Ali si on veut de Ben Arès et Antoine Wauters
01/04/2019
Je ne suis pas sans savoir qu'une journée sera consacrée à Antoine Wauters en cet auguste nouveau mois belge - le 9, pour les curieux de ce rendez-vous qui promet - mais j'ai tout de même décidé de prendre un peu d'avance et d'ouvrir le bal avec lui - entre autres - aujourd'hui.
Ali si on veut, paru en 2010 chez Cheyne, est coécrit avec Ben Arès - également poète et également belge (hop, coup double) - et force est de constater que ça passe tout seul. La cohérence stylistique est impeccable et préserve en même temps la patte poétique des deux auteurs. Sacré tour de force. Bravo, messieurs.
Ne sait plus qui, ni quoi, ne scrute, ne cherche plus. De babil à babil, en toute cécité. Sans propriétés fixes, Ali, sans valeurs de soi fichées en terre, figées en dur mais les cycles; les mouvances en son sein, qui affleurent, les fondations de l'obscur, du poème.
Où l'on plonge dans un récit d'apprentissage - parti pris si audacieux en poésie que je me demande si je n'ai pas fumé la moquette. Toi, lecteur d'Ali si on veut, si tu passes par là : donne m'en ton avis. On suit ce jeune garçon, Ali donc, dans une région qui pourrait être chaude, territoire à part : jardin d'Eden, luxuriance originelle du fleurissement de l'être où grouillent mouches, fourmis et poissons (d'avril) ; on évolue avec lui dans la découverte et l'apprentissage des sens et de la sensualité, des éléments et de la femme ; et, doucement, il passe de l'enfance à la chair.
Le texte est incroyablement concis. En bonne gourmande, j'aurais sans doute aimé en lire plus - et pourtant j'aime d'ordinaire la forme courte, surtout lorsqu'elle est poétique. L'extrême brièveté - cinquante-sept pages - rend l'ensemble un poil trop nébuleux. Entendons-nous bien, je chipote ici car c'est, en tant que tel, un texte poétique d'une grande richesse et d'un intérêt plus que certain. Il est néanmoins jeune dans la production poétique de Wauters et c'est assez sensible. Il y aura, dans Césarine de nuit ou Sylvia, une direction beaucoup plus aboutie qui peine encore ici à se trouver - associée, sans doute, à la difficulté de l'écriture à quatre mains. Du bon, donc - je n'ai décidément jamais été déçue par Wauters dans ce genre-là - mais pas le meilleur texte poétique de sa production. Je me garderais bien d'en dire quoique ce soit au regard de l'oeuvre de Ben Arès, n'en étant pas grande connaisseuse (mais j'espère bien remédier à cela - ça m'a donné le goût d'en lire plus).
Sur ce, j'attends vos billets du 9 avril pour m'inciter enfin à découvrir la production romanesque de Wauters. Il serait plus que temps que je m'y frotte !
À la recherche de tout ce lait perdu, le ventre battu par les sentiers, au cuir la terre brûlée, aux lézards, makis entre les lunes, à celle qui porte, se décarcasse, aux progénitures dévouée, secrets qu’on n’ébruite pas, à l’aplomb, fêlures gardées, Ali si on veut.
*
Sensible aux pouls, aux chocs, ressorts des salives. Et ses mains, ses longs doigts fouisseurs, et sa chemise à pans pour taillader la terre, pleurer des pourpres et de petites lamelles de chaux. Et ses yeux, des insectes, deux jeunes taons de voltige, deux mouches pour perdre pied.
Le rendez-vous poétique de Marilyne
14 commentaires
Un jour je lirai Wauters, mais sans me préoccuper de la date du mois belge;
Peu importe les dates, l'essentiel est de lire Wauters !
Tu sais, j'ai failli choisir " Sylvia " pour aujourd'hui, ce recueil me tente depuis une éternité... Comme toi, je n'ai toujours pas lu Wauters en tant que romancier, je crois que ce ne sera pas pour ce mois-ci ( ce rendez-vous du 9 sera en effet parfait pour nous :))
"Sylvia" est un texte d'une incroyable beauté et d'une impressionnante maîtrise. J'espère qu'il te plaira autant que moi lorsque tu le liras !
En effet, je m'attends à beaucoup de des récents textes romanesques de Wauters pour la journée du 9 alors je verrai si cela me convainc de le tester à cet exercice ! J'avoue que, jusqu'ici, tout ce que j'ai feuilleté dans ce genre littéraire-là m'est tombé des mains hmm...
J'ai "Sylvia" mais je ne suis pas sûre d'avoir le temps, j'ai bien d'autres envies ;-)
Oh ? Une prochaine fois alors ! Pour ce que ça vaut, "Sylvia" est sublime et se lit tout seul ;)
Je me suis fait avoir ? J'y ai cru à fond et Ben Arès est en fait un citoyen oublié d'une ville indienne ? ;-)
Oui bon, j'ai foiré le rendez-vous du 1er avril, il faut en convenir. J'essayerai d'être un peu moins nulle l'an prochain ;)
Je tenterai bien celui-ci. J'ai beaucoup aimé "Nos mères" de Wauters et abandonné le dernier. Je ne suis pas du tout entrée dedans. La poésie me fera peut-être pencher du bon côté.
J'ai feuilleté l'un de ses derniers et il m'est tombé des mains également. Je trouve l'écriture extrêmement rebutante alors que j'adore Wauters comme poète... Il faudrait peut-être que je réessaye avec "Nos mères" !
J'ai un peu de mal à me plonger dans l'écriture poétique, il faudrait à l'occasion que je m'y penche... Je ne connaissais pas du tout cet auteur. Merci pour cette découverte littéraire belge.
Antoine Wauters est, pour moi, un des plus grands poètes contemporains. Si tu veux essayer la poésie, il est un excellent moyen de mettre le pied à l'étrier si tu veux taper tout de suite dans une valeur sûre !
Oublié de te demander où en es-tu dans ta lecture du serpent de l'Essex? Pour ma part, j'ai presque terminé le roman. Je pense poster mon billet prochainement dans la semaine si j'ai suffisamment de courage. J'ai hâte de lire ton avis! Bises
Je l'ai terminé depuis quelques jours mais je n'ai pas encore rédigé mon billet. Quoiqu'il en soit, je ne le publierai qu'en juin pour le mois anglais, je pense.
Hâte de lire ton avis ! J'espère que le livre te plait toujours autant.
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