Les jolies BD de l'été
11/08/2018
Vous le savez, je ne chronique quasiment plus mes lectures BD. [En même temps, en ce moment, je ne chronique plus grand chose, il faut bien le dire. Rattraper mon retard ne va pas tarder à friser l'impossible (spéciale dédicace à celle qui sait). Cette année, plus encore que les précédentes, c'est l'été de tous les laisser aller. Je ne lis même pas grand chose. Les quatre romans entamés le mois dernier sont toujours d'actualité sur ma table de chevet, et loin d'être terminés, alors que j'avais une PAL estivale de l'espace et mille autres envies de lectures.
Finalement, je fais autre chose. C'est bien aussi.]
N'empêche que j'ai bouquiné trois BD assez géniales, chacune dans leur genre, et j'avais envie de vous les partager. N'avoir aucune règle, c'est décidément la meilleure manière de bloguer.
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Je commence donc avec L'excellentissime Emma G. Wildford d'Edith et Zidrou, deux auteurs que j'adore décidément (du moins, c'est ce que je comprends enfin, à force de me précipiter systématiquement sur leurs parutions respectives. Imaginez ce que ça donne lorsqu'ils publient ensemble...)
Emma est une jeune femme des années 20. Elle est issue d’une famille aisée tout ce qu’il y a de plus normale. Sa sœur aînée, surtout, semble suivre la voie toute tracée pour elle. Après avoir épousé un banquier quelconque et soporifique, elle attend maintenant son premier enfant. Emma n’a cure de cette sorte de vie rangée : Elle entend rester libre et composer sa vie et ses œuvres poétiques selon son désir, non celui de la société.
Voilà plus d’un an maintenant qu’elle attend des nouvelles de l’homme qu’elle aime, Charles, un explorateur parti pour la Norvège sous l’égide de la Royal Geographical Society. Tout semble indiquer qu’il a disparu… Emma se refuse pourtant à lire l’enveloppe qu’il lui a laissée dans cette éventualité et préfère partir seule à l’aventure, à son tour, pour le retrouver.
Avec cette BD, c'est d'abord les yeux qui sont séduits : l’objet livre est magnifique ! La couverture s’ouvre comme un écrin et le récit délicieux renferme nombre d’indices qui nous permettent d’avancer de concert avec Emma sur le chemin des retrouvailles et de la liberté. Ainsi, nous découvrons tour à tour une photographie, un ticket de transport et, évidemment, la lettre fatidique de Charles.
Au fur et à mesure de son voyage, Emma grandit un peu plus. Celle qui partait initialement pour retrouver l’amour va se découvrir à chaque étape du voyage. Aussi, la fin du livre sonne comme un commencement. C’est touchant, lumineux, et plein d’humour : un vrai régal !
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Dans un esprit également suranné mais plus déjanté, j'ai adoré le premier acte de L'esprit de Lewis de Santini et Richerand paru dans la collection Métamorphose des excellentes éditions Soleil (qui ont également publié Emma G. Wildford, au passage, mais dans la collection Noctambule.)
Dans l'Angleterre victorienne, Lewis se désespère d'avoir perdu sa mère qui était tout pour lui. Unique héritier des propriétés familiales, il préfère en céder les trois quarts à ses sœurs, mi-choquées mi-réjouies, pour ne conserver que celle, reculée, de Childwickbury, cette demeure de vacances qui renferme tous ses souvenirs heureux. Il s'y rend derechef au grand étonnement de tous malgré l'hiver et le long voyage que cela occasionne. Il est décidé à écrire son premier roman et est persuadé que la solitude et la mélancolie de Childwickbury lui seront propices. Sauf que ce n'est pas le cas. Lewis peine à écrire. Les papiers froissés s'entassent et Lewis commence à s'interroger. Jusqu'au jour où intervient la plus surprenante des muses : un fantôme sans mémoire qui tente de l'effrayer, en vain...
Avec cette BD-là, on est en plein dans l'imaginaire anglais fin dix-neuvième. Les auteurs reprennent tous les codes de ces romans fantastiques un peu sombres, mystérieux, à la fois romantiques et décadents et, surtout, terriblement séduisants : un héros seul, malheureux, original et en mal d'inspiration, une vieille bâtisse isolée pleine de souvenirs et de fantômes - au sens propre comme au figuré, des phénomènes étranges et inexpliqués et cette rêverie, évidemment, qui nous fait tout fantasmer. C'est drôlement efficace pour qui aime ce genre d'ambiance - Je suis la cliente toute désignée, vous l'aurez compris. Vivement le deuxième et dernier acte !
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Je termine avec une merveilleuse trouvaille belge (merci les bonnes librairies, de mettre ce genre de petites perles de ce genre en avant) : Dryades de Tiffanie Vande Ghinste.
Yacha bosse dans une librairie bruxelloise mais s'y ennuie un brin. Elle est souvent seule puisque son coloc est par monts et par vaux. Elle rêve d'autre chose, clairement, et voilà qu'il apparaît en la personne de Rudica à qui elle propose de sous-louer la chambre vacante de l'appartement. Rudica a un passé énigmatique, une chevelure de sirène et un don naturel avec les gens et les plantes. A elles deux, elles décident de transformer un quotidien morne en une création joyeuse perpétuelle. Elle redonnent vie, à leur manière, et cela ne plaît pas à tout le monde.
Ce livre-là, c'est un peu l'histoire de deux sorcières modernes, à travers un graphisme épuré et une mise en couleur poétique. Voilà comment un bonheur et des envies différents semblent tout d'abord étonnants aux yeux de tous, puis suspects, et enfin terrifiants. Voilà comment ce qui n'est pas compris doit être éradiqué. Malgré ce constant lucide et peu réjouissant, Tiffanie Vande Ghinste nous invite au plus lumineux des messages : être ouvert, savourer le jour présent et surtout, trouver le bonheur n'importe où, y compris (voire surtout) dans l'inattendu et la re(-)création. Cette lecture-là est une respiration salvatrice.
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8 commentaires
J'aime beaucoup le graphisme de l'esprit de Lewis et de Dryade. Les deux me tentent bien alors que je lis rarement des BD
Deux graphismes et deux histoires très différentes mais toutes deux touchantes et passionnées ! Leur découverte vaut le détour. Je suis ravie de t'en avoir donné envie :)
Moi je suis très tentée par la première BD ! Le côté 1920's, exploratrice...
Exactement ! Emma a un petit humour piquant et une liberté d'esprit délicieuse en prime !
... et sinon, ô combien je comprends ta panne de blog... On veut toujours disposer d'un bon moment au calme, être sûre de ne pas être dérangée, pour bloguer... et quand on a tant à faire ailleurs, on n'a plus la tête à rédiger des chroniques ! Je n'ai pas trop de panne de lecture en ce moment, je me suis ménagée une bonne PAL estivale, mais je lis un peu moins que d'habitude, en raison des nombreux amis que nous avons vus cet été... (je ne mets aucunement en concurrence l'amitié et la littérature soit dit en passant, tu en es la meilleure preuve ^^).
Comme toi, l'été n'est vraiment pas la bonne période pour moi, ni pour lire ni pour bloguer. Je me ménage toujours d'autres choses à cette période et, même si ça n'est pas le cas, je crois que tout mon cerveau est en vacances... Là, j'avoue que je n'en peux plus de traîner les mêmes livres depuis un mois. Vivement que je passe à autre chose !
Han.
Dryades m'a l'air d'être une pépite. Je la veux
Elle n'en a pas que l'air, même ! Déniche-la vite, elle le mérite :)
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