Code 1879 de Dan Waddell
04/06/2015
Code 1879 de Dan Waddell, Babel noir, 2012, 362p.
Il faut vous dire que je suis dans une période Ripper Street en ce moment (enfin, je suis plutôt dans une période "quand est-ce qu'on a les nouveaux épisodes de la troisième saison, bordeeeeeel" maintenant). Du coup, j'ai attaqué le roman ci-dessus avec la ferme certitude d'attaquer un polar fin dix-neuvième, en pleine période victorienne. La faute au titre, of course. Sauf que pas du tout - ou presque pas. C'est pourtant clairement dit dans la quatrième de couverture, hein. Ça m'apprendra à partir bille en tête sans me poser deux secondes des questions.
Bref, donc je commence le bouquin et il se trouve que l'enquête se passe dans un Londres tout ce qu'il y a de plus contemporain. On est complètement dans les années 2010, Grant Foster est complètement le cliché du flic haut gradé renfrogné, jamais satisfait et fat (et qui picole trop) à qui on a envie de déboulonner la tronche. Il est appelé aux aurores un beau week-end sur un meurtre énigmatique à base de mains amputées et de code gratouillé sur la poitrine. Il est entourée de la complètement contemporaine (aussi), sympathique et pétillante Heather Jenkins, et de deux/trois autres flics moins gradés mais tout aussi clichés. Jusque là, je ne donne pas trop envie ? C'est normal, je viens de vous résumer mon sentiment de lecture brut de pomme des trente premières pages. Franchement, on ne peut pas dire que j'étais emballée tant tout cela n'avait rien d'original.
Et puis, rentre en scène Nigel Barnes, personnage pour le coup tout à fait anachronique. On ne va pas se mentir : il y a bien quelque chose de cliché chez lui aussi dans le genre rat de bibliothèques et d'archives, tout poussiéreux et plein de tweed. En plus, il fume des roulées. Ok, on est en plein dedans aussi, en fait. Mais d'une manière subjective, j'ai plus d'indulgence pour ce genre de cliché (tout parallèle avec le fait que je suis moi-même un rat de bibliothèque, que je suis fréquemment poussiéreuse, bordélique et que je fume des roulées est évidemment fortuite. ÉVIDEMMENT). Nigel Barnes se situe entre maintenant et fort fort longtemps, est souvent dépassé par pas mal de choses (à commencer par sa vaisselle dans l'évier) mais surtout naturel et très premier degré dans l'abord de chaque rencontre et recherche ; du coup, c'est un cliché certes mais attachant et c'est toujours ça de pris.
Le sel vient de la rencontre entre ces milieux : la police/la généalogie et ces personnages : Foster/Jenkins et Barnes, que rien ne laissait associer a priori et qui forment une cuisine somme toute savoureuse. L'enquête s'offre de prime abord plutôt épineuse avec des assassinats qui n'ont ni queue ni tête ni point commun et des codes qui annoncent des heures de recherche. Ça ne crève pas le plafond mais ça se lit vraiment avec plaisir et j'ai aimé, véritablement, la plongée dans le passé de l'affaire. J'aime l'idée que déchiffrer l'Histoire permet d'appréhender le présent de manière constructive : encore une fois, une idée qui n'a rien de neuf mais qui a le mérite de s'appliquer, pour une fois, à l'univers du polar - univers qui se plait plus souvent à jouer des révolutions technologiques et des nouveautés de la science que des confins des temps obscurs. C'est sans doute la seule grande originalité de cette enquête mais elle a été suffisante pour me faire passer un bon moment (et me faire oublier que Foster est un con. Faut dire que bon, à force du bouquin, on se radoucit à son endroit par la force des choses. Je ne vous en dis pas plus !). J'ai noté le deuxième titre de Dan Waddell dans un coin de mon citron. Je ne pense pas l'acheter cette fois-ci mais une location en bibliothèque en vue de quelques jours sur le transat serait une excellente idée !
Le mois anglais 2015 chez Lou, Titine et Cryssilda
2ème lecture
LC autour des polars anglais
12 commentaires
J'adore ton billet ! Moi aussi je suis débordée par la vaisselle dans mon évier : dis-moi que je te plais aussi. ;-) Plus sérieusement j'ai offert ce livre à môman, je peux donc le lui emprunter ! J sais que ça lui a plu, héhé.
Vaisselle ou pas, tu sais bien que tu me plais, Anne ♥ :D
Ca m'intéresse, rien que pour ce personnage de Nigel Barnes ! :-)
Tu as raison, c'est le personnage le plus intéressant !
Elle est belle cette couverture! Dommage que cela ne se passe pas dans le temps. Bon, moi je ne pense pas pour l'instant me laisser tenter, j'ai encore du mal avec les polars mais je vais venir lire toutes tes chroniques pour le mois anglais. Bisous
Je reconnais que la couverture est très attractive ! J'espère que mes autres chroniques te plairont, Missy, et que j'aurai également l'occasion de te lire souvent pendant ce mois anglais !
J'avais beaucoup apprécié cette lecture et tu as raison tout l'intérêt du roman vient de la confrontation de deux milieux totalement différents. J'avais trouvé l'utilisation de la généalogie particulièrement originale.
Nous sommes parfaitement du même avis, Titine (PS : j'ai eu droit à ton commentaire en 6 ou 7 exemplaires ^^ Je crois que ceux que tu m'as laissé hier ont fonctionné finalement, avec un peu de délai !)
J'avais aimé les deux opus et effectivement, la présence de la généalogie est atypique ! Je crois qu'il y a un troisième opus mais je ne m'en rappelle plus très bien... Ps : rien à voir avec le billet, avec quelle touche fais-tu le coeur ?
Oui, j'ai vu qu'un troisième titre est sorti il y a quelques mois mais en grand format uniquement pour l'instant ! Pour le coeur, je triche : je le c/c ^^
Argh, la vaisselle du thé est dans l'évier, celle du p'tit déj sur l'égouttoir...
Quant au roman, je signerais bien pour la suite, j'aime ces histoires de généalogie (et à une époque j'ai fouiné dans les vieux registres de petites mairies, avant l'informatique!)
Je viens justement de vider mon lave-vaisselle : invention bénie des dieux ! (à égalité avec la machine à laver)
Je n'ai jamais écumé les mairies ou internet pour connaître ma généalogie mais j'ai le plaisir de connaître jusque loin celle de la famille de mon conjoint et c'est véritablement passionnant ! Je me pencherai peut-être sur la mienne un jour !
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