Accabadora de Michela Murgia
13/05/2013
Accabadora de Michela Murgia, ed. Seuil, 2011 (édité en poche chez Point en 2012), 212p.
Dans la Sardaigne des années 50 où subsiste superstitions et traditions, Maria est cédée par sa mère à l'énigmatique Bonaria Urria. Elle devient alors fill'e anima, une fille d'âme "doublement engendr[ée] de la pauvreté d'une femme et de la stérilité d'une autre", comme nous le dit joliment l'auteur. Elle grandit en apprenant à être la seule là où elle n'était rien jadis, joue avec le jeune Andria lors des vendeanges estivales et met le voile sur les absences nocturnes de Tzia Bonaria. Pourtant, quelques années plus tard, le frère aîné d'Andria décède la nuit de la Toussaint. L'adolescent était alors caché et identifie dans un éclair de lune la Tzia Bonaria en train d'étouffer Nicola. Tout d'abord incrédule puis profondément choqué, il en informe Maria. Et de fait, elle découvre que Bonaria Urria est l'accabadora, la dernière mère. Celle qui porte les vivants en agonie vers le dernier souffle. La confiance de Maria s'effondre alors et elle décide de partir...
Ce livre là m'attirait depuis sa sortie littéraire en 2011 par sa couverture à la fois douce et mystérieuse, sans trop savoir pourtant de quoi il retournait (encore un ouvrage abondammant chroniqué sur les blogs dont j'avais zappé les chroniques...). Je l'ai déniché par hasard à la bibliothèque, sentant que c'était le bon moment de le découvrir.
Et ce fut une très belle lecture ! J'ai immédiatement été charmée par le style de Michela Murgia qui déploie une délicate poésie sans faire preuve d'artifice ni d'inutiles fioritures - j'ai pris au contraire plaisir à suivre cette langue simple et inspirée qui s'offre à au lecteur comme un conte. La relation entre Maria et sa seconde mère sans âge, habillée d'amples jupes noires, est l'occasion de plonger dans un petit village de Sardaigne hors du temps où tout se dit et se sait, et où la tradition de l'accabadora résiste comme celle d'humer l'air pour lancer le début des vendeanges. Je ne connaissais rien de cet étrange rôle qu'endossait certaines femmes pour soulager des souffrants en fin de vie et ai éprouvé un sentiment de sympathie pour le personnage intègre de Tzia Bonaria.
Je vous recommande chaudement la lecture ce conte au sujet certes difficile mais au style envoûtant et plein de talent. Auteur à suivre, sans aucun doute !
Ce livre participe au challenge "A tous prix" chez Laure
Prix Campiello 2010
15 commentaires
Ce livre a été une surprise délicieuse, je l'ai beaucoup aimé ! Comme tu dis, auteure à suivre ! :)
Je crois qu'elle a publié un nouveau livre récemment, à voir !
Pour te dire à quel point ce livre me tente, je l'ai vu partout et j'ai toujours cru qu'il s'appelait Abracadabra...Je passe mon tour ;-)
Aha ! Ouais, il n'a pas l'air pour toi :D
Il est déjà note sur mon carnet :)
Une belle chronique qui donne bien envie de s'y plonger :)
Merci pour ta particiaption bisous Lili :D
Je suis contente qu'elle te donne envie, en plus des autres ^^
Bisouxx Laure¨¨*
Une Comète l'a beaucoup aimé et toi aussi. Ce livre a un vrai succès d'estime dans la blogo. Je vais le lire mais quand ?
Oh ben, quand ce sera le moment! Rien ne presse! Mais oui, je ne peux que te le conseiller quoiqu'il en soit car c'est un livre très agréable, à l'atmosphère particulière :)
Comme Shelbylee. Pas du tout mon genre d'univers.
Il ne faut pas se forcer alors ;)
Salut Lili! Ce livre a l'air bien! J'aime les histoires un peu étranges. ça fait un moment que je lis des avis enthousiastes sur la blogosphère, peut-être me laisserais-je un jour tenter. En attendant, j'ai fait une entorse à la règle, je viens de dévorer Washington Square d'Henry James et j'ai enchaîné avec Les Bouquanièrees d'Edith Warthon (super! je l'ai commencé ce matin et j'en décroche plus!).
Voilà j'espère revenir sur mon blog et sur les autres blogs cette semaine, ça me manque trop. Bisous
Salut Missy ! Disons que l'histoire n'a rien de surnaturel mais elle transporte dans un temps et une manière de vivre et penser qui plonge dans une sorte d'étrangeté ! J'aime ces univers pittoresque, un peu archaïque, ancré dans la tradition.
Ahh, toi aussi tu plonges dans Wharton alors ! Tu as fini Games of Thrones ? Et tes partiels, ils sont finis aussi ?
Gros bisouxx¨¨**
Je l'ai mais je ne l'ai pas encore lu. Je crois que grâce à toi il va remonter d'un cran.
Je pense en effet qu'il te plairait beaucoup : il raconte de beaux destins de femmes :)
J'ai été charmée et conquise par ce livre !
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