Un automne à Vienne, part II. : Art et Histoire
04/11/2017
(Previously, in Part I.)
Gloriette au palais Schönbrunn
On va être clairs : la plupart des lieux à visiter, estampillés incontournables sur les guides touristiques et autres blogs voyages, le sont effectivement. Vous pouvez cependant rayer instamment de vos prévisions la maison de Mozart, proche de la Cathédrale St Etienne. L'inintérêt de ce lieu vide, uniquement constitué de panneaux de fac-similés, et dans lequel on se retrouve à déambuler l'oreille vissée à un audioguide bavard (qui ne fait pas oublier le vide des expositions mais l'exacerbe au contraire) est tellement flagrant que je ne comprends pas comment j'ai pu lire autant d'avis positifs sur ce lieu. Vous pouvez tout aussi bien rester à la maison et lire une biographie du compositeur avec son Requiem en fond sonore : vous en apprendrez bien plus pour moins cher.
Vous pouvez par contre vous lancer sans crainte dans un pélerinage Sissi, à condition d'arriver à l'ouverture de Schönbrunn et du palais Hofburg. Vous vous éviterez ainsi la déception de ne jeter que quelques coups d’œil entre deux touristes inopportuns sur les lieux dont vous avez tant rêvé. Nous sommes arrivées à Schönbrunn une heure après l'ouverture, et c'était déjà trop tard (je n'ose imaginer les tranches horaires plus tardives). Si ce palais fait beaucoup penser à Versailles par son architecture (à ceci près qu'il est jaune et vert, ce que les photos rendent rarement avec justice. Quelle surprise, dès lors, de le découvrir en vrai !), il n'en a pas du tout la taille. Ce qui est valable pour l'ensemble l'est, a fortiori, pour chaque pièce, dont les dimensions nécessitent peu de foule pour être appréciées. La joie de fouler le sol de ce splendide palais est évidemment présente, et les jardins se goûtent avec calme et sérénité (n'hésitez pas à crapahuter jusqu'à Gloriette afin d'admirer une vue panoramique sur le palais et une partie de Vienne), mais très sincèrement, trop de monde gâche une partie de la fête. Seulement quelques jours après ma visite, je m'aperçois que le nombre de touristes est ce qui m'a le plus marquée ; à égalité tout de même avec la découverte qu'il n'y a nulle cheminée dans ce palais (ni dans Hofburg d'ailleurs) : Marie-Thérèse avait déjà compris l'efficacité du poêle à bois !
Pour la petite histoire, on attribue le nom du domaine à l'empereur Matthias (XVI-XVIIème siècle) après sa découverte d'une fontaine naturelle (schöner Brunnen = belle fontaine)
Inutile de dire qu'on est arrivé le plus tôt possible au palais Hofburg ! Nous nous sommes ainsi délectées des trois lieux offerts à la visite avec notre billet (et il n'y a qu'un sens de circulation, vous ne pouvez donc pas aller et venir comme bon vous semble - spéciale dédicace à Ikea). Contre toute attente, même le musée de l'argenterie par lequel commence la visite nous a stupéfiées. Les collections sont impressionnantes à tout point de vue. C'est en observant une fourchette plusieurs minutes sans voir le temps passer qu'on réalise qu'il n'y a pas de petit détail au regard de l'Histoire... Quant au reste (le musée Sissi et les appartements impériaux), je vous passe mes couinements dignes d'une souris devant un kilo de Beaufort face aux robes, aux effets personnels et aux plus célèbres tableaux de Sissi. Les appartements impériaux sont par ailleurs d'une grande beauté (c'est-à-dire point trop clinquante, esprit germanique toujours) et la visite est agencée de telle façon que l'on se représente exactement la circulation qui devait s'opérer entre et dans les appartements de François-Joseph et d'Elisabeth. Ce lieu réussit donc le pari un peu fou de séduire autant la gamine qui a longtemps fantasmé que l'adulte qui s'est depuis renseignée. Banco sur tous les plans ! Merci Hofburg pour ce voyage total.
Salle de conférence de l'empereur
Chambre à coucher de l'impératrice - A noter que François-Joseph et Sissi dormaient tous deux dans des lits très simples en fer et bois.
