12/04/2016
Les variations d'Orsay de Manuele Fior
Les variations d'Orsay de Manuele Fior, Futuropolis, 2015, 70p.
Orsay était d'abord une gare puis devint un musée d'art. Sous le crayon de Manuele Fior, ce bâtiment se révèle être les deux en même temps ou glisse de l'un à l'autre en quelques vignettes et quelques personnages qui traversent le temps de leur franc-parler anachronique ; et parfois même, Orsay se découvre comme le territoire de tous les fantasmes entre le rêve et la réalité. Plus rien n'a de sens tangible à Orsay - ce qui explique l'absence totale de résumé un peu ordonné dans cette chronique : comment résumer un tourbillon, une tornade d'instants hallucinés, tantôt historiques, artistiques, ou simplement fous ? On croise Degas, Ingres, Berthe Morisot au lit ou au salon des refusés, des prostituées qui repassent, "La charmeuse de serpents" du Douanier Rousseau qui prend vie et les animaux sauvages qui se carapatent, une surveillante de musée qui s'ennuie : une vie éclatante, jouissive où l'art se gorge de la beauté et des interstices surréels entre deux morceaux anecdotiques.
Et ce qui devait arriver en pareilles circonstances arriva : je referme l'album enchantée mais dubitative - ce qui, je suppose, est exactement le genre de sentiment ambivalent que Manuele Fior avait dans un petit coin de son esprit en composant cette BD comme une série de motifs poétiques et picturaux, plus que comme un récit. Peut-être que l'influence impressionniste est là : dans ce recueil d'instants, d'impressions au soleil levant en touches éparses, jusqu'à former une unité différente selon le lecteur. Dans ce voyage, le dessin de Fior est très clairement un véhicule privilégié, qui a quelque chose de naïf parfois, d'extrêmement simple à l'occasion, et d'autre fois de sensuel, d'envoûtant, de presque fantastique. Avec ce dessin-là, on ne sait pas non plus où l'on est, c'est à lui seul un voyage au pays des interrogations artistiques.
Rien n'est évident dans Les variations d'Orsay, pas même le sentiment qu'on en garde ou la pensée qu'on en nourrit. J'avoue que c'est si rare, cette étrangeté, qu'elle est à elle seule un tour de force !
10:56 Publié dans Art, BD / Comics / Mangas, Littérature italienne | Lien permanent | Commentaires (10)
Commentaires
J'adore le trait (et le minois) de Manuele Fior.
Cette BD, il me la faut. A chaque fois que je la croise je la feuillette amoureusement.
Pour ce sentiment étrange, je crois que c'est propre à tous ses albums.
Écrit par : Moka | 12/04/2016
Je découvre Manuele Fior pour ma part, mais je note donc que tous ses albums ont quelque chose d'étrange ! Je continuerai à creuser car j'ai apprécié ce flou, ce n'importe quoi savamment maîtrisé et son dessin à la fois onirique et loufoque.
(PS : en effet, le minois de Manuele Fior ne gâche rien, en prime!)
Écrit par : Lili | 12/04/2016
ça a l'air particulier, en effet. Je ne connais pas!
Écrit par : Violette | 12/04/2016
C'est à découvrir, très étonnant et original !
Écrit par : Lili | 12/04/2016
Oh les teintes sont magnifiques...et j'aimerais tant découvrir ce musée un jour ! J'ai débuté la lecture de Bruges-la-Morte cette semaine...un peu onirique aussi comme ambiance...mais j'adore sa poésie ! Bises douces ma belle :)
Écrit par : Topinambulle | 12/04/2016
Je te le souhaite ma Topi, c'est un musée magnifique ! Tu prévois un voyage à Paris un jour ? Bientôt ? ;)
Je suis contente que tu aies attaqué Bruges-la-morte, pile pour le mois belge ! J'espère que ce beau classique, si poétique et mélancolique, te plaira !
Mille bises douces*
Écrit par : Lili | 14/04/2016
Ton billet m'intrigue !
Écrit par : ellettres | 14/04/2016
C'est bon signe ;)
Écrit par : Lili | 15/04/2016
Il y a de magnifiques planches dans cette BD.
Écrit par : Valérie | 22/04/2016
Je te le confirme !
Écrit par : Lili | 27/04/2016
Les commentaires sont fermés.