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15/06/2020

The Heir de Vita Sackville-West

the heir,l'héritier,vita sackville-west,héritage,domaine,maison,ancêtre,paon,amour,paix,sérénité,mois anglais,lireenvo2020,lire en vo,vintage novelPeregrine Chase découvre le domaine de Blackboys en même temps qu'il en devient propriétaire : sa tante est morte ; il est l'unique héritier. Nul doute qu'il ne souhaite pas s'encombrer de ce manoir vieillissant, de toutes ces fermes en métairie et de ces paons bruyants qui se pavanent en terrain conquis. Aussi Mr Nutley, le notaire exécuteur testamentaire de feu Miss Chase - personnage pénible de mesquinerie et de condescendance au demeurant -  prend-t-il les devants. La visite des lieux faite, il lance immédiatement les hostilités d'une vente aux enchères de tous les biens pour rembourser l'hypothèque qui pèse sur l'héritage, sans vraiment demander l'avis de Chase. En même temps, notre héros est du genre taiseux et observateur. Il laisse faire. Au départ, il ne se destinait effectivement à rien d'autre qu'à faire l'aller/retour à Blackboys pour tout liquider. Mais c'était sans compter l'attraction du domaine dont la lumière et la végétation apportent à Chase une sérénité jusqu'alors inconnue. Le manoir, dans sa famille depuis toujours, résonne à ses oreilles comme une évidence limpide. Le chien, même, reconnaît déjà l'héritier comme son nouveau maître.

https://www.telegraph.co.uk/content/dam/Travel/2020/January/Sissinghurst-Castle-Garden-220643318_%C3%82%C2%A9National-Trust-Images-Andrew-Butler_The-Cottage-Garden-in-April-at-Sissinghurst-Cast.jpg
Un aperçu du jardin de Sissinghurst Castle, le domaine de Vita Sackville-West

Le texte est court (90 pages dans mon édition) et à la fois contemplatif et piquant. Blackboys revêt tous les atours d'un jardin d'Eden païen et luxuriant dans lequel Chase découvre les véritables richesses de l'existence : le silence, la paix, la solitude. C'est une rencontre presque amoureuse ; la maison, d'ailleurs, semble vivante et c'est peut-être bien elle, au fond, le véritable protagoniste de l'histoire. Elle est à elle seule toutes les racines et tous les fruits de la famille depuis longtemps disséminée. En revenant aux sources, Chase se retrouve du même coup. Il n'a beau rien dire et sembler passif une bonne partie du récit, la magie du domaine se déverse puissamment en lui comme la poésie délicieuse de Vita Sackville-West au gré des pages. On sent ici sous la plume son amour de la nature et des jardins. Et puisque Vita reste Vita, elle ne se prive pas non plus d'exercer son ironie primesautière sur le caractère des personnages, notamment des notaires qui en prennent joliment pour leur grade, mais aussi des futurs acquéreurs nouveaux riches, ou même des paons ! The Heir, traduit par L'héritier aux éditions Autrement, se déguste doucement et avec délectation comme une bonne margarita frappée un soir d'été.

For at the center of all was always the house, that mothered the farms ans accepted the homage of the garden. The house was at the heart of all things; the cycle of husbandry might revolve - tillage to growth and growth to harvest - more necessary, more permanent, perhaps, more urgent, ut like a woman gracious, humorous, and dominant, the house remained quiet at the center. To part the house ans lands, or to consider them as separate, would be no less than parting the soul and the body. The house was the soul; did contain and guard the soul as in a casket, the lands were England, Saxon as they could be, and if the house were at the heart of the land, then the soul of the house must indeed be at the heart and root of England, and, once arrived at the soul of the house, you might fairly claim to have pierced to the soul of England.

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Le mois anglais chez Lou et Titine

Journée consacrée aux vintage classics

 

Textes précédemment chroniqués de Vita Sackville-West : Au temps du roi Edouard, Dark Island, Le diable à Westease.

 

24/01/2017

Le passage du diable d'Anne Fine

Le passage du diable.jpg
Le passage du diable d'Anne Fine, L'école des loisirs, Médium poche, 2016, 366p. 

