Le serpent d'eau de Tony Sandoval
18/04/2018
Cette BD est une surprise totale - dénichée, comme souvent, au hasard à la médiathèque. Mila se baigne tranquillement dans un lac, par une chaude après-midi d'été, lorsqu'elle est surprise par une autre jeune fille, d'humeur taquine, aussi blonde qu'elle est brune, Agnès. Il y a quelque chose d'énigmatique chez elle, de particulièrement attirant aussi, qui séduit immédiatement Mila. Elle brûle d'envie de la revoir : elle a eu le coup de foudre pour ses dents (oui oui). Et ce n'est ni la première ni la moindre des incongruités qui jalonnent ce récit totalement déjanté, abracadabrantesque, sensuel et noir où les rêves ne sont pas loin des cauchemars. Agnès entraîne Mila dans des aventures un poil dangereuses où il est question de masques, de poulpe et de mort. Où est le vrai du faux ? Et tandis qu'on se le demande, on s'interroge du même coup sur la pertinence d'une telle question. Mieux vaut sans doute se départir de nos certitudes pour plonger complètement dans la folie de ce récit.
Comme d'habitude quand je pioche des BD à l'impro, c'est d'abord le graphisme qui m'accroche et celui-là est absolument décoiffant. Le contraste qu'il ménage entre la candeur de la jeunesse et la noirceur du macabre est d'autant plus savoureux qu'il évolue avec brio au fil du récit. Tony Sandoval négocie au poil cet équilibre précaire à chaque page, à chaque chapitre, au point qu'on accepte comme du petit lait la toute fin particulièrement sanglante ; on en redemanderait presque (du moins, c'est mon cas : j'ai déjà écumé le catalogue de ma médiathèque pour voir ce qu'elle avait à me fournir en nouvelle nourriture sandovalesque)*.
D'autant que le graphisme n'est pas la seule folie du livre : l'auteur a littéralement fumé la moquette par les deux bouts pour construire son scénario. Les toutes premières pages laissent d'ailleurs le lecteur dubitatif. On n'en comprend le sens qu'à la fin, lorsque tout est parti en cacahuètes et qu'on frétille comme Mila - un peu de peur, beaucoup d'excitation. Je ne peux décemment pas vous en dire plus, considérant que spoiler un tel récit serait comme amener le dessert à table en ayant déjà tapé dedans. J'espère que seule la liste des ingrédients qui déboîtent vous donnera envie d'aller vous faire une part du gâteau.
*Le type s'appelle quand même @rainofdoom sur Intagram : je ne m'en remets pas.
Cerise sur le gâteau (parce qu'on est plus à un fil de métaphore près hein) : j'avais déjà envie de vous parler de cette BD après l'avoir finie, mais alors quand je me suis aperçue que l'auteur était mexicain, j'étais doublement ravie. Je peux enfin, depuis une bonne année, comptabiliser une participation au challenge latino d'Ellettres. Il était temps que je me secoue les plumes !
Le RDV BD de la semaine est chez Noukette !
14 commentaires
Buenisimo! Cette BD semble tout-à-fait étrange et fascinante. Cela ne m'étonne que l'auteur soit mexicain, au Mexique on accepte plus facilement la fantasmagorie, le burlesque mêlé au tragique, l'humour noir. Bref, tu titilles ma curiosité, et pas seulement parce que tu participes au challenge latino !
C'est vrai qu'il y a cette acceptation de la mort qui devient presque un élément de folklore au Mexique ! Du coup, ça fait complètement sens avec cette BD, en effet ! Franchement, c'est une belle découverte qui vaut le détour ! (Et il faut VRAIMENT que je me bouge pour lire bientôt un roman latino, nom d'un pti chat rayé !)
oh étrange ! l'histoire (et la dernière planche!)
je trouve aussi pas mal de BD de la même manière à la médiathèque .. ça passe ou ça casse, mais on s'en fiche car on les rend
Exactement ! C'est ça qui est bien ! Quoique, quand j'achète des BD, je fonctionne un peu de la même façon. C'est clairement l'image qui m'attire avant les mots.
Ça l'air bien, j'espère que la bibliothèque où je vais l'aura.
J'espère pour toi ! Pour ma part, j'ai loué les deux tomes de "Nocturno" vendredi dernier. La suite au prochain épisode ;)
Quelle bonne idée de présenter cette BD. Je découvre totalement, pas sûre que j'accroche ( et tu me rappelles que j'en ai une argentine que je n'ai toujours pas chroniquée ^-^ ). Les ambiances latino sont souvent ( pour ne pas écrire toujours ) particulières, flirtant avec un fantastique macabre ( enfin il me semble pour mes quelques lectures ).
Ça tombe bien, j'aime cette ambiance ! Il va vraiment falloir que je creuse cette littérature latino !
superbe billet pour un livre qui maintenant, forcément, m'intrigue!
Intrigant, c'est exactement le terme !
A voir les dessins justement, je ne suis pas sûre d'accrocher... ^_^
C'est clairement... particulier ^^
Il faudrait que je furète un peu plus dans le rayon BD de la Médiathèque....
Merci et bonne journée.
Fureter est toujours une bonne idée ^^
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