La vague de Todd Strasser
27/04/2012
La Vague de Todd Strasser, Jean-Claude Gawsewitch Editeur, 2008 ; Pocket, 2009
(Edition originale : The Wave, Random House Inc, 1981)
Le pitch de départ donne tout simplement l'eau à la bouche et j'étais franchement emballée lorsque je suis tombée sur le livre.
En gros, en 1969, un professeur d'histoire américain met en place une expérience audacieuse pour démontrer à ses élèves la force et les mécanismes des régimes totalitaires. Il crée un mouvement dont il devient le guide, La Vague, basé sur ces trois règles : La force par la discipline ; la force par la communauté ; la force par l'action. On y retrouve tous les principes du nazisme et cette idée sensée appâter le chaland (et Dieu sait que ça marche) que tous les membres du mouvement appartiennent à une élite.
Ca marche tellement bien que la réalité dépasse rapidement la fiction. Les élèves s'y engouffrent. S'en suivent toutes les dérives attendues : les signes distinctifs, la ségrégation, les menaces, les violences. Bref, d'un coup, le jeu n'a plus rien de drôle. Et tout l'objet du livre est précisément de démontrer comment un homme peut occulter totalement son libre arbitre au profit de la masse et se rallier aveuglément à un leader.
Voilà, ça, c'est le pitch. Avouez qu'il y a de quoi s'attendre un livre fort et violent avec des personnages soignés aux petits oignons, une démonstration du processus d'endoctrinement, et une chute à faire frémir.
Sauf que. On se retrouve avec une soupe d'une nullité assez accablante. Tellement accablante qu'il n'y a pas tellement de critique constructive possible : tout est mauvais. Le style déjà, ou devrais-je dire le non style. Mais vous allez me dire, l'objectif de l'ouvrage n'est pas de faire une perle de poésie. Soit.
Mais le fond ne suit pas non plus. A trop vouloir faire simple, il en est superficiel. A trop vouloir être abordable, à ne pas creuser les évènements, ils s'enchaînent grossièrement avec absurdité. A ne pas vouloir étoffer les personnages, on a des caricatures de séries pour ado à la Beverly Hills (on a même la réplique d'Andrea qui dirigeait le journal du lycée aha). Cela ne démontre même pas les principes des régimes totalitaires parce que c'est juste inconsistant et sans aucune crédibilité. Tout est raté.
Un tel foirage explique sans doute que le livre ait attendu autant d'années avant de trouver un éditeur français pour le traduire.
En tous les cas, je ne m'explique pas qu'il ait été un tel bestseller. Ou si, je me l'explique. Mais bon, il y aurait peut-être là un peu trop de condescendance... Hmm...
5 commentaires
J'ai vu le film, certes un peu démonstratif, mais loin d'être inintéressant notamment parce que je l'ai regardé avec mon garçon ado et qu'on peut en rediscuter ensuite.
Oui mais le film a l'avantage d'être bien meilleur que le bouquin, c'est pour ça ^^
Moi aussi je comprends de moins en moins ces mauvais livres qui font des records de vente. Les gens sont influençables au point de se précipiter sur les livres dont on fait de la pub. Remarque dans ma bibliothèque c'est un peu ça aussi, ils veulent tous lire la même chose et ensuite avouent que c'est nul. C'est vrai qu'avec les blogs on peut remarquer que la lecture est différente, avec les challenges on lit complètement différemment et ça c'est vraiment bien.
Ce que tu dis est très juste : beaucoup veulent lire la même chose et beaucoup sont déçus. Il faut essayer autant que possible d'être curieux, de goûter à d'autres choses. Bien sûr, ça ne marche pas à tous les coups, mais souvent, on tombe sur de belles surprises !
Je n'ai pas lu le livre, mais j'aimerai simplement réagir sur le film : bien que le scénario soit intéressant et captivant, la réalisation n'en est pas pour le moins douteuse : on a un arrière-goût de téléfilm, selon moi. Plus on avance dans l'histoire, plus le montage est fait à la "va-vite", c'est très dommage.
Cependant, je trouve que l'ambiance "allemande" dans les lycées est très bien retranscrite, et petit coup de coeur pour la B.O. si mes souvenirs sont bons !
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