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12/08/2015

Et toc, quatre ans !

Depuis la création du blog, un joli 12 août 2011, ce blog a changé, indéniablement.

De ton, d'abord. Au départ j'avais des velléités de critique littéraire. J'essayais de gribouiller des articles fins et constructifs, acerbes, pertinents et percutants en peu de mots. En un mot : j'étais chiante. Quel intérêt de vouloir faire joli et de se mettre seule des contraintes ? ai-je fini par me dire. Du coup, j'ai glissé doucement sur la pente de la subjectivité la plus totale et j'ai commencé à m'amuser beaucoup plus. A mesure que j'étais parfaitement sincère sur mes lectures sans plus tenter de distinguer ce qui relevait de mon appréciation personnelle de ce qui relevait d'une appréciation objective (what's the point, anyway ?!), j'ai commencé à vraiment trouver ma voix. Et je m'éclate sacrément à faire des intro à côté de la plaque où je raconte ma vie, je m'éclate à mettre à l'écrit ce que je dirais exactement si je devais parler d'un livre autour d'une bière avec une bande de potes.

Et puis, il a aussi changé de rythme. Au départ, je publiais tous les deux jours puis deux fois par semaine. Maintenant, je n'ai même plus de calendrier, de jours attitrés, de plans sur la comète. Je chronique quand je veux et je publie de même. Élémentaire, mon cher Watson, mais il faut dire que je suis une maniaque de l'organisation donc pour moi, c'est de la grosse évolution. Quand j'ai créé le blog, j'étais au chômage et je venais d'emménager dans la Creuse, ça facilitait la lecture de folie et la publication fréquente. Depuis, j'ai tenté un nouveau départ professionnel, dont les heures se sont progressivement augmentées. Comme le métier m'a plu, j'ai passé le concours en parallèle d'un master et j'ai décroché les deux. Puis, j'ai été stagiaire et j'ai dû passer en parallèle un deuxième master. Bref, ce blog aura vu une sacrée évolution professionnelle se balader en marge de ses lignes ! (Je me suis mariée, entre temps. On peut donc ajouter l'évolution personnelle)

Et voilà que j'attaque la cinquième année du blog, titulaire dans ma profession (champaaaaaagne !) et (parce que ce n'est pas tout), je signe aujourd'hui même l'achat d'une maison. Sacré 12 août 2015 !

Tout ça mérite bien une part de gâteau pour festoyer un peu les bonnes nouvelles !

Happy 4th birthday, cher ami blog ! L'aventure évolue mais, surtout, l'aventure continue !

 

07:16 Publié dans Divers | Lien permanent | Commentaires (33)

07/08/2015

Sylvia d'Antoine Wauters

Sylvia.jpg
Sylvia d'Antoine Wauters, Cheyne éditeur, 2014, 83p.

 

coup de coeur.jpgCelui-là, je devais le lire depuis longtemps, depuis sa sortie plus précisément, et puis j'ai trainé comme d'habitude. J'ai surtout tourné autour du pot, j'ai hésité. La perspective de lire une certaine vision de Sylvia Plath, poétesse que j'admire particulièrement, sans vraiment qu'il en soit question explicitement, me perturbait un brin. Je ne voyais pas exactement comment cela pouvait s'articuler avec tout autre chose : la mort de deux grands-pères et le processus de deuil afférant. En d'autres termes : je n'ai rien contre un rôti au chocolat, a priori, mais me forcer à y goûter est une autre affaire.

Et puis, je l'ai lu. J'ai fini par céder. Sylvia est bien plus qu'un processus de deuil - parce qu'élaguer les poncifs, ronger l'os et dépouiller, c'est étonnamment avoir moins pour toucher plus. Antoine Wauters parle d'un avant, d'un pendant et d'un après la mort de ces deux êtres si prégnants dans sa vie d'homme - qui ont toujours été là - en déshabillant l'expérience du deuil de ce qui la gonfle fréquemment d'oripeaux indigestes. Pour cela, en revenir aux corps, à la nature organique de la mort. Attitudes animales, pourrissement végétal : l'homme s'inscrit dans cette marche vieille comme le monde. Face à cette expérience d'une banale extrémité, la poésie dit ce qui n'a pas toujours su passer les lèvres, ce qui n'a pas pu être parlé du vivant de Charles ou Armand.

De Sylvia Plath, Wauters dégage la corde lisse, souvent raide et dangereuse mais évidemment sensible, qui se tient entre vie et mort, qui ne forment pas deux entités contraires. Vie et mort sont les deux nuances subtiles d'une même réalité qui circule inlassablement. Expérimenter la mort, le deuil, la douleur, c'est encore vivre. C'est créer : poésie, amour et doucement, une nouvelle vie qui poursuit la boucle. Il y a une lucidité, une âpreté terriblement exigeante dans cette vision holistique de l'existence chez Sylvia Plath qui interdit le détour ou l'apitoiement. Dans la brutalité poétique  que Wauters empoigne - en empoignant la main de Sylvia - l'énigme du vivre se découvre comme flux.

Je n'en dis sans doute pas grand chose, ou du moins il m'est arrivé d'être plus claire. C'est qu'il n'y a pas d'histoire linéaire à vous conter, ni de personnages à présenter. Prenez plutôt Sylvia comme un échange : de la mort à la vie, de l'auteur au lecteur, de la perte à la joie.

