La poésie du jeudi avec Arthur Rimbaud
07/11/2013
Pour ce nouveau rendez-vous poétique grâce à Asphodèle, je voudrais vous faire partager un poète qui m'a beaucoup marquée pendant mes années universitaires : Arthur Rimbaud. Pendant mon adolescence, je l'ai plutôt fréquenté de loin. Il faut dire que son génie est aussi ébouriffant qu'il est souvent obscur au lecteur. Et puis, à l'université, j'ai eu la chance d'avoir un professeur de XIXème fantastique, de ses profs qui vous font vivre la littérature. Il déclamait régulièrement des poèmes avec une fougue et un emportement qui m'a définitivement fait comprendre que si l'on ne comprend pas toujours tout aux vers, ils sont avant tout une musique à l'oreille et à au cœur. Et cela saisi, j'ai eu un coup de foudre pour Arthur Rimbaud, poète par excellence des sensations et des folies de l'être.
Voici donc un de ces poèmes déclamés, extrait des merveilleuses Illuminations rimbaldiennes. Je serais infoutue d'en expliquer la moindre signification - bien que le professeur nous en ait sûrement donné quelques pistes - mais j'ai encore le souvenir vivace de l'instant magique où je l'ai entendu pour la première fois et où je me suis dit qu'il y avait là la quintessence de la vie et de la littérature (ce qui, n'est-ce pas, est un peu un pléonasme)
À une raison
Un coup de ton doigt sur le tambour décharge tous les sons et commence la nouvelle harmonie.Un pas de toi, c'est la levée des nouveaux hommes et leur en-marche.
Ta tête se détourne : le nouvel amour ! Ta tête se retourne, — le nouvel amour !
« Change nos lots, crible les fléaux, à commencer par le temps », te chantent ces enfants. « Élève n'importe où la substance de nos fortunes et de nos vœux», on t'en prie.
Arrivée de toujours, qui t'en iras partout.
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6 commentaires
J'ai toujours eu du mal avec Rimbaud car je ne comprends pas ce qu'il dit. Je l'approche grâce à des auteurs qui en parlent. Je me souviens particulièrement du livre "À mon seul désir" de Haenel pour qui Rimbaud a été une référence majeure. Et de fil en aiguille, je remonte à cette phrase dans ledit livre : "Vivre consiste à ne pas se détourner du foyer d'éblouissement : à ne pas se détourner de ce qui vous éblouit dans les Illuminations de Rimbaud (...) - à endurer poétiquement une telle lumière."
La façon dont tu parles de Rimbaud me touche beaucoup, elle montre pour moi à quel point on n'a pas toujours besoin de tout comprendre. L'essentiel est peut-être cette disponibilité qu'on laisse épanouir, cette écoute qui vient du coeur. :)
J'ai longtemps été comme toi, surtout avec Rimbaud et son opacité légendaire ! Et puis au final, se laisser emporter simplement par la magie des mots est un doux transport. Il faut parfois savoir déconnecter notre cerveau de lettreuses pour s'adonner à la musique et au ressenti. Du moins, à présent, c'est comme que je goûte aux Illuminations et c'est un vrai régal !
Rimbaud a eu des périodes absconses (et de delirium tremens^^) mais comme tu le dis si bien, la magie des sons, la tonalité font qu'on se moque de tout comprendre ! :) Ici je pense qu'il parle à la raison en lui disant qu'elle ne peut tout contrôler et surtout le Temps ! Peut-être, c'est la magie de la poésie que d'y mettre nos ressentis en surimpression... :)
C'est vrai que la lecture d'un texte est différent pour chaque lecteur et c'est ce qui l'enrichit. De toute façon, il n'y a pas de vrai ou faux dans un texte littéraire, c'est ça qui est bien. Tout le reste n'est que magie des sons, comme tu le dis si bien !
Tu as eu de la chance d'avoir eu un prof comme ça. Et en plus ce que j'aime c'est que tu dises " je ne comprends pas mais ça me plait" ça doit être ça la poésie, à chacun de réagir ou non.
Ils n'ont pas tous été comme ça malheureusement, mais ce prof de XIXeme était effectivement une perle rare ! Spéciale dédicace à M. Jérôme Thélot pour ne pas le citer ;)
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