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13/04/2015

Miss Peregrine et les enfants particuliers de Ransom Riggs

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Miss Peregrine et les enfants particuliers de Ransom Riggs, Bayard Jeunesse, 2011, 444p.

 

Miss Peregrine Fiona.jpgDepuis toujours, Jacob Portman a entendu les histoires fabuleuses de son grand-père Abe. Ce dernier, juif polonais, s'est réfugié durant la seconde guerre mondiale dans un orphelinat perdu sur une île du Pays de Galles. Il y a vécu une enfance loin des atrocités de la guerre, certes, mais près de compagnons aux pouvoirs étranges et de monstres effrayants. Tout d'abord fasciné par les aventures d'Abe, Jacob prend de plus en plus de distance à mesure qu'il grandit : au fond, ces monstres ne sont-ils pas la version revue et corrigée des nazis par un jeune garçon traumatisé par la guerre ?
Jusqu'au jour où Jacob se précipite chez son grand-père après que celui-ci l'a appelé paniqué. Il le découvre moribond dans le bois en face de chez lui et, au moment où Jacob lève les yeux, il tombe nez à nez avec une horrible créature... Les monstres existeraient-ils vraiment ?

Si je parviens à maintenir un semblant d'activité de lecture cette année, je me rends bien compte que mon niveau d'exigence littéraire s'amenuise un poil. Clairement, la période actuelle ne se prête que peu aux envolées alambiquées d'un grand classique quand je me couche le soir. Je profite donc de cette nécessité qu'éprouvent mes neurones bouillis de se reposer pour fureter du côté de genres littéraires que je délaisse habituellement, et la littérature ado fait partie de ceux-là.

Et ce n'est pas un mal, ma bonne dame ! Car j'ai découvert à cette occasion ce roman des pluMiss Peregrine faucon.jpgs plaisants et des plus agréables. Il nous fait replonger dans notre adolescence plus si récente puisque le récit se déroule du point de vue de Jacob. Toute la première partie du roman se joue du côté du fantastique : il appartient au lecteur de démêler le vrai du faux et l'ambiguïté est maintenue longtemps sur la question des monstres. Existent-ils vraiment ou sont-ils le fruit de traumatismes divers ? Et puis, progressivement, on glisse du côté de la fantasy et s'ouvre tout un monde parallèle, en marge des lois humaines et des lois temporelles, sur fond de roman initiatique. La fréquentation de Miss Peregrine et de ses enfants particuliers permettra non seulement à Jacob de percer le mystère de son grand-père mais aussi de mieux se comprendre pou partir à l'aventure de soi et du monde. 

Le roman se finit un brin en queue de poisson mais pour une bonne raison : il s'agit du premier tome d'une trilogie ! Si vous aborder maintenant ce roman, vous n'aurez pas à vous inquiéter du délai à attendre pour découvrir la suite en plus puisque le deuxième volume est sorti l'an dernier. Inutile de vous dire que je me suis empressée d'aller le louer dans le foulée et qu'il est déjà entamé (mais ceci sera l'objet d'un autre billet).

Deux autres raisons de ne pas hésiter, en outre : Comme cela a beaucoup été souligné dans d'autres billets, l'objet livre est particulièrement soigné et attractif. L'édition est joliment agrémentée de motifs et de photographies anciennes qui toutes ont un lien avec le récit. Il ne s'agit pas tant d'illustrations que d'une plongée véritable dans l'ambiance du roman. Une vrai réussite qu'il faut saluer ! Enfin, ce roman fera l'objet d'une adaptation cinématographique par Tim Burton en 2016 (avec Eva Green dans le rôle de Miss Peregrine, miam!). Je suis tout à fait impatiente d'en voir le résultat !

 

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challenge-un-pave-par-mois.jpgChallenge Un pavé par mois chez Bianca

Participation d'avril 2015

 

 

 

Challenge USA.jpgChallenge USA chez Noctembule

4ème lecture

28/01/2015

Les envoûtés de Witold Gombrowicz

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Les envoûtés de Witold Gombrowicz, Folio, 2011 [1996], 469p.

