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12/03/2020

M Train de Patti Smith

m train,patti smith,littérature américaine,poésie,photographie,artTrouve la vérité de ta situation. Va avec audace.

J'adore Patti Smith. Sa musique, évidemment, mais aussi sa littérature - quelle émotion à la lecture de Just Kids ! - sa photographie, ses errances solitaires, ses prises de positions et ses accointances artistiques - c'est-à-dire que Patti Smith aime Frida Kahlo, Rimbaud, Sylvia Plath, les séries policières moisies, les chats et écrire dans les cafés. On est faites pour s'entendre - à ceci près que je suis plus thé que café mais comme ça, c'est parfait, on se complète bien !

J'étais donc ultra enthousiaste en attaquant M Train durant mon périple lyonnais, car je me disais qu'ainsi, nous allions partager chacune un petit bout de nous-mêmes et, en un sens, ce fut le cas. Mais malgré le délice de me promener avec elle, main dans la main, je dois bien reconnaître que littérairement parlant, sur ce coup-là, je me suis ennuyée.


Ce texte est bien trop anecdotique à mon goût, sur tout et tout le temps. Les petits évènements de la vie de Patti Smith ne sont pas l'occasion de réflexions quelconques, de méditations poétiques (à part quelques rares éclairs un peu sympas qui se distinguent d'ailleurs du reste en italique) ou de propos un peu consistants, comme je l'avais espéré. Ce sont juste des petits évènements de la vie de Patti Smith. Patti Smith se lève avec la tête dans le cul. Patti Smith boit du café. Patti Smith regarde New York Unité Spéciale. Patti Smith lit, prend des photos et/ou perd des trucs. Patti Smith voyage - mais on a juste les détails anecdotiques du dit-voyage. Patti Smith achète une bicoque en ruines au bord de l'océan. Patti Smith se couche toute habillée. Repeat.

Alors bon, j'adore Patti Smith mais on n'est pas obligé de tout passer aux gens qu'on aime, n'est-ce pas ?

 

05/03/2018

Rendez-vous poétique avec Saint-John Perse et Nicolas Genette

vents, saint john perse, poésie, rendez-vous poétique, nicolas genette, photographie, art, art contemporain, le fauteuil, erdeven, L'hiver a abattu ses dernières cartes la semaine dernière avec un regain de froid piquant. La vérité, c'est que le printemps gagne du terrain, doucement mais sûrement.
Pour accompagner sa marche, je goûte aussi doucement mais sûrement le recueil que voici de Saint-John Perse, Vents. Poète particulièrement exigeant - mais n'est-ce pas le cas de tous les poètes ? -, Prix Nobel de Littérature ô combien érudit et décoiffant, il y a chez lui quelque chose de Rimbaud ou de Whitman. Cet espèce d'élan, cette quête insatiable du nouveau et ce don de voyant qu'il exalte à chaque ligne de chaque texte en prose. 

Un extrait de l'un d'eux résonne particulièrement en moi en cette période. Plus tout à fait l'hiver ; déjà le printemps. Encore empêtré d'un passé puissant, nous sentons poindre déjà la vibration de la nouveauté, la renaissance qu'il nous appartient de faire advenir. Le poète est ce héraut qui porte l'appel à tous les hommes. Il fait chanter puissamment la cloche du réveil. Il nous éclaire : à nous de faire le reste. 

*

A quelles fêtes du Printemps vert nous faudra-t-il laver ce doigt souillé aux poudres des archives - dans cette pruine de vieillesse, dans tout ce fard de Reines mortes, de flamines - comme aux gisements des villes saintes de poterie blanche, mortes de trop de lune et d'attrition ?
Ha ! qu'on m'évente tout ce loess ! Ha ! qu'on m'évente tout ce leurre ! Sécheresse et supercherie d'autels... Les livres tristes, innombrables, sur leur tranche de craie pâle...

