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22/05/2015

A British Mini Swap avec Miss Léo, Arieste et Filipa

British mini swap.jpgParce que je suis la faiblesse incarnée, je n'ai pas résisté à m'inscrire en février au British mini swap organisé par Alice ! Il consistait à choisir trois thèmes autour de la littérature britannique puis de laisser le hasard (et les bons soins d'Alice) décider qui allait nous envoyer un colis composé d'un livre, d'une gourmandise et d'un goodie sur l'un des trois thèmes.

Au final, les consoeurs élues de notre quatuor n'ont pas été une totale surprise (on a un peu détourné les règles pour s'élire entre nous, coquines que nous sommes) ; ce qui n'a rien changé à la surprise traditionnelle du colis. Et quelles surprises, en l'occurrence !

Le premier colis arrivé est celui de Miss Léo qui avait reçu le thème science-fiction (j'ai d'ailleurs également reçu ce même thème pour elle : les grands esprits se rencontrent !). Le voici :

 

A la question : "Ai-je couiné comme une petite caille à l'ouverture de chaque paquet ?", je répondrais "si peu, si peu". Hmm, comment vous dire ? Le dernier Connie Willis pour passer quelques riches heures à voyager dans le temps et retrouver mes acolytes préférés en pleine WWII, des goodies Doctor Who en veux-tu en voilà pour satisfaire la Docto Who-addict que je suis (je sens que mon petit déjeuner va prendre une toute autre saveur dans ce mug délicieux et que je vais crâner avec mes Tardis aux oreilles), un carnet Virginia Woolf pour satisfaire la Woolf-addict que je suis (raaaaaaaaaaaaaaahhhh, sans commentaiiiiiiire - parce que la quadruplage de voyelles ci-avant parle pour lui), et puis des gourmandises dont j'ignorais même l'existence : du thé charlotte au chocolat, de la pâte de calissons et une barre choco-menthe, pour me faire prendre un peu plus de brioche (Mais après tout, on a qu'une vie : autant qu'elle soit bonne)... Tout cela est dans le mille en tous points. Merci Miss Léo, tu as fait mouche de fort belle manière ! 

Si vous voulez voir le colis que je lui ai envoyé, c'est par ici.

Hop, quelques jours plus tard, c'est celui d'Aymeline alias Arieste qui arrive dans ma boîte aux lettres ! Je découvre qu'elle avait reçu le thème des romans gothiques ou d'inspiration gothique. Là aussi, nos thèmes respectifs n'étaient pas très éloignés puisque je devais lui concocter un colis Oscar Wilde. Ok, l'ambiance gothique et l'ambiance décadente ne sont pas exactement les mêmes mais puisque beaucoup d'écrivains fin de siècle ont rejoué à leurs sauces quelques gammes gothiques, on va considérer qu'il y a un petit pont entre les deux.

Affichage de IMG_20150509_085337.jpg en cours...

Alors là, c'est ce qu'on appelle tomber à pic ! Je furetais ce matin dans ma PAL en me demandant quel livre j'allais pouvoir entamer (puisque j'ai eu une crise fulgurante de "je dois absolument finir ce livre" la veille au soir) et je me disais que je me lancerais bien dans Northanger Abbey de Jane Austen si je l'avais sous la main. Deux minutes plus tard, le facteur passe, je reçois le colis d'Aymeline et je découvre le dit-roman dans le colis. Si c'est pas de la synchronicité, ça ! Le projet, dès que j'aurai rédigé ce petit billet, sera donc de faire comme prévu : commencer le livre ^^ J'ai hâte ! (Edit une semaine plus tard : Livre fini et trèèèès apprécié ! Rendez-vous le 16 juin pour la journée du mois anglais consacré à Jane Austen pour lire mon avis ^^)
Pour l'accompagner, Aymeline est restée dans l'univers des héroïnes gothiques et a donc choisi un carnet inspiré de Montaigne car toute héroïne gothique digne de ce nom rédige son journal ; et du thé au miel 1000 fleurs, ginseng et mandarine car une héroïne gothique digne de ce nom ne saurait manquer l'indispensable tea time ! Je vais de ce pas m'en servir une tasse avant d'entamer Jane Austen ! Merci Aymeline, grâce à toi ces prochains jours seront gothiques à souhait !

Si vous voulez voir le colis que je lui ai envoyé, c'est par ici.

