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17/06/2016

La double disparition de Nancy Springer

Enola Holmes 1.jpg
Les enquêtes d'Enola Holmes - Tome 1

La double disparition de Nancy Springer, Nathan, 2015, 264p.

 

Vous l'ignoriez mais Sherlock et Mycroft ne sont pas les seuls de la fratrie Holmes ! Bien après eux, tellement sur le tard que c'en fut une honte à l'époque, une petite dernière est née, joliment prénommée Enola, comme un clin d'oeil à la solitude qui déterminera ses pas. Alors qu'elle a vécu choyée et libre dans le domaine familial, sa mère disparaît le jour de son quatorzième anniversaire. Il n'est plus temps de courir les champs en culottes de garçon ou de croquer le fleurs du jardin à l'aquarelle. Enola doit prendre sa vie en main et choisir la vie qu'elle veut mener : entre un Mycroft tout à fait détestable, seulement piqué que sa mère ait osé élever Enola bien loin des conventions victoriennes, et un Sherlock franchement désintéressé, elle se voit imposée une place dans une institution corsetée pour apprendre les bonnes manières et constate avec dépit que ses frères n'ont aucune envie de chercher leur mère disparue. Enola fomente donc une évasion en bonne et due forme vers la liberté. Sur son chemin pour Londres et, peut-être, cette mère qui se dessine comme une succession d'énigmes, elle croisera de nouveaux mystères dans lesquels elle ne pourra s'empêcher de mettre son nez. Après tout, c'est une Holmes, elle aussi !

Ah, que voilà un roman jeunesse comme je les aime, sans prétention, toutefois plutôt juste et bien écrit et qui a la vertu de faire voyage dans l'histoire et dans la littérature !
Enola est un personnage attachant d'emblée, tant par sa fraîcheur, sa naïveté que son esprit libre si rare pour l'époque. Enola est un personnage contemporain, soit, et étonnamment futé pour son âge mais cela ne la rend que plus délicieuse. Nancy Springer joue habilement avec cette modernité pour ne pas la rendre trop franchement anachronique et nous pousse, du coup, à nous interroger sur la place de la femme à l'époque victorienne - place peu enviable, à n'en pas douter (l'époque victorienne est décidément plus alléchante vu avec deux siècles de distance...).
Mycroft et Sherlock, mine de rien, en prennent pour leur grade au passage - comme quoi, l'intelligence supérieure ne prémunit pas contre la servilité aux règles sociales - mais je n'en pensais pas moins d'eux. Après tout, ils n'ont jamais été des modèles de délicatesse et encore moins d'empathie sous la plume de Conan Doyle !
L'enquête en elle-même, soit, ne casse pas trois pattes à un canard. D'autant que c'est peut-être sur ce point que le bât blesse dans l'emploi du personnage de Sherlock Holmes : Nancy Springer lui fait rater des indices monstrueusement faciles au profit de sa sœur, ce qui semble tout de même un peu gros pour ce génie de la déduction. Mais peu importe : je ne crois pas que le projet de l'auteure était de renouveler le genre du roman policier. En ce que ce premier tome distille un vent frais et sain de liberté et d'émancipation féminine, il est bon de le faire tourner entre toutes les mains de nos jeunes collégiennes.

 

Le mois anglais 2016.jpgLe mois anglais 2016 chez Lou et Cryssilda

5ème participation

LC autour de Sherlock Holmes et dérivés