 

Et la vie ne se souvient pas, tu dis, ma vie s'écrit pour s'éprouver elle, comme clarté, comme calme, rendue à elle. Nouvelle manière d'être heureuse, tu dis que l'écriture peut, d'un pôle des bronches à l'autre, en l'espace du mot pôle et bronche, faire passer de la jachère au plein jeu de chaleur. Au blanc lacté. A la mamelle d'où expirer viendrait un jour et repartirait le lendemain. Nous laissant vivre. Nous laissant. Nous. p. 21

 

04/08/2015

Vrac de BD feel good

Tout part à vau l'eau, voyez vous. Je lis à tout casser vingt pages par jour - autant dire que Le rouge et le noir n'avance guère bien que je le trouve passionnant - et la perspective de rédiger des chroniques m'ennuie un brin. Mais au fond, j'ai envie quand même. C'est juste que je me prélasse depuis un mois dans une paresse totale et décomplexée, une paresse dont je profite comme d'un mets rare et délicieux - sachant par avance les dix mois qui m'attendent à partir du 1er septembre. Cela dit, il m'arrive d'avoir envie de feuilleter quelque chose de sympa plus d'une demi-heure d'affilée, à l'occasion. Et dans ces moments-là, mon choix se porte vers la BD ; vers une BD amusante, légère de préférence, vers l'antithèse de la prise de chou réflexive en somme (exception faite du Paradis perdu chroniqué dernièrement devant lequel on ne peut que se pâmer quoiqu'il en soit). Voici donc un florilège, en vrac, de ce qui m'a collé le sourire ces dernières semaines, sans trop en dire parce qu'au fond, tout est très simple : on s'amuse bien à lire ces BD, un point c'est tout.

 

Les vieux fourneaux.JPGLes vieux fourneaux, comme le macaron promotionnel l'indique sur le deuxième tome, c'est parfaitement drôle et irrésistible. Prenez une bande de vieux - n'ayons pas peur des mots, à bas le conventionnel "personnes du troisième âge" - totalement déjantés, qui n'hésitent pas à avoir des envies de meurtre ou de révolution entre deux considérations plus prosaïques, prenez tant qu'à faire une gouaille pas possible entre le juron et la harangue perpétuelle, prenez enfin un tracé de bulles qui rappelle les vieilles BD de notre enfance et paf, vous avez de quoi sourire pendant quarante-cinq minutes. C'est évidemment n'importe quoi en terme d'intrigue - si tant est qu'on puisse parler d'intrigue - mais c'est surtout divertissant, tout à fait original dans son genre et son propos et ça fait du bien. Dès la troisième page du tome 1, je me suis dit que j'espérais vraiment pouvoir vieillir façon vieux fourneaux. J'aurais plus besoin de me retenir de parler comme un charretier tralala !

Les vieux fourneaux de Cauuet et Lupano (2 tomes), ed. Dargaud.

 

Les gens honnêtes.jpgLes gens honnêtes commencent moyennement bien, il faut bien le dire (Les vieux fourneaux aussi d'ailleurs, notez bien. Comme quoi, on peut vraiment rire de tout). Le premier tome est mi-figure mi-raisin, on ne sait pas si on doit être plein d'espoir façon "ce qui ne me tue pas me rend plus fort" ou bien s'affliger d'une réalité contemporaine pas très reluisante. On avance ainsi à tâtons sans trop savoir et puis, petit à petit, la légèreté s'installe - elle n'a jamais vraiment disparue, finalement, mais se tenait en retrait le temps des nuages - et redonne vie à Philippe Manche. C'est lui, le protagoniste. Lui, qui va changer plusieurs fois de carrières au fil des tomes de la série, qui va rencontrer des personnalités improbables et attachantes - la palme revient, en ce domaine, au bouquiniste amoureux de littérature et de bons crus (Autant vous dire que ça donne des idées ! A quand le club de lecture et picole associées, je vous le demande ?). Lui qui nous transporte au fil d'une vie presque banale et pourtant hautement colorée : au fil de la Vie, avec un grand V.

Les gens honnêtes de Durieux et Gibrat (3 tomes), ed. Dupuis

 

perles et pirates.jpgSur ce, on quitte la vie quotidienne, on quitte les retraités et les chômeurs (ça a beau être dit sur le ton de l'humour, on a un peu envie de voyager quand même !) et on embarque sur le bateau pirate de la blague (vous avez remarqué, je finis toujours par caser un pirate ou deux par été, ni vu ni connu, j't'embrouille). Dans cette aventure rocambolesque - et surtout improbable - il est question, comme l'indique le sous-titre, de perles et de pirates. Oui, m'sieur dames. Mais de femmes pirates exclusivement, qui ne daignent pas accueillir d'hommes à leur bord, et qui terrorisent des flottes entières de britanniques armés. Des femmes qui ne tiennent pas l'alcool, qui font parfois n'importe quoi mais finissent par sauver des familles esseulées, c'est ti pas beau ? Il est aussi question d'un gouverneur au costume grotesque (je n'en dis pas plus car j'ai franchement ri à la lecture de cette idée géniale), d'une armée qui ne sert à rien, d'un père un poil indigne et, bien évidemment, d'un trésor qu'il faut absolument trouver grâce à soixante-quinze indices disséminés aux quatre coins du globe. C'est frais, c'est fin (c'est très fin, ça se mange sans faim), ça renverse les codes du récit de piraterie - ce qui n'est pas dégueulasse à l'occasion, et c'est d'une drôlerie telle qu'à plusieurs reprises, je n'ai pas pu m'empêcher de rire comme une baleine. Que du bon !

Perles et pirates de Zaoui et Clotka, ed. Casterman

 

Il ne me reste plus qu'à vous souhaiter d'excellentes lectures et tranches de rire, en compagnie des indispensables lunettes de soleil, éventail et mojito. En d'autres termes, bon mois d'août !