L'Auberge de la Jamaïque de Daphné du Maurier
17/06/2014
L'Auberge de la Jamaïque de Daphné du Maurier, J'ai lu, 2012 [1936], 318p.
A la mort de sa mère, Mary Yellan rejoint comme promis la seule famille qu'il lui reste : sa tante Patience, qu'elle n'a pas vu depuis dix ans et son oncle inconnu à l'auberge de la Jamaïque. Elle sait qu'elle devra y gagner son gîte et son couvert en travaillant. Elle ne sait pas encore qu'elle pénètre dans un univers glacial, désolé, battu par le vent terrifiant des landes désertiques, où aucune voiture n'ose jamais s'arrêter. L'auberge de la Jamaïque n'a d'auberge que le nom. Les seuls qui s'y aventurent sont de sombres scélérats et tous s'enivrent avant de disparaître plusieurs jours. En outre, l'oncle de Mary, Joss Merlyn, est alcoolique et violent. Dès les premiers jours, Mary frissonne mais s'accroche pour cette tante qui n'est plus que l'ombre d'elle-même. Celle-ci l'avertit : des actes terribles sont perpétrés à La Jamaïque. Mieux vaut se boucher les oreilles, ne rien voir et se taire. Tout cela n'est pas du goût de Mary qui va tenter de découvrir quels sont ces odieux agissements.
Le départ m'a plutôt enthousiasmée et j'espérais trouver des cet univers aride une aventure un peu flippante et haletante. Les landes sont décidément le décor parfait pour cette ambiance ; on pense à tout ce qu'elles ont imprégné de romans gothiques ou policiers.
Quelle était la limite réelle de la lande, Mary n'eût pu le dire, sauf un jour cependant, où, se dirigeant vers l'ouest, elle avait aperçu, après avoir escaladé la plus haute falaise derrière la Jamaïque, le scintillement argenté de la mer. Mais c'était une région silencieuse, désolée, très vaste et inviolée par la main de l'homme ; sur les hautes falaises, les blocs de pierre, appuyés l'un contre l'autre, prenaient des formes étranges et avaient l'air de massives sentinelles qui montaient la faction depuis que la main de Dieu les avait façonnés. p. 47-48
Manque de pot, j'ai l'impression que ma lecture n'a jamais vraiment démarré. J'ai tourné les pages sans jamais être complètement dedans, attendant que quelque chose embraye et à chaque fois : rien. En toute franchise, cette attente s'est muée peu à peu en ennui profond et en agacement. J'ai trouvé la narration hyperbolique de bout en bout. A force de vouloir me vendre des faits extraordinaires et mortellement terrifiants, cela m'a au contraire totalement affadi l'ensemble. Et puis le personnage de Mary... Doit-on vraiment appeler courage ce qui n'est rien d'autre que la plus déconcertante stupidité ? Non seulement elle se met dans des situations ahurissantes à trop vouloir jouer les téméraires ; elle envenime même bien souvent la situation ; mais pour couronner le tout, comme la première petite poule un peu cruche venue, elle se pâme pour le beau gosse ténébreux et dangereux. J'ai envie de dire : Sérieusement ?!
En fait, si je devais résumer avec une partialité non dissimulée mon impression de lecture, je dirais qu'au lieu de lire un bon roman d'aventure qui décoiffe et dépayse - ce que j'appelle "un truc avec des couilles", non sans une certaine misogynie, il faut bien l'avouer - j'ai lu un roman d'aventure pour gonzesses où tout devient une montagne, où l'on s'effarouche de tout, où l'on s'émoustille d'un rien et où l'aveuglement est de mise (parce que sans rire, je défie quiconque de ne pas piger à une centaine de pages comment tout ça va se finir).
Non mais je sais, je suis gratuitement piquante et d'une incroyable mauvaise foi. Mais, je ne vais pas vous mentir, c'est vraiment avec ce sentiment que je ressors de ma lecture...
Merci à Manu de me l'avoir offert pour notre premier swap ensemble !
