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27/08/2011

O Solitude de Catherine Millot

 

Que les choses soient claires dès le départ : je suis désappointée et c'est peu de le dire. Aussi, vous excuserez le ton acrimonieux de mon billet, il n'a d'égal que ma déception à chaud (ensuite, j'irai bouder dans un coin telle Sophie Senoble)


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O Solitude de Catherine Millot, Gallimard, coll. l'Infini, Août 2011


L'ouvrage est sous-titré roman. Ce doit être une petite facétie commerciale de l'éditeur car ce n'en est pas un. Cela se veut plutôt comme une longue méditation sur la solitude, ponctuée de petits plaisirs quotidiens, de soleil entre les rideaux, de flashbacks et de balades chez les grands auteurs référents. Où il serait question de joie intérieure et de territoires infinis.

SAUF QUE. Parce qu'il y a un "sauf que". Là où je m'attendais à goûter à quelque chose de lumineux, de poétique, d'aérien et, n'ayons pas peur des mots, de spirituel (et il faut dire que l'élogieuse critique de Télérama va en ce sens), je n'ai trouvé qu'un énième verbiage égocentrique avec ce sacro-saint JE usé jusqu'à la moelle. On apprend donc des choses passionnantes comme les détails de sa croisière en Italie, ses premiers amours, le fait qu'à douze ans, elle adorait les fêtes foraines etc. Autant dire que ce soir, j'irai me coucher remplie de tout un tas d'informations essentielles à ma survie.

Vous allez me dire, elle pourrait partir de là pour s'élever mais non. On en reste une psychanalyse ras la mousse.

Alors oui, il y a tout de même des passages constructifs et l'auteur a indéniablement un talent d'écrivain - pour preuve l'incipit cité en 4eme de couverture d'une magnifique poésie. Mais ils sont tellement noyés dans l'égocentrisme qu'on ne parvient plus vraiment à les apprécier.

Si je peux me permettre d'y aller de mon conseil perso, vous pouvez faire l'impasse sur ce bouquin pour la rentrée.

 

*

Un morceau au hasard :

 


"A treize ans, j'avais cru découvrir, en quittant la Finlande, dans l'imminence du départ qui donnait à toute chose une intensité jamais éprouvée, l'essence même du désir. Il naissait donc de la séparation et de la perte. J'en avais conçu, en ce temps où j'essayais de faire de nécessité vertu, un idéal de détachement par lequel je croyais faire miens ces arrachements. La perte, j'eus à cet âge la prétention de la vouloir, de la revouloir sans cesse, et conçus le projet d'imprimer à ma vie ce rythme d'exils alternés de retours. Mais de retours à quoi ? Car, en vérité, il n'y avait pas de retour, si ce n'est à un entre-deux, une sorte de no man's land. Le pays natal n'existait pas pour moi.

Est-ce pour cela qu'à rebours de ce que j'avais pris pour une révélation, je me suis, par la suite, appliquée à ne plus quitter cette ville de Paris que je n'aimais guère, ne pouvant plus, ne voulant plus vivre ailleurs que là où j'essayais désormais de m'arrimer?"

 


critique,littérature,solitudeChallenge 1% de la rentrée littéraire 2011

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Commentaires

Tu l'as trouvé ? ma librairie m'a dit qu'il ne sortait finalement que le 15 Septembre. Je l'ai noté immédiatement en voyant la critique de Télérama, tu me refroidis très sérieusement là.

Écrit par : Aifelle | 27/08/2011

Oh, mais il ne faut pas lire Télérama, c'est un vieil adage moldave qui évite bien des déceptions. :-)

Écrit par : fashion | 27/08/2011

@Aifelle : Ta libraire ne devait pas être bien réveillée^^ Je lirai avec plaisir ton avis si tu as encore la motivation de l'acheter.

@Fashion : En effet, Télérama a été fourbe et vicieux. Je ne m'y fierai plus !

Écrit par : Lili | 27/08/2011

Ton avis ne me donne pas envie de lire ce livre, l'extrait que tu cites encore moins. Je passe mon tour.

Écrit par : Sharon | 27/08/2011

Moi j'aime beaucoup ce livre que je suis en train de lire !! Certes ce n'est pas un roman, c'est le seul point où je suis d'accord avec la critique ! Mais comment parler d'égocentrisme alors que ce qui est soutenu c'est justement la possibilité du bonheur dans la disparition du "moi" encombrant... Pour ceux qui ont aimé "Villa Amalia" de Quignard (dont elle parle d'ailleurs) et connaissent les ravages de l'amour !

Écrit par : hipparchia | 30/08/2011

@Hipparchia : Je crois que c'est précisément pour cela que l'ouvrage m'a profondément déçu : je suis totalement en accord avec la thèse qu'elle a voulu défendre sauf que sur ce coup là, je n'y ai lu qu'une grosse plantade. Il y a d'autres ouvrages qui, me semble-t-il, font bien plus honneur à cette fameuse plénitude dans l'abolissement de l'égotisme.
Mais ceci bien sûr n'est que mon humble avis et je suis contente pour toi que l'ouvrage te plaise ;)
A bientôt!

Écrit par : Lili | 30/08/2011

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