Sortant d'ici, vous vous devez d'aller prendre un chocolat chez Demel, le fournisseur historique de Sissi en pâtisseries (qui était fort gourmande, au passage) et l'un des plus grands cafés viennois. Ce chocolat fut réellement une expérience gustative orgasmique, en plus d'être l'occasion pour moi de goûter quelque chose de typique (si tu as souris en lisant ça, c'est qu'on est sur la même longueur d'onde ♥), le Sachertorte, gâteau autrichien à base de chocolat (encore - parce que, quand on aime, on ne compte pas). Et si jamais vous avez des doutes sur la véritable qualité des produits à la carte, vous pouvez observer au rez-de-chaussée les pâtissiers au travail (comme cela se pratique de plus en plus dans tous les bons salons de thé/pâtisseries bobo).
Artistiquement parlant, tenter de tout voir est une gageure et serait prendre le risque de se dégoûter. Nous avons joué la carte du raisonnable pour trois jours seulement sur place avec deux musées aux collections réputées. Le Palais du Belvédère tout d'abord qui expose, certes, Le Baiser de Klimt, mais pas seulement. les collections embrassent le Moyen-Âge, représenté à travers une série de peintures sublimes, et la première moitié du XXème siècle. On croisera ainsi au détour des galeries Le Napoléon franchissant le Grand-Saint-Bernard de David, quelques romantiques dont Caspar David Friedrich, et d'autres grands sécessionnistes viennois dont Schiele ou Kokoschka, le tout dans un écrin baroque à couper le souffle. Honnêtement, on s'est autant délecté des œuvres aux murs que des murs eux-mêmes et c'est suffisamment rare pour être noté.
Vient le Musée Léopold ensuite, radicalement différent : construit tout récemment dans le MuseumsQuartier (je n'ai pas besoin de traduire sur ce coup-là, je pense), il s'agit d'un gros cube tout ce qu'il y a de plus contemporain. Beaucoup moins de cachet donc, mais on peut lui reconnaître l'avantage d'avoir été conçu pour mettre en valeur les œuvres exposées, dont la plus importante collection de tableaux d'Egon Schiele au monde, rien que ça. Le recul et la disposition étaient parfaits ; on en a pris plein les yeux. Les sécessionnistes sont décidément saisissants. Au passage, on a croisé quelques meubles de l'époque. Que n'ai-je les moyens de meubler ma maison de la sorte, que diantre ?!
Et voilà que mon escapade s'arrête déjà ! Une chose est sûre : j'y retournerai ! A Vienne, bien sûr, mais plus largement en Autriche. Je réalise que le pays entier gagne à être découvert en road trip. Et réaliser ça à la seule visite d'une ville durant trois jours, c'est dire comme la beauté respire à chaque fenêtre.
18 commentaires
Je t'ai suivie sur IG dans ton périple amical avec beaucoup de jalousie (j'ai adoré ton # sur la bière), j'ai une de mes filles qui n'attend que ce voyage depuis deux mois (rapport à un faux journal de Sissi chez Gallimard jeunesse, et elle n'a toujours pas vu les films...donc je m'attends au pire) et elle nous tanne comme pas possible. Je note pour Mozart, et je note de se lever tôt pour le palais (ce qui pour nous n'est vraiment pas un problème avec Duracell).
Elles sont superbes tes photos, et merci de ce chouette compte rendu
Oh, tu m'intrigues avec ce livre jeunesse sur Sissi ! En effet, si elle te tanne déjà déjà avec Vienne à la seule lecture de ce journal fictif, prépare-toi au pire après le visionnage des films de Romy Schneider ! Ce sera la début de la fin ! Mais je ne peux que t'encourager à céder à l'envie de ta fille (en plus, vous avez tout ce qu'il vous faut pour vous réveiller tôt, c'est parfait) : Vienne est merveilleuse
Malheureusement, je crois qu'il faut apprendre à ignorer les hordes de touristes (auxquelles on appartient) lorsqu'on voyage (ou à se lever très tôt). C'est ce que j'essaie de faire dans les villes européennes maintenant.