 

J'ai toujours eu une drôle de vie. Depuis le tout début. Moi, je ne la trouvais pas bizarre, bien sûr. Je suis convaincu que chaque individu, sur cette terre, est persuadé de mener une vie normale et croit que c'est celle des autres qui ne l'est pas. Quoi qu'il en soit, ma vie à moi avait débuté fort singulièrement, par la façon dont on m'avait élevé. 

Ah oui, c'est le moins que l'on puisse dire ! Daniel Cunningham, qui doit avoir une bonne dizaine d'années (je ne me rappelle plus exactement, honte à moi) a toujours vécu cloîtré, se pensant gravement malade. En tête à tête avec sa mère, celle-ci ne l'autorisait qu'à peine à sortir au jardin, assis sur un fauteuil et un plaid sur les genoux, à la belle saison. Le reste du temps, Daniel passait son temps au lit, entouré de rares jouets devenus pour lui le monde, dont une vieille maison de poupées représentant la maison d'enfance de sa mère. Et voilà qu'un beau jour, un médecin, aidé par une mise en scène rocambolesque, délivre Daniel de cette réclusion forcée et injustifiée : Le jeune garçon n'est pas du tout malade ! Dès lors, il est retiré à sa mère et ne cesse de se demander si celle-ci était consciente ou non de son véritable état. Que devient-elle, d'ailleurs ? Le quotidien dans la famille qui l'accueille a beau être agréable, Daniel ne cesse de revenir régulièrement à ces questions cruciales, d'autant que pendant ce temps-là, la maison de poupées semble développer un étrange pouvoir d'envoûtement sur ceux qui s'y amusent. 

Les passages du diable sont les chemins les plus ordinaires. Croyez-moi. Et le mal n'a pas toujours les traits de la laideur. On ne saurait lire, sur le visage d'un homme, la couleur de son âme. Mais rassurez-vous, poursuivit-il en levant les bras, il existe un moyen de s'en défendre, un seul. Car le diable ne peut arriver a ses fins sans votre aide. Il ne triomphe que si vous lui ouvrez la porte.

Comme dans bien des récits fantastiques, on plonge dans celui-là sans pouvoir le lâcher avant la fin. C'est quand même une sacrée trouvaille, cette narration interne à la première personne : le lecteur, avide d'être embarqué loin de chez lui, s'y engouffre joyeusement. L'identification est parfaite : on ne discute rien, on s'amuse de tout.
Dans ce roman, Daniel se pose mille questions, et pour cause : il prend conscience en fort peu de temps que son enfance lui a été peu ou prou volée, que sa mère n'est probablement pas très stable psychologiquement (sans savoir exactement à quel point) et qu'il ne lui reste rien de plus qu'une maison de poupées. Si l'on considère tous ces paramètres, je trouve le personnage de Daniel finalement assez résilient au cours du récit ! Il n'empêche que dans cet univers qui n'a rien à voir (je l'espère) avec celui du lecteur lambda, on déambule tout à fait proche de notre narrateur personnage, se disant au départ qu'après tout, les faits ne sont pas si incongrus. Mais à force et à bien y réfléchir, les dits-faits deviennent de plus en plus étranges et fréquents. Ils semblent monter en puissance. L'apparence de réalité se fait grignoter. Le cœur de l'énigme réside, on le comprend vite, dans la maison de poupées et même, dans une poupée en particulier, dont on ignore pour l'instant le rôle et l'identité. 

J'ai plongé avec grand plaisir dans ce bon roman ado qui illustre parfaitement, de façon contemporaine et très accessible, tous les ressorts de la littérature fantastique. Je dois toutefois reconnaître qu'il est assez attendu à bien des moments. Le lecteur un peu adulte saisira assez rapidement où le récit nous mène, ce qui limite le fameux doute fantastique. Ce micro bémol ne doit pourtant pas vous induire en erreur : Le passage du diable est un chouette récit, mené sans temps morts ni ennui et nous balade dans des contrées au climat et aux personnages de plus en plus étranges. De quoi nous divertir quelques centaines de pages. 

Ah! Les livres! Sans eux, je serais devenu fou.
Je ne pouvais ni nager, ni marcher, alors d'autres remontaient à ma place des rivières infestées de crocodiles et escaladaient des sommets enneigés.

Encore une belle découverte ado, que je dois à Moka ! Merci ! 

 

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14ème participation