Le Turquetto de Metin Arditi
09/03/2020
Un tableau, L'homme au gant du Titien, et c'est le point de départ de tout.
A partir de l'anomalie chromatique de la signature, Metin Arditi fantasme un peintre de la Renaissance, effacé de l'histoire de l'art parce que juif, nommé Elie Soriano puis Ilias Troyanos, dit Le Turquetto.
Le roman saisit cette personnalité peu sympathique mais déterminée et étourdissante de génie à trois moments clés de son existence : son enfance à Constantinople avec un père et une nourrice marchands d'esclaves, une des rares professions autorisées aux juifs, et un désir déjà violent de braver cette religion dont il se fiche pour s'adonner à l'art pictural ; à Venise où il s'enfuit et apprend cet art sublime, devenu adulte, en équilibrant à la perfection le dessin et la couleur ; et, de retour à Constantinople enfin, où il devra se réconcilier avec son passé.
J'aime ce point de départ car j'ai souvent rêvé moi-même toute une histoire face à des oeuvres grandioses. J'aime que Metin Arditi en ait brossé une époque par la même occasion et ait interrogé conjointement, parce qu'indissociables à ce moment-là, la question de la religion, ou devrais-je dire des religions, et celle de la création artistique. Ça se lit très facilement et si aucun passage ne m'a vraiment marquée en terme de style, j'ai par contre été extrêmement sensible aux scènes relatives au procès du Turquetto. C'est là qu'on se rappelle que les religions, toutes dans le même panier au passage, ont quand même le potentiel de foutre un beau merdier. Même si l'un des plus beaux personnages est un haut dignitaire religieux, on voit précisément comme il n'est d'aucun pouvoir face à l'inepte machine dogmatique et finit broyé comme n'importe qui.
Et sinon, je viens de dénicher un reportage sur L'homme au gant. Inutile de dire que j'ai envie d'en savoir plus, maintenant !
12 commentaires
J'ai gardé un très bon souvenir de ce roman. Pourtant, je n'ai pas relu l'auteur depuis...
Je dois avouer que même si ce fut une lecture agréable et intéressante, je n'ai pas forcément l'envie de relire l'auteur dans l'immédiat. Un de ses titres auraient pu me tenter, La confrérie des moines volants, mais j'en avais lu de très mauvaises chroniques alors ça m'a refroidie...
Toujours pas lu ( celui ci aussi noté depuis 1000 ans ), même pas un autre titre de l'auteur. Pourtant, Prince d'orchestre " me tentait bien aussi.
Ah, Prince d'orchestre me dit quelque chose, tiens... Il faudrait que j'aille voir de quoi il retourne. En attendant, la prochaine fois qu'on se voit, je te prête Le Turquetto si tu veux !
Un roman que j'ai beaucoup offert !
Tu l'as donc beaucoup aimé !
Tiens, je suis aussi du genre à m'inventer des histoires sur les tableaux... du coup, pourquoi pas.
Je n'aurais pas forcément choisi L'homme au gant du Titien pour écrire tout un roman mais Metin Arditi en a fait un livre plutôt réussi :)
J'adore ce type d'histoire autour d'un tableau. Il me semble l'avoir déjà noté...
Tu connais d'autres romans écrits à partir de la même idée ? Ça m'intéresse !
A partir d'un tableau, il y a Les heures silencieuses, le premier roman de Gaëlle Josse. Un tableau flambant, une femme de dos qui écrit. Gaëlle Josse nous fait lire ce qu'ecrit cette femme, un beau roman au féminin.
J'ai lu ce roman-là lors de mon escapade à Amsterdam. C'était parfait !
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