas pour non plus de france évolution chez les personnages et ça, c'est déjà plus ennuyeux parce qu'on tourne parfois un peu en rond. On en vient à se dire que, partis losers, ils risquent franchement de le rester. C'est plutôt dommage.
Le pour : L'écriture de Nick Hornby est simplement excellente. Enlevée, pleine d'humour, d'auto-dérision et de perspicacité, un vrai délice. Arriver à transformer le sujet le plus plombant du monde en une fable drôle et atypique, il y a de quoi lui tirer son chapeau. Parce que oui, contre toute attente, on sourit, on rit même, en lisant ce livre.
Au fond, le bonhomme ne nie pas l'humeur actuelle à ne pas être drôle. Sauf que, contrairement à pas mal d'écrivains qui s'engluent là dedans, il applique avec l'écriture ce petit mot d'Elizabeth McCracker qu'il met en exergue : "On dira ce qu'on voudra, le remède contre le malheur, c'est le bonheur".
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Incipit :
MARTIN
"Vous avez vraiment envie de savoir pourquoi j'ai voulu sauter du haut d'un immeuble ? Je vais vuous le dire. Je ne suis pas complètement idiot. Il y a une explication logique, car c'était une décision logique, le fruit d'une véritable réflexion. Même pas une réflexion très sérieuse, d'ailleurs. Je n'irai pas jusqu'à dire qu'il s'agissait d'un coup de tête, mais rien non plus de terriblement compliqué, ou douloureux. On peut présenter les choses de la manière suivante : vous êtes, par exemple, le sous-directeur d'une banque à Guildford, et vous avez envie d'émigrer. Justement, on vous propose de diriger une banque à Sydney. Même si la décision vous paraît évidente, avant de donner votre réponse, il faudra quand même que vous y réfléchissiez un peu, non? Pour savoir si vous pourrez supporter de déménager, quitter vos amis et vos collègues, expatrier femme et enfants. Alors vous vous asseyez avec un bout de papier et vous dressez la liste des pour et des contre. Par exemple :
CONTRE : Parents âgés ; amis ; club de golf.
POUR : Salaire plus élevé ; meilleure qualité de vie (maison avec piscine, barbecue etc) ; mer, soleil ; pas de commissions gauchistes pour censurer "j'ai du bon tabac dans ma tabatière" ; pas de directives européennes pour interdire les saucisses britanniques etc.
Le choix est vite fait, n'est-ce-pas? Le club de golf ! Laissez-moi rire. Evidemment, vos parents âgés vous font hésiter un instant... Mais seulement un instant, et encore, très court. Allez, je ne vous donne pas dix minutes avant que vous téléphoniez aux agences de voyage.
Voilà, telle était ma situation. J'avais beaucoup, beaucoup de raisons de sauter. Le seul élément figurant dans ma colonne des contre, c'était les enfants. Mais de toute manière, Cindy ne me laisserait jamais les revoir. Je n'ai pas de parents âgés, et je ne joue pas au golf. Sans vouloir froisser le bon peuple de Sydney, on pourrait dire que le suicide était mon Sydney à moi."
2 commentaires
J'ai lu plusieurs romans de lui, toujours avec plaisir. J'avais arrêté pour ne pas me lasser, je lirais bien celui-ci.
Tu me diras ce que tu en penses alors !
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