La triste fin du petit Enfant Huître et autres histoires de Tim Burton
08/05/2014
La triste fin du petit enfant Huître et autres histoires de Tim Burton, édition bilingue avec une traduction de René Belletto, 10/18, 2012, 123p.
Ce recueil de Tim Burton est à l'image de son cinéma : un ovni ! Tous les textes poétiques qui le composent - ou historiettes rimées - cela dit, n'est-ce pas la même chose ? sont à la fois tendres et macabres. Il s'agit à chaque fois de petits personnages maladroits, à l'existence affublée d'une tare plutôt pathétique. A cause de cela, ils doivent évoluer dans une vie qui n'est pas tellement faite pour eux, grâce à la magie de leur esprit étrange et malgré la cruauté des autres. Exactement comme dans Edward aux mains d'argent ou Beetlejuice, il n'y a jamais de frontière claire entre le rêve et le cauchemar. C'est toujours un peu des deux, comme en enfance.
J'ai beaucoup aimé ce petit voyage poétique sans façons, très doux et plutôt juste. Burton capte à merveille l'essence des esprits solitaires, en marge d'une société normée à travers ses personnages difformes et hallucinés. C'est souvent le différent qui apparait finalement le plus humain. Les dessins, également de Burton, participent à la création de cet univers entre le poème et le conte. J'admire vraiment les artistes qui parviennent à évoquer tout un monde avec quatre vers ou trois traits de croquis. On peut ensuite disserter sur le fait d'être touché ou non par cette simplicité très enfantine - et très sombre, mais le fait est que ce seul monde créé en peu d'éléments est un rare talent.
Il faut par contre dire un mot de la traduction, ou plutôt deux : remarquablement mauvaise. J'ai rarement vu un tel travail de sape. Qu'on ne se méprenne pas, je reconnais la difficulté du travail de traducteur en général et a fortiori quand il s'agit de poésie. Il n'est évidemment pas possible de rendre compte à la fois des rimes, des jeux de sonorités intra-vers, de l'exact vocabulaire, du nombre de syllabes etc. Traduire de la poésie, c'est évidemment devoir faire des choix et souvent recomposer pour garder à la fois l'essentiel du texte et son esprit. Sauf que dans le cas présent, c'est totalement loupé. René Belletto a pris le parti de tenir mordicus aux rimes au point de réécrire souvent une sacrée partie du texte d'origine. Du coup, il n'y a plus aucun rythme dans son texte traduit, les rimes qu'il invente en s'inspirant du texte d'origine sont mauvaises et le tout donne un texte dégueulasse (excusez l'adjectif mais appelons un chat un chat). Fort heureusement, le texte original est suffisamment simple pour être compris aisément, même par quelqu'un comme moi qui n'est pas lecteur en anglais chevronné. A lire exclusivement en VO donc.
Merci beaucoup à Manu qui m'a offert ce recueil lors de notre Rock'n'Swap !
Challenge Le mélange des genres chez Miss Léo
1ere participation catégorie poésie
7 commentaires
Ah je suis ravie que ce petit livre t'ait plu. Il est aussi dans ma PAL. Finalement, c'est bien de mettre la VO et la VF en face à face. J'espère ne pas être trop déroutée par la poésie ;-)
Rassure-toi, ça se lit avant tout comme des contes ! Je pense que ça te plaira bien ! Merci à toi pour ce cadeau, je n'aurai sans doute jamais découvert ce livre sans toi :)
J'en garde un bon souvenir car j'aime bien l'univers des dessins d'animation de Burton (plus que ses films). il me semblait bien que la traduction me paraissait fort éloignée !
J'aime beaucoup l'univers de Burton également. Je ne crois pas avoir vu beaucoup de ses films d'animation par contre mais pour le peu que j'en connais, c'est vrai que ce recueil est dans la même lignée !
Mon commentaire n'est pas passé ou il est en attente?
Il n'est pas passé! je disais que l'univers de Burton en littérature devait effectivement être très étonnant! Il est très difficile de traduire de la poésie, il faudrait être poète soi-même. Nerval traduisant Goethe, l'idéal!
Oui, j'ai souvent remarqué que les traducteurs de poésie sont poètes eux-mêmes et sans doute que ça permet d'être mieux réceptif à la subtilité du style, aux nuances nécessaires... J'espère pour ce traducteur qu'il n'essaye pas d'être poète du coup, huhu !
Désolé pour les désagréments occasionnés par les commentaires qui ne passent pas... La plateforme est parfois capricieuse...
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