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23/11/2011

Extrêmement fort et incroyablement près de Jonathan Safran Foer

[Ante-scriptum : Chères amies swappées, premier compte à rebours : il reste officiellement 10 jours pour la constitution des colis! Envois à partir du 4 décembre! Youhou! ]


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Extrêmement fort et incroyablement près de Jonathan Safran Foer, ed. de l'Olivier, 2006, 423p.

 

Pour reprendre l'expression fétiche d'Oskar, ce livre m'a filé des semelles de plomb. Le refermer surtout. Un peu comme Oskar court tout New York pour se donner l'illusion d'être toujours avec son père, on continue le livre pour oublier qu'il y a une fin.
Non mais, qui est ce Jonathan Safran Foer?! Qui lui a greffé ce talent ? Sérieux les mecs, tant mieux pour lui mais vous auriez pu en laisser un peu pour les autres quand même, c'est pas cool pour eux.

Le jeune Oskar, garçon naïf, insomniaque mais surtout étonnant, ne se remet pas du décès de son père dans les attentats du 11 septembre. Comment le pourrait-il ? Trop soudain et trop absurde pour l'entendement. Entre deux inventions farfelues et quelques lettres à des figures tutélaires, il découvre une clé dans le dressing de son père, contenue dans une enveloppe au mystérieux nom "Black" inscrit dessus. Il se lance alors dans une quête initiatique pour retrouver tous les Black du bottin - peut-être savent-ils quelque chose sur son père et sur cette clé?

On retrouve dans cet objet littéraire toutes les explorations initées par l'auteur dans son premier roman. Les jeux typographiques, l'utilisation graphique du blanc, l'insertion de photographies. Les enjeux narratifs avec l'alternance de points de vue dans un style elliptique, plein d'une légèreté drolatique et d'une émotion douloureuse. Et puis cette problématique de la mémoire et de l'oubli. J'aime ce que dit la 4eme de couverture de l'édition courante : "Quand tout a été oublié, il ne reste plus qu'à inventer". C'est exactement ça. Tout le cocasse du style et du propos met en lumière le gouffre gigantesque de l'absence. C'est sûrement ça qui colle à ce point des semelles de plomb. Parfois la vie n'a pas tellement de sens, on essaye juste de combler cette évidence.

Tout simplement stupéfiant, talentueux, profondément original et universel.

Jonathan Safran Foer, une chose est sûre : tu n'as pas volé ton statut de phénomène littéraire international.

 

*

Extrait :

 

"Il nous faudrait des poches bien plus grandes, je me suis dit ça dans mon lit en comptant les sept minutes qu'il faut en moyenne aux gens pour s'endormir. Il nous faut des poches énormes, des poches assez grandes pour notre famille, et nos amis, et même les gens qui ne sont pas sur notre liste, les gens qu'on a jamais vus mais qu'on veut quand même protéger. Il nous faudrait des poches pour les districts et pour les villes, une poche qui pourrait contenir l'univers.

Huit minutes trente-deux secondes...

Mais je savais qu'il ne pouvait pas y avoir de poches si énormes. Pour finir, tout le monde perd tout le monde. Il n'y avait pas d'invention pour dépasser ça, et alors, cette nuit-là, je me sis senti comme la tortue qui a tout le reste de l'univers sur son dos."

 

*

 

Bande-annonce de l'adaptation cinématographique réalisé par Stephen Daldry (The Hours, Billy Elliot), sortie en France le 29 février 2012