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02/09/2011

Autobiographie d'un fantôme et autres fictions d'Eva Almassy

 

 

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Autobiographie d'un fantôme et autres fictions d'Eva Almassy, L'école des loisirs, coll. Médium, 2007, 107p.

 

 

Telle est la malédiction de Madeleine Delande : dès qu'elle tente d'écrire, elle écrit sa vie et ses souvenirs. Elle se souvient de ci, de ça et elle n'en finit pas. Elle découvre pourtant un remède à cette tendance intempestive à l'autobiographie : porter des gants. Car les mains nues, ces lignes de vie s'impriment sur le clavier et sur l'écran, mais si elle porte des gants... 

"Madeleine Delande se rappela encore une fois les paroles de la comédienne. Mais c'est ça ! Il faudra mettre des gants. Dès demain, elle habillera ses mains pour écrire des histoires toutes différentes, avec des personnages qui ne lui ressembleront pas."

De cette idée lumineuse, Madeleine Delande entame une petite collection de gants et mitaines en tout genre. Des précieux, des anciens, des troués, des costaux et tous la mènent vers une histoire différente, en des temps et des lieux qu'ils inspirent au gré de leur bon vouloir.

Autobiographie d'un fantôme se déploie en petites nouvelles fantaisistes où il est question d'amour, de temps jadis et de jeux de langage.
Certains textes m'ont paru un peu simplistes.
D'autres, par contre, inspirent une jolie réflexion sur l'imagination et le travail de l'écrivain. La Lettre de René et la nouvelle "des gants noirs avec un petit trou à l'auriculaire de la main gauche" m'ont particulièrement plu pour les jeux de langue drôles et plein de finesse. Parfait pour faire comprendre allitération et assonance aux plus jeunes! Un texte qui plaira aux ado amatteurs d'écriture.

 

Pour les 9/13 ans

 



*

 

Extrait :

 

"Lettre de René, en e, ê, è, é...

 

Chère Thérèse,

Mes élèves préférées, Esther et Estelle, se ressemblent. Nées en été, elles pensent être éternellement en été.

Entre septembre et décembre, les rêves errent vers des fenêtres fermées. Esther et Estelle se désespèrent, se perdent en les ténèbres. Ces excellentes têtes s'emmêlent les pensées. Ensemble, elles reprennent les évènements réels - entendez : réellement rêvés - et créent de belles légendes. Permettez en exemple cette brève scène d'été.

L'herbe verte, les trèfles, le vent léger, le temps de fées.

Fête. Crème légère, crêpes, gelée, thé, pêches.

Venez, mes belles, venez, venez. Mettez les verres en cercle.

Esther sert le thé.

- Esther, dépêche! Prends ce mets.

- Semé?

- Ce mets. Ce dessert.

Berk. Esther déteste les crêpes, excepté celles de ces frères, Clément et Serge, experts en tendre crêpes dentelle de Brest. Rebelle elle cherche les prétextes, se défend des crêpes revêches. Elle serre le verre.[...]"