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08/08/2020

Sous les vents de Neptune de Fred Vargas

sous les vents de neptune, fred vargas, polar, rompol, roman policier, adamsberg, danglard, enquête, meurtre, serial killer, québec, trident, neptune, souvenir, frère, famillePeu de temps avant de partir au Québec pour une formation de quinze jours avec son équipe, Adamsberg fait face à une panne de chaudière au commissariat (remarquez, ça donne un avant-goût de la caillante canadienne qui attend tout le monde sous peu), à un Danglard complètement fébrile à l'idée de prendre l'avion et à plusieurs malaises sans gravité qu'il finit par relier à une ancienne affaire. Affaire d'autant plus pénible qu'elle l'a occupé douze ans, est ancrée dans son enfance et lui a valu de perdre son frère Raphaël. Plus Adamsberg creuse, plus la plaie de cette ancienne affaire se rouvre. Il se pourrait même qu'elle le suive, armée de son trident, jusqu'aux confins de la banlieue d'Ottawa...

Comme dans beaucoup de romans de Fred Vargas, le début de ce titre est très lent et se concentre sur la psychologie, le caractère et l'histoire des personnages de façon riche et fouillée, principalement celles d'Adamsberg, évidemment, de Danglard, de Retancourt et de quelques-uns de leurs acolytes québécois ensuite. Définitivement, je n'apprécie que peu Adamsberg. Il a beau être présenté comme quelqu'un d'à part dans sa manière d'être flic et sa manière d'être tout court, cela le conduit surtout à être assez lâche et égoïste les trois quarts du temps dans quasi tous les domaines de sa vie. Mais soit, peu importe (d'autant que cette antipathie inspirée par Adamsberg est faite exprès par Vargas - ainsi Adamsberg s'inscrit dans la lignée de Holmes et de Poirot : Très compétent au boulot mais humainement aux fraises), car j'aime tous les autres personnages. Danglard et Retancourt m'apparaissent de plus en plus délicieux à mesure que je les découvre - et accessoirement plus compétents qu'Adamsberg dans ce roman. 

Le début est lent, disais-je, et on serait tenté de se demander pourquoi tous ces détails parfois. Mais c'est parce que les intrigues vargassiennes sont toujours hyper fouillées et pleines de ramifications alambiquées. Dans ce roman-là, Adamsberg sait qui est le coupable - et nous aussi par la même occasion. Sauf que ce n'est qu'une énième intuition du célèbre commissaire contre qui joue un fait a priori irréfutable et sauf que ce coupable est intelligent et puissant comme Neptune - comme Moriarty face à Holmes. Aussi, la tension est toute dirigée vers le moyen de démontrer la théorie d'Adamsberg puis de faire fléchir ce colosse. Que voilà un parti pris original (bien que complètement irréaliste, entendons-nous bien) qui va, en plus, se compliquer au fur et à mesure du récit - mais je ne vous en dis pas plus pour ne pas spoiler plus avant.

C'est globalement un très bon cru de Fred Vargas, même si ce n'est pas mon titre préféré de la série Adamsberg. Clairement, pour moi, le polar est toujours une bonne pioche pour les lectures de vacances, surtout lorsqu'on a à domicile une petite six ans qui accapare pas mal et rend la lecture parfois compliquée. Au moins, avec un polar, je suis tranquille, j'ai le neurone aéré et l'avantage avec Vargas, c'est que ça reste toujours de qualité. J'ai fait une croix depuis longtemps sur les polars au style douteux - je ne parle même pas des traductions dégueulasses de certains polars nordiques - et aux intrigues sempiternellement identiques. Aération neuronale, oui mais purée de neurones, non. A l'heure où je rédige ces lignes, j'en suis déjà à mon deuxième Vargas de la semaine (et pour le coup, il est génialissime donc je vous en parle bientôt). On est pas mal en terme d'aération, là.

 

29/11/2017

Le mystère des pavots blancs de Nancy Springer

enola holmes,nancy springer,enquête,polar,londres,langage,fleurs,disparition,seule,sherlock holmes,frère,intelligence,mystèreDisons-le franchement : j'ai lu ce roman au début de l'été. Ça va donc faire six mois qu'il vivote dans ma pile de livres à chroniquer, attendant gentiment son tour, se faisant voler la vedette par le dernier lu en date et souffrant ni plus ni moins de mon intense procrastination. Il faut dire que c'est compliqué de parler d'une série sans spoiler la moitié des enjeux à ceux qui attendent encore de lire le tome en question ; quant aux autres, ils se beurrent gentiment le nombril avec de l'huile d'olive de l'énième aventure d'une obscure série qui ne les intéresse pas. Du coup, bon... Ce n'était pas la motivation qui m'étouffait. Finalement, c'est ma mémoire défaillante qui a fini par me pousser à en dire quelques mots ici : je m'aperçois que les détails s'effacent doucement mais sûrement, ce qui m’horripile au plus au point. Il est donc temps qu'un billet vienne raviver tout ça en attendant la quatrième aventure de notre héroïne. 

Au début de ce 3eme tome, Enola Holmes se retourne la cervelle pour trouver une nouvelle identité. Son chemin a trop fréquemment croisé celui de son frère et du Dr Watson dans le tome précédent et son avatar d'alors est sans nul doute démasqué depuis belle lurette. Il lui faut dénicher autre chose pour passer incognito, sauf que rien de très probant ne lui vient à l'esprit. Au détour d'une boutique de maquillage et colifichets divers - haut lieu de perdition pour une femme à l'époque -, elle finit par avoir une idée lumineuse : devenir une femme superbe. Pour elle qui ne brille pas par sa beauté naturelle, ce sera le déguisement parfait.

Voilà donc notre Enola Holmes travestie en Violet Everseau. La première mission clandestine de cette femme superbe - comme quoi, rien ne résiste à un peu de fond de teint et de la poudre aux yeux ! - sera de retrouver le Dr Watson, dont elle apprend la mystérieuse disparition dans les journaux. Enola est d'autant plus titillée qu'en creusant un peu - comprendre par là, en pénétrant dans la demeure du Docteur, sous prétexte de consoler sa femme -, elle découvre des bouquets bien étranges... Des bouquets dont la signification lui saute au cerveau et lui fait craindre quelque épineuse affaire... 

Afin de ne pas répéter trop longuement ce que j'ai déjà mentionné lors des chroniques de La double disparition et L'affaire Lady Alistair, je me bornerai à dire que les ingrédients que j'aime dans cette série - la légèreté, le vent frais de la liberté, un brin de désinvolture et d'invraisemblance et, surtout, une réflexion pertinente sur le siècle victorien et la condition des femmes d'alors - sont toujours au rendez-vous. J'ai pris plus de plaisir, en outre, au déroulement de l'enquête d'Enola, que j'ai trouvée plus complexe, plus aboutie - en un mot : plus consistante.  Le langage des fleurs occupe une place prépondérante dans ce mystère et rend l'ensemble délicieusement original. J'ai découvert à  l'occasion bien des subtilités sur le langage de certaines plantes - qui aurait cru, par exemple, que l'asperge signifiait tant de choses et pouvait s'offrir en bouquets ? Fascinant ! Un très bon tome, donc, qui m'a fait placer le quatrième en bonne place dans ma wishlist.

A bientôt pour de nouvelles aventures holmésiennes !