Mais oui, le pire, c'est que j'avais bien conscience d'être de cette cohorte de touristes ! Rahhhh ! Ce n'est jamais facile de réaliser sa nature moutonnesque héhé ! Clairement, dès le lendemain de Schönbrunn, nous avons pris le parti d'être à l'ouverture du parlais Hofburg. C'aurait été trop dommage d'être venue de si loin pour se gâcher le plaisir de la visite juste pour quelques minutes de sommeil en plus. On s'est dit qu'on dormirait plus tard et on a bien fait !
Tu racontes bien ! Ça donne envie (et pas seulement l'expérience gustative).
Merci Nathalie ! En effet, tout était orgasmique, finalement :D
Merci de ces deux très jolis billets ! Je souhaite que tu puisses faire vite ton road trip qu'il faudra ensuite nous raconter... Et pour ton mobilier, ça peut etre le projet d'une vie (...nefin l'un d'eux, quoi) !
Héhé, dans quelques années, j'espère le réaliser ! Il faudra voir si je trouve quelqu'un de plus chevronné au volant que moi sinon c'est mal barré ! Pour ce qui est de mobilier, je vais essayer de trouver une maison avec les bonnes dimensions pour accueillir ce genre de meubles déjà, ce sera un premier pas !
Merci à toi pour ces deux billets, j'adore ce type de voyage. Et tu me rappelles de bons souvenirs. Le château de Schönbrun m'avait impressionnée, j'avais aimé la balade viennoise ( avec le regret de n'avoir pas visité l'appartement -musée de Freud ( et maintenant le musée Leopold ) mais finalement, en Autriche, j'ai préféré Salzburg et sa région ( verdoyante, avec des petits châteaux tout en trompe l'oeil et jeux d'eau ). Alors, as-tu vu la Crypte des Capucins ? :)
Non, je n'ai pas vu la crypte des Capucins malheureusement ! J'ai aussi laissé de côté de nombreux musées qui me tentaient beaucoup... Il y a tant à voir !
Je note Salzbourg et sa région pour mon prochain road trip ! Merci Marilyne.
Oh mein Gott, tu m'as vraiment donné envie !! Ton compte rendu est magique. La fourchette m'a fait bien rire... mais c'est que c'est un outil fort utile pour déguster de la bonne pâtisserie viennoise !
Et sinon, #sissiforever (dans mon jeune temps j'avais lu les Sissi impératrice et autres, mais je dois dire que le journal de Sissi ça doit aussi envoyer des paillettes au kilo !!!)
Ahahhhhh mais c'est vrai que la fourchette est indispensable pour les pâtisseries viennoises... Voilà pourquoi elles ont dû me faire tant rêvasser :D
Super! Tu me donnes envie d'y retourner alors que j'avais été un peu déçue par ma visite (mauvais week-end, découverte d'un centre-ville standardisé avec H&M et Etam (je crois que j'étais un peu naïve à l'époque), aucune préparation préalable pour voir ce qui m'intéressait vraiment...).
Bon, si tu y retournes, il faudra aller à l'École espagnole d'équitation, ce sont les plus beau chevaux du monde! (À moins que tu n'y sois allée et n'en parle pas ici bien sûr!)
Non, je n'y suis pas allée ! J'avoue que Sissi et Klimt avait priorité dans mon petit cœur tout mou ! Mais si j'y retourne, je note évidemment ! Je n'en ai entendu que du bien !
C'est vrai que le centre-ville est colonisé par les mêmes enseignes que dans toutes les autres capitales européennes. Je crois que c'est inévitable, n'est-ce pas... Par contre, je n'ai vu dans aucune autre ville H&M établit dans un bâtiment art nouveau avec les escaliers d'époque. Ça donne le ton du souci de conservation du patrimoine historique des bâtiments de la ville :)
Ah, Schönbrunn ! quelle belle matinée nous y avions passée (j'étais avec mon frère), en été 2010. comme toi, par contre, j'avais trouvé que la maison de Mozart était une énorme arnaque! bon week-end, Lili :-)
Ahhh, nous sommes donc deux a avoir été déçues par la maison de Mozart, ça me rassure !
ah ça me donne envie aussi, je ne connais pas du tout cette ville!
Je ne peux que t'encourager à la découvrir, Violette :)
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