Le Horla de Guy de Maupassant
02/12/2014
Le Horla de Guy de Maupassant, 1887
Lecture numérique
Au fil de quelques mois, au fil d'un journal, nous suivons la lente descente aux enfers d'un narrateur anonyme qui se croit épié et dominé par un être invisible. Tandis que les saisons défilent et offrent leurs beautés particulières, notre homme ne peut s'empêcher de s'enliser dans la folie - ou est-ce plutôt la plus cinglante lucidité ? Car tel est le maillon nécessaire du Horla : l'hésitation perpétuelle. Nous ne saurons jamais si le narrateur est un franc malade, pétri d'hallucinations, ou si ses sens sont si aiguisés qu'il est capable de sentir une présence invisible mais parfaitement réelle.
Est-il besoin de revenir sur les ressors canoniques du fantastique que Le Horla incarne par excellence ? J'aime décidément cette atmosphère entre chien et loup, où toutes les explications se défendent, où c'est précisément le but, et où l'on referme le livre en orchestrant mentalement un débat entre celles-ci (où l'on devient donc aussi un peu fou). Bien sûr, on finit toujours par pencher pour une option plus qu'une autre. Le Horla n'y fait pas exception, d'autant qu'il est impossible de ne pas songer à la propre folie de Maupassant en le lisant (mais était-il vraiment fou lui-même ? Telle est la question.). Le Horla apparaît comme la parfaite allégorie de la folie qui exerce progressivement une emprise majeure, une terreur viscérale et indiscutable sur celui qui sombre. Le fou est victime, esclave, de ce qu'il ne peut ni expliquer ni montrer mais qui existe pour lui, sans l'ombre d'un doute.
Je n'ai pu m'empêcher de penser, en lisant cette bien agréable nouvelle, au tableau de Füssli intitulé Le Cauchemar. Il retranscrit à merveille le propos du Horla : Un être imaginaire, qui se dérobe aux yeux de tous et ne semble se montrer que lorsqu'on sommeille, que l'on sait pourtant hideux et dangereux, et qui, enfin, asservit l'homme - ou la femme - en oppressant sa poitrine, en l'écrasant et le dominant. Tout un programme !
10ème lecture
10 commentaires
Je n'ai pas encore lu ce livre, mais le tableau semble vraiment bien correspondre à cette ambiance psychologique un peu trouble que tu décris. Très bon choix, cela donne envie d'en savoir plus :)
Oui, au fur et à mesure que j'avançais dans la nouvelle, le tableau de Füssli m'est apparu comme sa mise en image parfaite. Peut-être Maupassant s'en est-il inspiré, qui sait ? :)
J'aime bien cette lecture toute en nuances et les interrogations qu'elle soulève, sans donner au lecteur de quoi véritablement trancher... Je note ce titre ! Et le tableau, brrrr, si je fais un cauchemar cette nuit, je t'en tiendrai rigueur :D
Non non, il faudra en tenir rigueur à Füssli, qui sait si admirablement mettre en image les terreurs nocturnes ^^
Le Horla, un de mes récits préférés ! Celui qui m'a amené à aimer Maupassant et à lire notamment ces contes fantastiques. Le tableau est très bien choisi^^
Je n'ai pas encore lu d'autres contes fantastiques de Maupassant mais ça m'en donne clairement envie !
On me l'a fait lire tellement de fois au collège puis au lycée que j'ai fini par en faire une overdose à l'époque. J'aimerais bien le relire tout de même et voir quel point de vue j'en aurais maintenant, presque 20 ans après. Il faudrait que je lise ses autres contes aussi. Et je rejoins les précédents commentaires, le tableau est particulièrement bien choisi :-)
C'est ce que tout le monde me dit en général : Maupassant est un incontournable du collège ! Je fais partie des rares qui sont passés entre les mailles du filet ^^
Un très beau texte, Maupassant est dans mes classiques favoris, une adaptation BD du Horla par Guillaume Sorel existe, de fort bonne qualité
Je ne savais pas pour la BD ! Merci pour l'info : je vais aller voir ça tout de suite !
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