Et qu'est-ce encore, à mon doigt d'os, que tout ce talc d'usure et de sagesse, et tout cet attouchement des poudres du savoir ? comme aux fins de saison poussière et poudre de pollen, spores et sporules de lichen, un émiettement d'ailes de piérides, d'écailles aux volves des lactaires... toutes choses faveuses à la limite de l'infime, dépôts d'abîmes sur leurs fèces, limons et lies à bout d'avilissement - cendres et squames de l'esprit. 

Ha ! tout ce parfum tiède de lessive et de fomentation sous verre... , de terres blanches de sépulcre, de terres blanches à foulon et de terre de bruyère pour vieilles Serres Victoriennes..., toute cette fade exhalaison de soude et de falun, de pulpe blanche de coprah, et de sécherie d'algues sous leurs thalles au feutre gris des grands herbiers, 
Ha ! tout ce goût d'asile et de casbah, et cette pruine de vieillesse aux moulures de la pierre - sécheresse et supercherie d'autels, carie de grèves à corail, et l'infection soudaine, au loin, des grandes rames de calcaire aux trahisons de l'écliptique...
S'en aller ! s'en aller ! Parole de vivant !

*

 

 

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Le fauteuil, Nicolas Genette, 2015

 

Le rendez-vous poétique de Maryline

05/02/2018

Rendez-vous poétique avec Sylvia Plath et Bae Bien-U

Winter trees.jpgEn guise de nouveauté 2018, vous avons décidé, avec Maryline, de donner un peu plus de visibilité à la poésie sur nos blogs - et j'espère que cette initiative conjointe m'évitera de procrastiner à la tâche !
Pour commencer ces nouveaux rendez-vous poétiques en binôme, j'ai choisi un texte de saison (et pour cause : il neige à gros flocons et tout est blanc chez moi !) d'une poétesse que j'aime particulièrement depuis de nombreuses années. 

Chez Sylvia Plath, la tentation du néant est omniprésente ; elle semble graviter perpétuellement au bord d'un vide ontologique dépourvu de Dieu depuis la mort du père. Son écriture s'ingénie à rappeler à elle l'unité perdue, à raviver les souvenirs, fouetter la confiance et restitue surtout le va-et-vient incessant entre l'angoisse et l'exaltation qui conduit la poétesse à vivre toujours ballottée par sa marée intérieure. 

Arbres d'hiver, extrait du recueil éponyme, exprime exactement cette ambiguïté, cette contamination, même, du néant sur le vivant, avec une maîtrise magistrale, une retenue, une pudeur et un regard acéré. Jamais Sylvia Plath ne s'emballe ou ne déborde, jamais elle ne s'émerveille ou ne s'effondre dans son travail. L'écriture poétique est au contraire l'effort toujours renouvelé de la lucidité, de l'attention au monde, à défaut de parvenir à le recomposer ou à le recréer.
"Face à ce qui se dérobe, certains renoncent. Sylvia Plath s'obstine à regarder, nommer, inventorier."

Belle journée poétique !

 

Arbres d'hiver

Les lavis bleus de l'aube se diluent doucement. 
Posé sur son buvard de brume 
Chaque arbre est un dessin d'herbier — 
Mémoire accroissant cercle à cercle 
Une série d'alliances. 

Purs de clabaudage et d'avortements, 
Plus vrais que des femmes, 
Ils sont de semaison si simple ! 
Frôlant les souffles déliés 
Mais plongeant profond dans l'histoire — 

Et longés d'ailes, ouverts à l'au-delà. 
En cela pareils à Léda. 
Ô mère des feuillages, mère de la douceur 
Qui sont ces vierges de pitié ? 
Des ombres de ramiers usant leur berceuse inutile.

*

Winter trees

The wet dawn inks are doing their blue dissolve.
On their blotter of fog the trees
Seem a botanical drawing.
Memories growing, ring on ring,
A series of weddings.

Knowing neither abortions nor bitchery,
Truer than women,
They seed so effortlessly!
Tasting the winds, that are footless,
Waist-deep in history.

Full of wings, otherworldliness.
In this, they are Ledas.
O mother of leaves and sweetness
Who are these pietas?
The shadows of ringdoves chanting, but chasing nothing.

Bae Bien.jpg

Bae Bien-U

 

Le billet de Marilyne