Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

09/09/2011

La Légende des fils de Laurent Seksik

9782081248564.jpg

La Légende des fils de Laurent Seksik, Flammarion, 187p., Août 2011

 

 

J'ai retrouvé dans ce roman deux traits qui signe le style de Seksik : une pudeur lyrique sur des terres étrangères. Et cette manière de cueillir le héros à l'instant crucial de sa vie, dans un monde qui le heurte et l'emporte inexorablement.

Scott, adolescent sans âge dans l'Amérique de Kennedy espère ce qui s'appelle communément le bonheur - cette chose floue qui doit tout de même bien exister. Acculé à la terreur par un père hostile et violent que la guerre a détruit, il entrevoit la lumière grâce à sa mère déifiée, exacte négatif du père et dans ces instants de bavardages plein d'une vie complice avec son cousin.
De tableaux poétiques en longues réflexions de Scott sur l'amour, la haine, l'espoir et la prière, on s'avance petit à petit vers ce virage brutal que la vie impose pour mieux s'en relever.

Malgré un style manié avec talent, La Légende des fils m'apparait comme un roman inégal où l'intelligence du ton est ponctué par quelques faiblesses : Le décor des sixties apparait factice, la relation triangulaire du fils follement épris de cette mère idéale et follement détesté du père rappelle à trop grands traits un complexe d'Oedipe facile, et cet espoir presque mystique de Scott passe plutôt pour une naïveté un peu niaise.
Il manque peut-être un peu de consistance à l'ouvrage pour que la narration soit à la hauteur du style. Néanmoins un beau moment de lecture!

 

 

Un grand merci à Mélopée pour le prêt voyageur !

 

 

Challence rentrée littéraire 2011.jpgChallenge 1% de la rentrée Littéraire 2011

 

2/7

 

 

 

 

 

 

Extrait :

 

"Il devait suivre l'exemple de Jack. Marcher sur ses traces. Ne pas élever la voix. Ne pas céder à la panique. Rester maître de soi, dominer ses craintes. Ne pas aviver la colère. Ne pas provoquer par sa présence. Ne pas compter les minutes, ne plus compter les heures. Ne rien attendre de la nuit, ne rien attendre du jour. Ne pas faire étalage de soi, se dissimler, taire sa détresse, sa révolte, sa peine et jusqu'aux battements de son coeur. S'endurcir, rester de marbre, immobile, retenir son souffle, contenir ses larmes, saisir le soir et saisir l'ombre. Se mordre les lèvres, ne pas pleurer. Se soumettre à la loi des hommes, désapprendre la justice, oublier ce qui est vrai, tout ce qui a de la grandeur, ce qui éclate de beauté. S'éclipser, se fondre dans l'espace, le silence des forêts, se projeter en une terre lointaine au ceur d'un grand pays sublime, avancer les mains nues, le front lavé d'injures, avoir l'audace d'être rien, abandonner ses forces, ses espoirs, ses tristesses, quitter ce jour sans fin, sombrer dans le sommeil, se réveiller à l'aube, se couvrir de douleur, n'oser ni regarder, ni entendre, s'envelopper de mystère, hôte précaire du soir, prendre la vie en haine, devenir une pierre, se retirer du monde, courir sur l'abîme, errer parmi les anges, se rendre invisible, tomber dans l'oubli, effacer toute trace de soi. Disparaître."