 

Un de mes petits péchés littéraires coupables est d'aimer frissonner façon vieille école. Autant les thrillers contemporains m'indiffèrent totalement, autant les ambiances old school à base de château sombre, poussiéreux et, si possible, hanté, ont toute mon attention spontanée. Lorsqu'en plus, le dit-château niche dans une forêt touffue et franchement reculée et qu'un noble défraîchi et à moitié fou l'habite, je frétille comme une jeune adolescente qui découvre Dracula pour la première fois. Ça tombe bien : ce sont tous les ingrédients de base du présent roman de Witold Gombrovicz. Et de fait, comment pourrait-il en être autrement ? La volonté même de l'écrivain étant de proposer une vision résolument ironique des romans fantastiques grand public, il ne pouvait que saupoudrer lui-même les topoï du genre pour mieux s'en amuser.

C'est dans la campagne polonaise que tout commence. Ou plutôt dans un train. Prenez un bellâtre désargenté engagé comme entraîneur de tennis pour une jeune fille riche et insupportable, un fonctionnaire coincé du postérieur et un historien d'art ; envoyez les tous trois dans la même pension du fin fond de la Pologne à l'aube des années 40 ; imaginez en outre que la jeune fille riche et insupportable est fiancée au machiavélique secrétaire du noble défraîchi et à moitié fou sus-cité et vous obtenez tous les ingrédients pour un voyage des plus clichés au pays du fantastique qui aurait mangé Hercule Poirot (oui, parce que je dois avouer que, dans cette ambiance, Hercule Poirot m'a VRAIMENT manqué). Tout cela est bien sûr à dessein et c'est ce qu'il y a de délicieux dans les romans ironiques : la double lecture. Si vous êtes d'humeur ramollie, vous pouvez vous délecter sans honte du premier degré de l'affaire. Si vous êtes d'humeur plus chafouine, vous allez rire sous cape du second degré de chaque phrase. C'est déjà plaisant d'avoir en main un bon roman mais quand, en plus, on a un deux en un, il faut saluer bien bas et profiter comme il se doit ! 

Et c'est ce que j'ai fait : j'ai savouré toute ma lecture ! Et très franchement, ça faisait longtemps que je n'avais pas lu un tel volume de pages en si peu de temps. Je ne dis pas que j'ai tout dévoré avec la même avidité, bien sûr. Les passages d'envoûtement amoureux m'ont clairement beaucoup moins séduite que ceux plus mystérieux et diaboliques. On ne se refait pas : je ne suis définitivement pas fleur bleue, encore moins amatrice de passion destructrice aussi incompréhensible que ridiculement grotesque. Pour le coup, ça ne m'amuse pas ni ne me fait frissonner - même si, en l'occurrence, le second degré fait accepter beaucoup de choses. Mais globalement et tout bien considéré, j'ai dévoré ce roman avec un sourire aux lèvres presque constant. Et si j'ai lu certains blogueurs exprimer une déception quant à l'issue de l'intrigue - soulignons que la fin n'a été retrouvée que très tardivement après la première parution du roman - je l'ai, pour ma part, trouvée en parfaite cohérence avec le projet ironique de l'auteur.

Résumons donc : une très bonne découverte et une très bonne surprise ! Il fallait bien un swap avec Charline pour me le mettre entre les mains. Merci ma super doucette, pour la régalade !

26/12/2014

L'étrange cas du docteur Jekyll et de M. Hyde de R. L. Stevenson

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L'étrange cas du docteur Jekyll et de M. Hyde de R. L. Stevenson, 1886

Lecture numérique

 

coup de coeur.jpgTout commence par une balade dominicale entre le notaire Utterson et son cousin Enfield. Ce dernier raconte une aventure étonnante et la rencontre qu'il fit un soir d'un bien étrange personnage : Tandis qu'il se promenait, il aperçoit une fillette et un homme qui marchent en direction l'un de l'autre. Au moment où tous deux se croisent, ils se heurtent, la fille trébuche et l'homme la piétine sans ménagement. Enfield se précipite aux côtés de l'homme et l'interpelle ; les parents accourent peu après pour invectiver la brute et réclamer un dédommagement. Il s'avère que l'homme en question a la caractéristique peu commune d'inspirer à la fois terreur et dégoût. Son visage, sans être difforme, apparaît immédiatement diabolique. Il semble également posséder une clé du laboratoire du célèbre docteur Jekyll puisque chacun l'y voit entrer et ressortir pour rapporter quelque argent aux parents de l'enfant piétinée. Utterson est aussi interloqué que curieux. Il se rend dès le lendemain chez son ami Jekyll pour percer à jour le secret de celui qui se fait appeler Edward Hyde. Comment et pourquoi, en effet, un médecin respectable, aimable et raffiné peut-il cohabiter avec un personnage de la pire espèce ?