 

Pour finir, celui que j'attendais avec impatience (mais qui est arrivé un jour plus lumineux que les autres, ce qui explique la plus jolie photo) est celui de Filipa. En guise de 3ème thème, j'avais choisi le très fourre-tout "roman contemporain". Et clairement, dans la liste des suggestions, j'avais mis des titres aussi divers que variés, ce qui a suscité quelques hésitations à ma partenaire. Après quelques tergiversations, voici son choix :

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Au déballage, je tombe nez à nez avec une carte toute fleurie tout ce qu'il y a de plus kitsch anglais (j'adore !) et sur les deux sachets de thé estampillés "Remember hot tea is always a good idea" et là, je dis OUI !! Bingo Filipa ! Elle a ensuite opté pour un titre qu'elle a lu et apprécié (j'aime quand les swaps sont l'occasion de partager des lectures aimées !), L'attente de l'aube de William Boyd. Je suis ravie de pouvoir prochainement plonger dans l'univers de cet auteur si connu. Je ne sais absolument pas à quoi m'attendre pour l'heure ; ce sera ma découverte totale ! Mes papilles seront comblées pendant la lecture avec la dégustation d'un chocolat noir/menthe (une valeur sûre). Enfin, du côté des surprises, c'est le carnet qui aura eu le plus du succès durant ce swap puisque j'en accueille un troisième grâce à Filipa, blanc à pois gris celui-là, tout simple et doux ; et un porte-monnaie très british qui l'accompagnera dans mon sac à main !
Merci pour tous ces présents, Filipa !

Si vous voulez voir le colis que je lui ai envoyé, c'est par ici.

 

Ahh ce British swap va me manquer ! J'ai sacrément apprécié attendre chaque colis ces derniers jours ! Merci à toutes mes copinautes blogueuses pour leurs présents et à Alice pour son organisation. Vivement le prochain !

 

 

08:56 Publié dans Swap | Lien permanent | Commentaires (6)

17/05/2015

Charlotte de David Foenkinos

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Charlotte de David Foenkinos, Gallimard, 2014, 221p.

 

coup de coeur.jpgDavid Foenkinos est plutôt de ces auteurs qui ne m'attirent absolument pas. Entre des problématiques contemporaines vaguement nombrilistes et superficielles et un style peu réputé pour sa profondeur, j'ai toujours allègrement passé sur ses titres et ce Charlotte n'a pas fait exception lors de sa sortie en septembre dernier. Et puis, voilà que je le reçois en cadeau pour mon anniversaire ! Diantre ! Il était donc temps de me frotter à l'un de mes nombreux préjugés littéraires (parce que, bien évidemment, j'avais beaucoup d'avis sur Foenkinos sans l'avoir jamais lu, c'est plus rigolo).

Cette énigmatique Charlotte, c'est la peintre Charlotte Salomon, aussi surdouée qu'éphémère, victime de la solution finale nazie. Charlotte naît dans une famille aimante mais profondément troublée par une succession de suicides. La petite fille reçoit d'ailleurs le prénom de feue sa tante et sa mère se jette à son tour dans le vide treize ans plus tard. Son père travaille comme un fou ; il trouve pourtant le temps de se remarier avec une chanteuse d'opéra que Charlotte adule, adore et à laquelle tantôt elle s'oppose. C'est une forme de mélancolie étrange et pénétrante qui habite perpétuellement Charlotte jusqu'à ce qu'elle rencontre la peinture : elle trouve alors son moyen de vivre et de s'exprimer. Mais la situation politique en Allemagne gâche progressivement la fête : la culture puis la vie même se referme sur les juifs. Les Beaux-Arts refusent de saluer le travail de Charlotte. Elle se voit obligée de fuir en France, désespérément seule. Elle ne reverra plus son père, sa belle-mère et son amant passionné. Elle ne reverra plus l'Allemagne. Tout juste aura-t-elle le temps d'achever une œuvre magistrale entre fantasme et autobiographie.

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La forme de Charlotte déroute de prime abord, avec ses courts chapitres composés de strophes à l'infini. L'auteur s'en expliquera au cours du roman : il lui a semblé que l'histoire de Charlotte Salomon appelait cette incessante respiration. On craint donc de lire un poème en prose sur deux cents pages et, soyons francs : même pour une amoureuse de la poésie et des styles poétiques, c'est un peu flippant. Néanmoins et heureusement, il n'en est rien. Ce retour à la ligne est avant tout une affaire d'espace nécessaire, plus que de genre littéraire. Le style de Foenkinos est donc exactement ce qu'on lui reproche : d'une simplicité qui confère la plupart du temps à l'absence de style. D'une écriture qui se lit toute seule tant elle n'est pas particulièrement ciselée.

Et pourtant, j'ose dire qu'il s'agit d'un délicieux coup de cœur ! Comme quoi, il ne faut pas toujours avoir inventé la poudre pour toucher sa cible ! J'ai dévoré de bout en bout ce court roman, sans doute peu audacieux mais rondement bien mené. Chaque personnage séduit et émeut à sa manière. Charlotte, quant à elle, apparaît d'une ambivalence bienvenue, d'une complexité qui sied à l'artiste et, comme toutes les comètes aussitôt nées aussitôt disparues, elle fascine par sa vie même. On frise parfois l'absurde dans cette confrontation à une réalité familiale et historique tragique à laquelle Charlotte répond avec une inadaptation attendrissante. Charlotte a quelque chose de ces héroïnes perdues et empêtrées dans un destin qui les grignote mais qui, de cette lente descente, tirera le sel fascinant de ses œuvres.