3eme participation au Mois Anglais de Lou, Titine et Cryssilda
LC Daphné du Maurier avec Fanny, FondantChocolat, Shelbylee, Soie, Titine, Karine, Lilas et Natiora
30 commentaires
Tu viens de résumer toutes mes impressions à la lecture de Rebecca, que j'avais attribuées à des attentes erronées de ma part : j'ai attendu tout au long du texte qu'il se passe quelque chose d'un peu palpitant, et rien n'est jamais venu. Ma co-lectrice de l'époque avait aussi trouvé la narratrice très cruche. Bref, ce roman que tu as lu me semble du même cru...
J'avoue avoir effectivement trouvé un côté cruche dans l'ambiance et le personnage de Mary... Hmm... Il faut croire que cette littérature n'est pas pour nous ! J'ai encore un titre de Daphné du Maurier dans ma PAL, je tenterai tout de même à nouveau quand le cœur m'en dira pour me faire une idée définitive.
Tu as raison Lili! C'est bien un roman de nanas. Je l'avais lu a treize ans et j'etais aussi fleur bleue que l'heroine. Je l'ai aussi relu et l'ai trouve bien mediocre. Je te conseille de lire Dragonwick c'est deja mieux et dans la meme veine.
Je note Missy ! Décidément, je ne suis pas la seule à avoir eu mal avec L'auberge de la Jamaïque ^^
Je vais te dire un truc : c'est exactement ce que je pense ! Niais à souhait...
Hihi, on a bien dégommé le titre pour cette LC dis donc... :D
Bon bon, ben le bouquin ne me tente pas des masses... Par contre, ton billet est excellent (et bien couillu !) :D
Ouais non, tu as clairement mieux à lire ! Merci pour mon billet :D
J'avais bien aimé : l'exagération est comique ! Peut-être le relirai-je car le souvenir est ancien !
C'est vrai qu'au départ, j'ai pu m'amuser de temps à autre de cette exagération. Le problème, c'est qu'elle n'est pas voulu, elle est complètement premier degré et elle n'en finit pas. Sur la durée, c'est donc l'ennui et l'exaspération qui l'ont emporté pour ma part...
J'ai trouvé que l'intrigue était cousue de fils blancs mais je me suis quand même régalée avec l'atmosphère rude des landes. Et je te trouve un peu dure avec Mary qui m'a beaucoup fait penser à Jane Eyre par son côté indépendant et téméraire.
Si j'y réfléchis, je crois que j'avais tout de même trouvé Jane Eyre plus crédible pour ma part. Cela dit, le roman ne m'avait pas transcendée... Je dois avoir un problème avec ce genre de romans ;)
Ton billet m'a fait bien rire ! J'ai aussi trouvé qu'on attendait beaucoup pour pas grand chose. Par contre, contrairement à Mina, je trouve que Mary est l'opposé de l'héroïne de Rebecca. Celle-ci nous est présentée comme hésitante et facilement manipulable et c'est très bien fait, alors que le gros problème selon moi pour L'auberge c'est qu'on nous présente Mary comme forte alors que justement, elle ne cesse de faire des erreurs grossières de jugement.
Héhé tant mieux si je t'ai fait rire !
Je note tes nuances quant à Rebecca ! Je réessayerai un jour Daphné du Maurier pour ne pas rester sur une mauvaise image.
Oh c'est dommage, je l'ai lu il y a quelques années et j'avais beaucoup aimé l'univers.
Il n'a malheureusement pas pris avec moi.
Je l'avais noté il y a longtemps mais maintenant je ne suis plus sûre de vouloir le lire...
Il faut avouer que le titre en a pris pour son grade avec les différentes lectures mitigées qu'il a occasionné :/
Pas mon préféré de loin mais, les paysages arfffffffff les paysages quand même!!! ^^
Je reconnais que les landes sont inspirantes !
