Rendez-vous poétique avec Henri Michaux et Jaume Plensa
04/02/2019
Pour ce premier rendez-vous poétique de l'année, j'avais une idée très précise du texte que je voulais publier. Il m'accompagne en pensée depuis plusieurs semaines et fut récemment une de mes séances de cours les plus épiphaniques (et, sur la poésie, c'est suffisamment rare pour être noté). Mais, finalement, il va attendre encore un peu - il n'est plus à ça près.
Au lieu de ça, je suis retombée, à l'occasion d'un autre cours (pardon, décidément) sur ce poème de Henri Michaux extrait de Lointain intérieur (1938) et il me semble plein de sens pour guider cette nouvelle année poétique. Il convoque tous ces poèmes qui m'accompagnent en pensée, pas seulement celui que vous aurez sans doute le mois prochain ou celui d'après, et, plus largement, ce flot incessant, intense et informulé qui constitue ma respiration de l'âme. Michaux a le don de les rendre d'une densité folle. C'est doux, c'est bon.
Pensées
Penser, vivre, mer peu distincte ;
Moi — ça — tremble,
Infini incessamment qui tressaille.Ombres de mondes infimes,
ombres d’ombres,
cendres d’ailes.Pensées à la nage merveilleuse,
qui glissez en nous, entre nous, loin de nous,
loin de nous éclairer, loin de rien pénétrer ;étrangères en nos maisons,
toujours à colporter,
poussières pour nous distraire et nous éparpiller la vie.
Jaume Plensa donne corps à la pensée. Les mots deviennent matière à sculpter le silence, le fondement même de l'être, la terre fertile de la création. Il concrétise, en somme, la métaphore poétique par excellence. Tout part des mots. Le souffle, le rythme, le battement des syllabes, la circulation de la lumière - et dans les espaces libres, l'épanouissement du non-dit.
Jaume Plensa, Ermite IV, 2011
Jaume Plensa, Invisibles, 2018 (dans le Palais de Cristal du Musée Reina Sofia à Madrid jusqu'au 3 mars 2019)
Par ici, le billet de Marilyne sur Charlet Juliet et Claude Monet ♥
4 commentaires
Ah, Henri Michaux, beau choix et poème puissant, vibrant. Je découvre l'artiste Jaume Plensa, j'avoue qu'au premier regard, j'y suis peu sensible, je vais aller voir. ( les grands esprits, j'ai envisagé un sculpteur qui me touche beaucoup pour accompagner Ch.Juliet, et puis finalement, je l'ai gardé pour moi ;)).
Ah ben tu me titilles maintenant : Je veux savoir qui est ce sculpteur !
Avec Michaux, j'étais sûre de ne pas me tromper. J'ai découvert ce poète sur le tard mais qu'est-ce que je l'aime !
Quel mouvement démultiplié dans ce poème !
Oui, n'est-ce pas ?! Une ode merveilleuse aux pensées voyageuses
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