En somme, et parce qu'il faut bien conclure, je reconnais amplement que ce roman n'est pas un chef d’œuvre : la plume de Foenkinos n'a rien d'éblouissant et il égraine plutôt facilement un peu de pathos ici ou là. Mais j'ai été bonne lectrice sur ce coup-là et son entreprise m'est allée droit au cœur. Je reconnais donc qu'encore une fois, mon préjugé était à demi-erroné (ou bien, dois-je reconnaître aussi que je m'amollis... Qui sait !) et je conseillerais avec plaisir la lecture de ce titre à qui veut bien m'entendre !

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10/05/2015

N'entre pas dans mon âme avec tes chaussures de Natasha Kanapé Fontaine

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N'entre pas dans mon âme avec tes chaussures de Natasha Kanapé Fontaine, Mémoire d'encrier, 2012, 73p.

 

Natasha Kanapé Fontaine.jpgJ'ai assez parlé, souvent, de cette alliance entre l'être et la terre qui me passionne tant dans la littérature amérindienne - en vers comme en prose - et à quel point cette double dynamique d'ancrage et d'élan vers l'avenir à l’œuvre dans la plupart des créations contemporaines autochtones me semble être la plus belle manière d'exister.

Le premier recueil poétique de Natasha Kanapé Fontaine, québécoise Innue de Pessamit, ne déroge pas à ce propos et propose une gamme de perles poétiques où s'articulent les différends, les blessures et les espoirs.
Je n'en dirais pas beaucoup plus à cet égard, non parce qu'il n'y a rien à en dire, mais parce que je ne voudrais pas devenir redondante de fil en chroniques.

J'ai, par contre, fort peu souvent parlé de la féminité des auteures amérindiennes que j'ai lues et chroniquées - très sincèrement parce que cette question du genre en littérature m'indiffère au mieux, m'énerve au pire : franchement, un écrivain est un écrivain, non ? - mais aussi parce que ça ne m'a jamais semblé être la question vraiment cruciale des œuvres en question - disons, une questions parmi d'autres, que je faisais mine de sauter à cloche-pied. Je ne peux décemment pas la sauter à cloche-pied chez Natasha Kanapé Fontaine tant la question de son devenir en tant que femme se mêle à la question du devenir en tant métisse et, plus largement, en tant qu'être humain. J'ai aimé découvrir patiemment, au fil de ses mots si percutants, si pleins de la vitalité de la jeunesse, le questionnement holistique de Natasha Kanapé Fontaine. Elle semble se demander et demander à son lecteur, simultanément : Qu'est-ce qu'être femme aujourd'hui ? Qu'est-ce qu'être métisse ? Qu'est-ce qu'être humain ? Comment continuer à être dans le respect et la joie de son passé, d'une histoire de plusieurs siècles ou de quelques années seulement, comment panser ses blessures à tous points de vue et comment construire l'avenir sous les auspices de la lumière et de la création heureuse ?

Ce recueil est un questionnement vaste, foisonnant, parfois incisif et triste mais toujours énergique et vibrant, sur notre place à tous dans un monde en perpétuel mutation - qui ne saurait tolérer la cohérence et la lenteur des choses immuables et solides. En parallèle, jamais en opposition, de cette pensée de l'éphémère et du futile, Natasha Kanapé Fontaine imprime de sa poésie délicieuse - et pleine d'espoir tant elle n'avait que vingt et un ans à l'époque de ce recueil - la foi en une autre création possible qui ne soit pas basée sur des sables mouvants.

 

J'ai perdu mon nord. La boussole blanche s'est cassée.
Je marche par tes détours, en attendant de fuir.
Inerties.
Bienvenu dans mon corps fatigué, affamé d'un monde parallèle. J'ai oublié la formule qui cassait la brume des îles lointaines.
En échange repose-toi en mon pays dévasté.
Je te préparerais la perdrix, si je le pouvais.
Je susurre en oiseau d'été.
Incantation.

Etouffe-moi de lunes en vision d'alors
dans un tableau de Salvador.

*

Petapan Kashikat ton ciel se meurt
Je m'étends de tout mon long
sur la terre de tes vêpres
ton azur fini de sel
grugé

mon offrande.

*

Aveuglante humilité
d'un chemin de neige
poignardé de doutes

j'ai cherché ta silhouette brune
l'ombre suave
de ton amour.

 *

 

Mille mercis chaleureux à Topinambulle pour cette belle découverte !

Par ici, le blog de Natasha Kanapé Fontaine et son facebook.