American Gods de Neil Gaiman
14/03/2012
Dans la catégorie du genre de livres sur lequel je n'aurais pas misé un kopeck quant à mon appréciation, voilà une excellente surprise ! Ce n'est pourtant pas mon premier Neil Gaiman, mais les deux précédents étaient classés en littérature ado et donnaient plutôt dans le gothico-mignon. Là, on a à faire à du pavé pour caller la table bancale de mamie (700 pages), l'auteur s'y tape un gros trip syncrétique autour de mythologies tous azimuts et flirte avec le fantastique à travers plaines - bref, une série d'ingrédients incongrus qui ne peut que trancher les avis de lecture et pour ma part, il est super positif !
American Gods de Neil Gaiman, traduit de l'américain par Michel Pagel, ed. Au Diable Vauvert, 2002
Ombre envisageait sa sortie de prison sous les meilleurs auspices : il devait retrouver sa femme adorée et travailler dans la boutique de son meilleur ami. Sauf que le jour J arrivé, il découvre que ces derniers avaient une liaison et qu'ils viennent de se tuer en voiture au retour de leur coucherie d'adieu. Douche froide et moral dans les tongues.
Dans l'avion qui l'emmène vers cet avenir désormais nul, il fait la connaissance d'un comparse mystérieux et passablement horripilant qui se fait appeler Voyageur, le genre de personnalité magnétique à qui on ne peut pas dire non. Et d'ailleurs, Ombre ne dit pas non à son étrange proposition : devenir son homme de main.
A partir de là, les évènements et les rencontres improbables s'enchaînent, les dangers se mettent à pleuvoir et il apparait de plus en plus clair qu'un orage spirituel se prépare en coulisses.
American Gods, c'est une métaphore complètement dingue de la société américaine contemporaine, vidée de toutes ces croyances ancestrales pour déifier le consumérisme. C'est aussi la remise en question d'une foi aveugle qui pousse à la manipulation consentie.
Neil Gaiman s'en donne à coeur joie dans l'exploration des mythologies de tous temps et de tous poils, avec un oeil aiguisé et faisant fi d'un quelconque manichéisme. Les dieux sont finalement parfaitement humains, bourrés de qualités et surtout de défauts, à l'image de ceux qui les ont créés. De plus, il mixe avec bonheur les genres du thriller, de l'épopée, du road movie et du récit mythologique avec un brio savoureux.
Soyons clairs, cela ne plaira pas à tout le monde. Parce que c'est long, dense et surtout parce que c'est complètement barré - il ne faut pas craindre les enchaînements de grand n'importe quoi (saviez-vous, par exemple, qu'Anubis était devenu entrepreneur de pompes funèbres en collaboration avec Thot et qu'il était possible de s'envoler avec les dieux à partir d'un carrousel?) Néanmoins, la maitrise de l'auteur concernant son propos et son talent extraordinaire de conteur (oui, moi et le talent de conteur des écrivains en ce moment, c'est la grosse lubie), fait de ce pavé un délicieux divertissement culturel que je vous recommande de goûter.
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Challenge mythologies du monde chez Cottage Myrtille
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8 commentaires
Merci pour ce billet ! Je l'ai bien inclus dans le récapitulatif du challenge. C'est un roman qui a l'air original et farfelu, comme je les aime, et qui s'intègre parfaitement au défi ! Bon après-midi ! :-)
Merci !
Un ami me l'a prêté mais je n'ai pas encore envie de le commencer. Je ne m'attendais pas à un truc pareil.
C'est assez spécial, en effet, et vu le nombre de pages, il vaut mieux être motivée ^^
J'aime ton humour decale, ton billet me donne vraiment envie de lire le roman. Ca fait du bien de lire quelques fois des histoires completement fumeuses. Ca plairait a ma soeur la Gueuse. Avec en plus un sujet serieux derriere, c'est pas mal. Philosophique sur les bords?
As-tu rendu ton questionnaire pour le swap victorien?
Au passage j'ai poste hier un billet sur le Festival de St Malo, je sais maintenant qu'Arieste sera presente, je ne sais pas ou tu habites vraiment, moi je reviens le weekend specialement d'Angleterre pour l'evenement. Mais si tu es dans les parages peut-etre pourrions-nous rencontrer la-bas qui sait?
Bises
Je suis d'accord, les lectures farfelues ont aussi du bon parfois ! Perso, ce livre est tombé au bon moment pour me changer les idées.
Je ne dirais pas vraiment qu'il est philosophique mais il peut susciter certaines réflexions intéressantes.
Concernant le swap victorien, oui, j'ai renvoyé mon questionnaire rapidement. J'ai hâte de lire le tien pour songer au colis.
Et en parlant de swap tout court, j'organise des swap saisonniers via mon blog si ça te tente pour la prochaine session^^ (là, celui du printemps est en cours mais il y aura celui de l'été ensuite !)
Je ne serai malheureusement pas au Festival Étonnants Voyageurs, je n'habite pas du tout dans le coin. Mais je lirai avec plaisir ton compte rendu du week-end et on aura sans doute une autre occasion de se rencontrer un jour, je n'en doute pas :)
Bisoux¨¨**¨*
Voilà une chronique qui sert de belle manière un livre que je ne vais pas manquer de faire remonter dans ma PAL !!! Merci pour elle...
De rien ! J'espère qu'il t'enthousiasmera autant que moi !
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