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13/04/2012

Body Art de Don Delillo

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Body Art de Don Delillo, traduit de l'américain par Marianne Véron, Actes Sud, 2001/Babel, 2003, 126p.

 

Ce très court roman s'ouvre sur une longue scène d'un petit déjeuner banal entre Lauren Hartke, 36 ans et son mari Rey Robbles, 64 ans. Pas de quoi fouetter un chat, c'est même un peu long. Elle est artiste de body art, lui est cinéaste.
Puis apparait la notice nécrologique de Rey qui a choisi de mettre fin à ses jours ; Lauren se retrouve seule dans une grande maison vide, retirée et nue. Dans l'expérience à la fois cinglante et douce du deuil, elle découvre un être étrange, ni tout à fait ici, ni tout à fait ailleurs, dont la voix est celle de Rey, puis la sienne également mêlée. A travers cet homme semblent se rejouer les derniers mots du couple avant la mort et Lauren y puise une sorte de fascination libératrice.

Voilà un livre bien étonnant, difficilement descriptible, malgré une relecture. Plus qu'une histoire, il s'agit d'une expérience à laquelle j'associerais des mots comme nudité, dépouillement, étreinte, temps, corporalité, voix, lâcher-prise. Don Delillo expérimente la conscience de soi et du monde à travers la plongée dans un monde à la limite de l'absurde servi de mots tantôt fièvreux, tantôt secs et désenchantés. Loin d'apporter des éléments de réponses, ce livre, bien au contraire, pose question. Autant le dire très clairement, il pourra aussi prodigieusement ennuyer. Moi-même, je ne parviens pas à m'en faire une idée en terme de "plaisir" de lecture. Tout comme la première fois où je l'ai lu, j'ai simplement envie de fermer les yeux et de méditer - c'est signe, sans doute, qu'au-delà de la superficialité de l'agrément, il a fait résonner des cordes sensiblement plus profondes.
Pour conclure, quelques mots de l'auteur merveilleusement adaptés à son art - attribués dans l'ouvrage à une performance de Lauren Hartke :

 

"Son art, dans ce spectacle, est obscur, lent, difficile et parfois insoutenable Mais il ne s'agit jamais de l'agonie grandiose d'images et de décors imposants. Il s'agit de vous et de moi. Ce qui commence dans une altérité solitaire devient familier et même personnel. Il s'agit de qui nous sommes vraiment quand nous ne somme pas affairés à être qui nous sommes."

 

 

*

 

 

 

 

23/03/2012

Semaine de la presse #2 : Hors Cadre[s] à l'honneur !

Deuxième édition (pour ma part) de la presse à l'honneur à l'occasion de cette semaine spéciale.


Cette fois, on se régale de graphisme avec Hors Cadre[s] !


Pour tout avouer, ma connaissance de cette revue est très récente : je suis tombée dessus par hasard à la biblio (en secteur jeunesse, c'est dommage d'ailleurs, je pense qu'elle rate du public en étant classée là-bas) mais elle m'a tellement flashée que je profite de l'initiative d'Hérisson pour vous en dire deux mots et vous inciter à aller y jeter un coup d'oeil !

 

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C'est quoi ? Des explorations, des regards croisés entre critiques et créateurs sur la production contemporaine mêlant textes et images, qu'elle concerne un public adultes ou jeunesse. Vous y trouverez de tout (des zooms sur un auteur ou une oeuvre, des études critiques, des réflexions créatives) sur un thème donné (le numéro actuel traite de l'illustration des contes) mis en page d'une manière extrêmement soignée et inventive. Hors Cadre[s], c'est à mi-chemin entre la revue de haute volée et le Beaux-Livres léger et accessible.

C'est comment ? Pointu, attractif, lumineux et d'une grande qualité éditoriale. Mais n'ayez pas peur hein, ce n'est pas réservé aux "artistes", c'est pas bourré de vocabulaire pompeux et incompréhensible, point du tout. Simplement, ici, accessibilité rime avec qualité et vous conviendrez que c'est assez rare pour être noté.

C'est quand ? Hors Cadre[s] est bi-annuel avec une parution en mars et en octobre.

C'est où ? Dans toutes les bonnes librairies et sur http://www.revue-horscadres.com/hors-cadres-intro.swf pour s'abonner, acheter un ancien numéro ou trouver un point de vente.

C'est combien ? Le numéro en cours coûte 12€, Un ancien numéro, 11€ et l'abonnement d'un an, 20€.

 

 Allez jeter un coup d'oeil sur cet univers d'élégance et de créations, c'est sans pareil et ça fait rêver! (et puis, c'est probablement dispo chez toutes les bonnes biblio)

 

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19/02/2012

On patauge aux Beaux-Arts avec Guillaume Long !

[Ante-scriptum : Bon, je vais augmenter manuellement la taille de police de mes articles puisque l'hébergeur persiste à bugger et diminue sans raison ma police. J'espère que ça fonctionnera pour le confort de vos yeux !]

 

guillaume-long-comme-un-poisson-dans-lhuile-2002.pngA votre avis, ça ressemble à quoi deux années passées dans une école des Beaux-arts ? Et bien, ça ressemble exactement à ce que raconte Guillaume Long dans ses deux ouvrages Comme un poisson dans l'huile (la première année) et Les sardines sont cuites (la deuxième année).

Amusée du début à la fin, j'y ai retrouvé exactement ce que j'y ai vécu moi aussi (bon, moi c'était à Lyon, pas à Saint Etienne mais finalement, ça se passe exactement pareil dans n'importe quelle école visiblement). Le formalisme à la con qu'on nous inculque en faisant croire qu'au contraire, c'est la subversion la plus totale. L'élitisme ambiant des profs et les collègues de promo qui se la pêtent avec leur installation à 3 balles. Le vide intersidéral qui règne dans les productions imposées, qu'on nous apprend à camoufler avec des références artistiques fumeuses et des concepts artificiels construits de toute pièce l'avant-veille des rendus. Une production sensée être artistique qui se résume à une vaste imposture bricolée à la va-vite après avoir glandé tout un semestre à rien foutre. Des voyages dits culturels qui ne le sont qu'entre 14h et 16h30 quand on se grouille d'aller faire deux-trois galeries histoire de dire. Ahhhhhhh, quelle fumisterie ! J'en rigole quand même bien avec du recul ! (ne me demandez pas si, à part ça, j'ai appris une quelconque pratique artistique là-bas, la réponse est bien sûr non. Pour ça, fallait se démerder tout seul, il était hors de question que le prof de peinture s'abaisse à nous apprendre à peindre, non mais franchement !). Cela étant dit, et contrairement à moi, Guillaume Long sort des Beaux-Arts en étant diplômé et avec un sacré coup de crayon !

9782908981827FS.gifPour résumer, lisez ces deux courts récits graphiques, ils sont savoureusement caustiques et emprunts d'une poésie toute décalée.
Entre deux instants de paresse télévisuelle, les coups de bourre veille d'examen et les regards en coin d'une mouche mystérieuse, vous apprendrez en outre comment collectionner les boîtes de conserve de produits de la mer. Indispensable, donc !

 

 

Comme un poisson dans l'huile et Les sardines sont cuites de Guillaume Long, Vertige Graphic, 2002 et 2003

 

 

 

 

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