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05/04/2012

1984 de George Orwell

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1984 de George Orwell, 1949, 400p.

 

Big Brother vous regarde, partout, tout le temps. Si vous parlez dans votre sommeil, vous en payerez les conséquences. Si vous sourcillez bizarrement, si vous n'êtes pas en transe pendant les deux minutes de la Haine et plus encore, si vous tombez amoureux, vous en payerez les conséquences. A titre individuel, vous n'êtes rien, ne l'oubliez jamais.
C'est dans ce monde là que vit Winston Smith, employé gris et anonyme du Parti pour qui il falsifie (mais bien sûr, il n'est pas question d'employer ce terme) un certain nombre de documents. Il s'agit de donner l'illusion que tout a toujours existé et que Big Brother est maître suprême en toute chose. Malgré son manque de conviction, il donne le change et fait ce qu'on lui dit. Malgré tout, il achète en parallèle un vieux cahier blanc et commence à y rédiger quelques pensées séditieuses, planqué dans un recoin sombre et inaccessible au télécran espion de son appartement.
Et puis advient Julia, avec qui il va commettre bien des fautes : celle d'avoir des sentiments, du plaisir physique, et celle de croire qu'il pourrait être possible d'échapper à Big Brother. Or, nul n'échappe à Big Brother : sur cette question, aucun espoir n'est permis.


Peu originale sur mon immédiat ressenti de lecture, je dirais que ce livre est tout simplement terrifiant parce qu'incroyablement lucide, visionnaire et pessimiste.
Orwell le rédigea à une époque marquée par la montée en puissance des régimes totalitaires et il y a bien sûr à en voir dans ces pages une dénonciation virulente (comment ne pas penser à Staline lorsqu'il évoque les bonnes moustaches de Big Brother ?). Mais au delà de cette évidente critique acerbe, Orwell nous invite à une réflexion sur l'Homme et ses aspects les plus sombres.
Deux éléments principaux me semblent ici fustigés :
Premièrement, cette soif destructrice de pouvoir qui anime les dirigeants, poussée jusqu'à la bestialité de la torture. A force de ne plus considérer l'autre comme son semblable mais comme un non-être, eux-mêmes apparaissent totalement déshumanisés. Aveuglés par l'ambition, rien ne saurait s'y opposer - ni la révolte, ni la raison, ni la science, ni les arts, ni les pensées. Tout est détruit - seul reste le pouvoir despotique et son corollaire suprême, la haine.
Le second élément de critique est cette extraordinaire capacité qu'à l'Homme à se déresponsabiliser, à abdiquer volontairement et consciemment de sa liberté au profit d'un tiers pour jouir du confort de l'esclavage. Comment ne pas lire dans ses lignes que la majorité de la population d'Océania est consentente ?! Heureusement appauvri de toute capacité de pensée - même le langage s'appauvrit pour que les pensées séditieuses ne puissent plus être formulées - l'Homme évolue telle une enveloppe décérébrée. Les prolétaires eux-mêmes, soumis à moins de pression mais aussi bien moins considérés, ne se soulèvent pas. Il est dit pourtant à bien des reprises que leur nombre suffirait à renverser le Parti si seulement ils avaient en eux l'once d'une envie de révolte, l'once d'une pensée active. Mais non, chacun se complait dans une étourdissante médiocrité.
Ce sont bien ces points de réflexions qui apparaissent terrifiants parce qu'il offrent la vision sans fard de ce que peut être l'Homme et surtout, de ce vers quoi notre siècle tend dangereusement à force d'abrutissement volontaire.

Plus que jamais ce livre est à relire et à méditer. Il n'est certainement pas à considérer comme un gentil classique de SF à lire entre 15 et 18 ans pour se faire une culture littéraire qui se remplira progressivement d'autres livres et qu'on oubliera. 1984 doit être sorti des étagères, dépoussiéré et médité profondément. Il est l'électrochoc nécessaire pour nous rappeler quelques-uns de nos devoirs essentiels pour ne pas tomber aussi bas : l'amour, la conscience de soi, l'accès à la connaissance et à la culture (mais la vraie hein, pas le bourrage de crâne lamentable qu'on voit trop souvent dans trop d'institutions), l'esprit critique et surtout, surtout nom de Dieu, la responsabilité (non, il n'y a pas de bouc émissaire extérieur idéal, il y a nous et juste nous)

 

 

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Commentaires

Je l'ai lu il y a deux ans maintenant je crois et ça a été un véritable électrochoc pour reprendre tes mots. J'ai marché dans absolument tout et bien évidemment je suis tombée de très haut en découvrant certaines choses. Non seulement ce livre est intelligent mais c'est également un "page turner". Je l'ai repris il y a quelques jours en rangeant et je n'ai pas pu m'empêcher de passer 30 min à lire plusieurs extraits du livre. Donc je rejoins ta cause : lisez-le ! :)

Écrit par : D. | 05/04/2012

Pour le coup, il n'a pas eu l'effet "page turner" sur moi et je n'ai pas été surprise des différents évènements. Clairement, le déroulement narratif n'a pas eu un effet de folie sur moi, c'est vraiment le fond qui m'a scotchée. Cela dit, j'aurais préféré ressentir le même suspens que toi car pour le coup, le roman a du te happer complètement, c'est chouette de ressentir ça !

Écrit par : Lili | 06/04/2012

Superbe critique pour ce magnifique quoiqu'effectivement terrifiant bouquin.
*** douces pensée en ce monde de brutes ***

Écrit par : Sorbetframboiz | 05/04/2012

Merci mon petit sorbet ^^ Toutes douces pensées à toi aussi ! ¨¨**

Écrit par : Lili | 06/04/2012

Cette critique est merveilleuse! Il faut que je me dépêche de lire ce bouquin que tout le monde me conseille, parce que là, tu as vraiment trouvé les mots qu'il faut pour me convaincre. Bravo!

Écrit par : Zum | 06/04/2012

Je suis très contente que ça t'ait touché ! Tu me diras prochainement quel est ton avis de lecture alors !

Écrit par : Lili | 06/04/2012

Je fais partie des pauvres torturés à qui on a voulu faire lire ce livre trop tôt et qui n'a rien compris je crois :D En tout cas, ton point de vue m'a encouragée à le louer à la bibliothèque :) Verdict la semaine prochaine !!!

Écrit par : Miti | 08/04/2012

Super ! J'attends ton avis avec impatience !

Écrit par : Lili | 09/04/2012

J'ai lu ce livre dans le cadre de ma fac d'anglais, j'en ai fait des cauchemars après ça! Je me souviens de la scène particulièrement vive et dérangeante des rats. Le fait qu'à la fin les deux personnages principaux en viennent à espérer que ce soit l'autre qui soit torturé m'a donné la nausée.

Écrit par : missycornish | 10/04/2012

Les commentaires sont fermés.