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01/01/2018

Rendez-vous poétique avec Lydie Dattas et Pierre Soulages

La Blonde.jpgJe côtoie La Blonde depuis un moment maintenant, et j'aime y revenir régulièrement. Pas souvent, mais ce qu'il faut dans l'année, de temps en temps, pour re-goûter l'extravagante lumière des outrenoirs de Soulages que Lydie Dattas transmue en icônes d'un monde barbare - buissons ardents, révélateurs, apôtres d'un au-delà de Dieu. Soleils sombres d'années à venir. 

 

Pareil au roi barbare préférant au palatial marbre rouge son palais de bois démontable, le maître pense noir, aime noir, rêve noir. Mettant son orgueil à imiter la simplicité de ses ancêtres, il porte partout ce deuil paysan et dort dans les draps noirs des Illuminations. Des corbeaux coruscants dans un ciel de laque rouge sont pour lui un augure. Dans ce camp retranché un totem écarquille ses yeux angoissés de fabrique. Au dernier coup de gong du soleil descend la nuit spirituelle. Sous le pin parasol où la lune replie ses jambes, au-dessus des plaques tectoniques de l'Esprit, se tient la veillée d'armes. Sur la terrasse où la table est dressée, les érudits du noir banquettent tandis qu'un vent brûlant chasse les miasmes des mots. Dans la pyramide inversée des coupes, la reine au collier de fer verse la gloire sanglante d'un vin. L'horizon marin réduit à son argenture a des miroitements d'arme blanche. Comptant royalement en siècles, le commandeur du noir fait patienter ses troupes. Pendant que le plateau d'Albion couve ses œufs nucléaires, les tableaux dressent leurs ogives nigelles contre la mort dormant dans ses silos. Sentant monter la menace nihiliste, Dieu a envoyé ce janissaire pour nous délivrer du progrès. 

 

 

Outrenoir Soulages.jpg

Peinture 202x452 cm, 29 juin 1979 
Diptyque
Huile sur toile

 

Et bonne année, bien sûr ! 

10/11/2011

L.A. Confidential de James Ellroy

Bon voilà, la lecture de ce bouquin s'est bien éternisée. Non qu'il soit mauvais, bien au contraire, mais c'était laborieux - le style et le propos d'Ellroy ne sont définitivement pas à lire dans n'importe quelle condition. Il faut avoir le temps, la tête dispo et le coeur bien accroché, sinon c'est un coup à avoir les neurones qui flambent et la flemme de continuer.

 

la-confidential.jpg

L.A. Confidential de James Ellroy, ed. Rivages, coll. Noir, 1990 - ed. en poche, 1991, 663p.

(Oui, mais la couverture de l'édition originale est vachement mieux)

 

 

Mais revenons-en au propos, justement. L.A. Confidential : 3eme volet du "Quatuor de Los Angeles" ; précédé du Dahlia Noir (roman excellent, adaptation ciné trop manichéenne pour l'être), du Grand Nulle Part et suivi de White Jazz. Cette série de polar plonge avec une violence glaciale dans l'Hollywood des années 40 à 60 (entre 50 et 58 pour le présent roman).

Trois flics - Ed Exley, jeune premier intelligent avec lunettes et dents qui rayent le parquet, Jack Vincenne dit "La Poubelle", obsédé par les drogues et collabo attitré d'un torchon à scandales et Bud White, la fureur incarnée avec un faible pour les poulettes en détresse - sont embarqués dans l'affaire d'un sextuple meurtre et dans une enquête de pornographie, le tout franchement sordide (j'ai rarement lu un truc aussi sombre - je peux vous dire qu'avec des bouquins comme ça, la foi en l'homme, elle est partie loin aha)

Au départ, j'ai commencé ce Quatuor parce que j'aime les ambiances de polar rétro qu'on imagine en noir et blanc et qu'on lit avec un petit morceau de jazz en fond sonore. En prêtant l'oreille, on peut même entendre la voix off d'un vieux film nous conter l'histoire - vous voyez ce que je veux dire?
En substance, je le continue parce qu'Ellroy a un style d'une noirceur implacable et d'une intelligence cinématographique à la limite du génial. Certes, pas facile à coup de phrases télégraphiques et de rythme hâché (d'après ce que j'ai lu, ce style expérimental est à son apogée dans White Jazz, ça promet!) mais on est plongé dans une ambiance hallucinatoire où on oscille entre l'effroi et la blague - tant les extrêmes s'attirent. Résolument décapant et sans concession mais franchement inventif, à lire de toute urgence si vous ne craigniez pas le glauquissime pour vos soirées hivernales.

Et sur ce, cher amis, je vais me refaire le film (datant de 1997) et aller baver devant Russel Crowe (gniak gniak gniak!)

 

 

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