Le propos mis en lumière dans cette délicieuse nouvelle n'est pas sans rappeler celui de Dracula : D'une part le Bien, de l'autre le Mal ; d'une part le côté lumineux, de l'autre le côté obscur de la force de l'homme. A cette exception près qu'ici, la scission se révèle à travers un dédoublement de personnalité. Le Mal n'est plus l'inconnu, l'étranger, comme dans Dracula - qui pourrait se lire comme ce qui a pu être oublié ou refoulé, ce qui est issu de temps trop anciens ainsi que l'est Dracula lui-même - mais bel et bien un autre moi-même. Dans L'étrange cas du docteur Jekyll et M. Hyde se dessine l'idée que le Mal est en nous, est conscient et vivant et près à l'action. L'homme, par nature, est complexe et bouillonne en lui le bon comme le mauvais.

Par ailleurs, Jekyll explique que la raison pour laquelle il persiste à devenir Hyde, même après avoir constaté les méfaits du personnage, est la bouffée d'air frais que ce dernier lui procure. La si délicate et policée société victorienne se trouve ici mise en mal. S'il est de bon ton d'être parfait aux regards d'autrui en tant que Jekyll ; il est encore meilleur, sous les traits de Hyde, de se laisser aller sans restriction en faisant fi de tous ces codes contraignants. Hyde est celui qui n'a honte de rien, ne respecte rien, ne s'oblige à rien. Il est l'homme détaché de la morale et des règles sociales. Un aperçu effrayant, certes, et qui n'est pas à souhaiter, mais qui a le mérite d'effriter l'hypocrisie sociale.

J'ai évidemment adoré cette nouvelle. On se laisse prendre au jeu de pistes suivi par Utterson pour comprendre qui est Hyde et quelle est sa relation avec Jekyll. En bonne pointilleuse littéraire, néanmoins, je dois avouer ne pas avoir compris pour quelle obscure raison on persiste depuis des années à classer cette nouvelle dans le genre fantastique. Strictement rien n'est fantastique ici, au sens littéraire du terme : nulle terreur ne point à l'horizon, nul évènement extraordinaire non plus, et encore moins d'hésitation entre fiction et réalité de la part des personnages comme du lecteur. Au contraire, le texte tient plutôt du genre policier puisque toute la première partie est consacrée à l'enquête d'Utterson qui cherche des indices et mène des interrogatoires nombreux. La seconde dévoile les raisons scientifiques - et non pas surnaturelles - de l'affaire et explique le mystère. Certes, tout cela repose sur une raison purement imaginaire et l'un des personnages en présence est violent et repoussant. Mais, à la limite, cela s'apparenterait plus aux prémices de la science-fiction qu'au fantastique : de même que dans Frankenstein, il y a une explication - on est dans le fantasme de manipulations médicales mal contrôlées qui dérapent et créent un monstre allégorique, et de même que dans Frankenstein, il y a une issue précise et irrévocable - la mort - à l'affaire. Bref, à partir du moment où se réunissent explication rationnelle et conclusion précise, je ne vois pas comment on peut être dans le fantastique qui est censé être exactement le contraire.

Bref, l'objet de ce blog n'est pas de couper les cheveux en 4 (même si j'avoue une petite accointance occasionnelle avec cette activité). Qu'il tienne ou pas du fantastique, du policier ou de la SF, L'étrange cas du docteur Jekyll et de M. Hyde est excellent, passionnant et tout ce qu'il y a de plus prenant. Une courte lecture qui mérite deux heures passées au coin d'une cheminée à grignoter les restes de Noël. Et toc !

 

 

challenge-des-100-livres-chez-bianca.jpgChallenge des 100 livres chez Bianca

18eme participation

 

 

 

 

Challenge XIX.jpgChallenge XIXe chez Fanny

11eme lecture