22/02/2012
La nuit de l'oracle de Paul Auster
La nuit de l'oracle de Paul Auster, traduit de l'américain par Christine Le Boeuf, Actes Sud, 2004, 238p.
La nuit de l'oracle, ça commence avec une histoire des plus prometteuses : Sidney Orr se remet d'une longue maladie qui l'a laissé à demi inconscient et cloué à l'hôpital pendant plusieurs mois. Un fois rentré chez lui et afin de reprendre progressivement la forme, il rythme ses journées de promenades de plus en plus longues pendant lesquelles il renoue avec Brooklyn et réfléchit à son travail d'écrivain en stand by. Il tombe un jour par hasard sur une papeterie et y déniche un carnet bleu importé du Portugal : c'est le coup de foudre. Il l'achète et dès son retour chez lui, écrit frénétiquement plusieurs heures l'ébauche d'un futur roman.
Et là, la 4eme de couverture laisse planer le suspens sur les suites de cette écriture hypnotique, évoquant que cela va le conduire à de "dangereuses surprises"... Le carnet aurait-il un pouvoir mystérieux ?
Autant vous dire que ce synopsis m'a immédiatement donné envie de lire le bouquin, d'autant plus lorsque au début du roman, l'auteur commence à filer deux mises en abymes successives : Sidney Orr écrivant son ébauche de roman et y incluant un autre roman dont il relate également l'histoire. On plonge, on plonge avec grande délectation. Décidément, Paul Auster a un don absolument étourdissant de narrateur : on est instantanément vissé à sa prose et on enchaîne les pages avec avidité comme s'il s'agissait d'un polar !
Sauf que - cela se gâte : systématiquement, je finis par être déçue. Je suis harponnée, je bois ses mots, et puis il commence à se barrer en cacahuètes en disperçant l'intrigue, en ébauchant des intrigues dans les intrigues, en distillant des mystères un peu partout, pour finir par une chute à la noix qui ne résoud absolument rien. Un peu comme dans La musique du hasard, il tue un des personnages, comme si la mort était sensée apporter la clé alors que ça apporte quedalle, ça laisse juste en suspens pleins de pistes qu'il n'a fait qu'ébaucher, au milieu desquelles il a fini par perdre le propos et finalement, ne sachant pas comment démêler la chose, il nous plante lamentablement. Genre tadammmm, je savais pas comment finir alors je tue un gars. Heu ouais, génial. Et sinon ?!
Bref, j'ai l'impression de m'être fait embarquer dans une vaste fumisterie, comme si je m'étais fait hypnotiser pour rien, au final. C'est quand même dommage. Il avait de l'or en barre avec son histoire, le père Auster, et encore plus avec son talent de conteur. Pourquoi il veut toujours trop en faire, pourquoi il s'éparpille au lieu de creuser, et pourquoi il chiade par un peu plus ses chutes ?! C'est trop injuste !
En fait, je me dis qu'il devrait travailler avec un scénariste, comme les auteurs de BD. Lui, il écrit - comme d'autres dessinent - parce que pour ça, on est d'accord qu'il est extraordinaire mais il laisse le soin à quelqu'un de compétent d'élaborer une histoire qui se finit pas en queue de cerise !
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09:00 Publié dans Littérature anglophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : new-york, écrivain, carnet, processus créatif, mise en abyme
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