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07/12/2011

Les villes de la plaine de Diane Meur

Celui-là, je l'ai repairé sur le blog de Nina où il était question du style de l'auteur et d'une référence à Jacques Abeille. Après une petite attente et sagement noté dans mon esprit, je l'ai pioché sur une table de nouveautés et me voilà partie à sa découverte.

 

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Les villes de la plaine de Diane Meur, ed. Sabine Wespieser, 2011, 372p.

 

 

Tout le décor de l'intrigue fait appel à l'imaginaire. Nous voici donc dans une époque inconnue, vraisemblablement antique et dans une ville fantasmée, Sir. Territoire d'une civilisation unifiée sous la bannière d'Anouher, il y règne l'ordre social et une certaine froideur propre aux grandes villes. C'est ici que vont se croiser trois personnalités : Ordjéneb, le montagnard loyal à la naïveté éclairée, Djili la courageuse et Asral, le maître scribe qui doit fournir une nouvelle copie des lois d'Anouher. Animé tout d'abord d'un respect aveugle des traditions, il s'ouvrira peu à peu à une compréhension plus ouverte de cette héritage figé au fil des ans.

Tout est imaginaire, disais-je, mais quoi de mieux que l'imaginaire pour faire passer quelques questionnements bien d'actualité ? C'est la Religion et la politique qui viennent immédiatement à l'esprit, Anouher métaphorisant à la perfection nos systèmes de pensées instrumentalisés et vidés de leurs sens à force de pétrification délétère. Puis l'on comprend que l'ouvrage est plus largement une réflexion sur l'homme et sa formidable capacité à abdiquer sa liberté dans la joie et la bonne humeur - et à la fin, ça file d'ailleurs un peu les miquettes autant d'enthousiasme à l'asservissement.

Que ces considérations à deux sesterces ne vous découragent pas de plonger dans ce roman, néanmoins! Car certes excellement bien écrit, dans une langue subtile, érudite et d'une grande simplicité, Les villes de la plaine se lit avant tout comme une très bonne épopée moderne, avec un soupçon de roman d'amour et de philosophie. Il est à mettre entre toutes les mains, les intellos qui décortiquent pour le plaisir comme ceux qui lisent pour se divertir (et ça marche aussi pour les ceux qui sont les deux à la fois, c'est ça qui est bien!)

 

 

 antiquité,religion,dogme,imaginaire,servitudeChallenge de la rentrée littéraire

10/7

 

 

 

 

 

 

 

 

Extrait :

 

"Il faudrait que, se levant du milieu de la foule, un inspiré adjure : "Gens de Sir, vous avez changé. Quoi que vous croyiez peut-être, le temps des fondateurs, le temps d'Anouher est révolu. Tout ce qu'ils ont planté ou posé est devenu sacré pour vous, intangible, et vous en concluez que le temps n'avance plus, que rien ne change ni ne bouge. Mais de ce changement, n'êtres-vous pas la preuve? Chaque année rend vos règles plus rigides, chaque année vous fige davantage dans le souvenir de ce passé. Et cette pétrification n'est-elle pas un processus, un devenir, cela même, en d'autres mots, que vous prétendez bannir? Retourne, peuple de Sir, reviens à toi avant qu'il ne soit trop tard!"
Mais celui qui tiendrait cette harange devant le haut palais, les gardes l'éloigneraient comme un énergumène. Au Marché de la porte des Buffles, les passants le feraient taire en lui disant : Nos n'aimons pas ta chanson."