Bon je me marre (par contre désolée mais décidément, je ne t'ai pas offert les bons livres :-/ ) mais au moins qu'est-ce que j'ai ri en te lisant :-D
Tu plaisantes, tu m'as fait découvrir plein de chouettes titres ! Je suis contente de t'avoir fait rire, par ailleurs ^^
Bonjour Lili ! Et ben super ton billet, j'adore le "roman d'aventures pour gonzesses" ! J'avais bien aimé Rebecca, mais alors là celui-là ne me tente pas du tout.
Merci Séverine ! Je crois que tu peux tout de suite envisager un autre titre, en effet !
Dans ma prime jeunesse j'avais adoré Rebecca et L'auberge de la jamaïque et les copines aussi! Il faut croire qu'à notre époque on aimait les trucs un peu "cruches"?
Hitchcock a aimé aussi puisqu'il a adapté les deux romans : l'un Rebecca avec génie, l'autre L'auberge, d'une manière nettement moins réussie!
Comme je le disais dans mon billet, je fais preuve de la plus grande partialité dans mon avis. C'est mon pur sentiment de lecture qui n'a certes aucune valeur d'autorité. Loin de moi l'idée de penser que toi, tes copines ou Hitchcock étiez "cruches" :p D'ailleurs en parlant de ce cinéaste, je suis parfaitement inculte concernant son œuvre ! Je me pencherai sur ses adaptations de Daphné du Maurier, je serai peut-être plus séduite !
Oui dans Rebecca, Hitchcock, a su mettre en valeur l'ambiguïté des personnages en particulier de madame de Winter, la gouvernante, dont il fait un personnage trouble, inquiétant en jouant sur l'image, les jeux de lumière. C'est très réussi! Joan Fontain est tout à fait nunuche dans le rôle de la jeune femme (sans nom) mais c'est bien ce qu'est le personnage : dans le livre comme dans le film j'aime bien le traitement de la différence sociale, c'est un thème intéressant. C'est pourquoi je te trouve un peu dure dans ton appréciation du roman qui sait explorer le sentiment de dévalorisation lié à une condition sociale où il faut subir le mépris ou l'indifférence de personnes qui ne brillent ni par leur intelligence, ni par leur valeur humain mais par leur argent... et puis il y a toutes les zones d'ombre des personnages , exploration un peu fade chez du Maurier mais sublimée chez Hitchcock! Quant au côté Cendrillon du roman, oui, c'est peut-être cucu mais on trouvait ça romantique et j'assume! Par contre le film de l'auberge est très décevant; Hitchcock n'était pas au mieux de sa forme!
Ah mais je ne connais absolument pas "Rebecca", ni le film ni le roman, je n'irai donc pas émettre une appréciation dessus. D'après de nombreux avis, "Rebecca" a été beaucoup apprécié que "L'auberge de la Jamaïque", je le tenterai sans doute plus tard du coup, pour ne pas rester sur une mauvaise impression de l'auteure. Pour ce qui est de "L'auberge de la Jamaïque", j'avoue ne pas avoir véritablement perçu de problématique sociale. S'il y a bien un certain mépris de la part du magistrat, ça ne me semble pas être le cœur de l'histoire.
"Un roman d'aventure pour gonzesses" :D *se roule par terre tellement elle rigole*
Je n'ai lu que "Rebecca" et cela m'a vaccinée à vie. L'héroïne m'avait également paru très cruche et le suspense mal construit (la nana qui a peur de son ombre et se fait des films très peu pour moi... dit celle qui sursaute quand un téléphone sonne ;D) En ce qui concerne "Rebecca", je pense que du Maurier tenait un bon sujet mais qu'elle l'a mal mis en scène (étant donné le succès du livre, je sais que je suis minoritaire mais cela ne m'empêche pas de camper sur mes positions. J'ai lu le livre il y a un bail et en y repensant, la première chose qui me vient à l'esprit est : "qu'est-ce que je me suis em****** !")
Bon ben voilà, Flo, comme quoi, toute lecture est subjective et on a bien le droit de dire qu'on s'est ennuyé à mourir quand c'est le cas, succès ou pas succès, talent ou pas talent de l'auteur.
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