Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

30/01/2012

Le prince et le moine de Robert Hasz

Le prince.jpg

Le prince et le moine de Robert Hasz, traduit du hongrois par Chantal Philippe, ed. Viviane Hamy, 2007, 428p.

 

Au coeur du Xe siècle, les territoires de l'Europe Centrale s'animent entre l'ouest Catholique et le sud-est Byzantin. Entre les deux, sur les plaines de l'actuelle Hongrie, évolue le peuple des Magyars, fiers cavaliers nomades venus des lointaines terres du nord-est. Conquérants et ambitieux, ils guerroient depuis de nombreuses générations sur ces terres nouvelles afin d'étendre leur royaume. 

Longtemps auparavant, les Magyars étaient gouvernés par deux souverains. La Gyula, seigneur des armées et des hommes, et le Künde, seigneur spirituel, voix du Dieu-Ancêtre. Ces deux entités assuraient l'harmonie et le partage du pouvoir. Pourtant, la conquête acharnée ayant ses propres raisons, un complot fût fomenté par le Gyula et le Künde fut assassiné ; le corps de son fils unique ne fut jamais retrouvé et son peuple fut exilé en un lieu que personne ne semble plus connaître. A l'heure du récit, le peuple Magyar est tronqué et orphelin de la voix du Dieu-Ancêtre et les jeunes générations oublient peu à peu les mythes fondateurs.

C'est dans ce contexte sombre et incertain que Stephanus de Pannonie, moine bénédictin vieillissant est envoyé sur ordre de son abbé parmi ces tribus païennes pour délivrer un message du Pape. Avant de partir, il lui remet une insigne dont il ne connait rien représentant un aigle - cela, lui dit-il, pourrait lui être utile. De ce long voyage, Stephanus reviendra pour mieux se cacher dans la forêt et vivre en ermite. Il aura la visite de son ancien protégé du monastère, Alberich de Langres, à qui il racontera son périple ponctué de trahisons et de lointaines légendes.

C'est cette voix, ce récit d'aventures et de mythes, que nous raconte Robert Hasz avec un souffle épique impressionnant et l'imagination des conteurs d'antan. Du mythe fondateur des Magyars, voici qu'il nous en déroule l'épopée saisissante - cela, je vous le dis, n'a rien à envier au Trône de fer ! Il s'agit d'un roman dense et fouillé sur lequel le temps n'a pas de prise, qui se lit comme une aventure fantastique et où tout nous parle d'humanité et de l'importance de se rappeler d'où l'on vient dans un univers en pleine mutation. A n'en pas douter, sous les atours dépaysants de la chanson de geste, Robert Hasz nous parle aussi de nous, ici et maintenant.

 

Vous trouverez ici une interview de l'auteur pour Evene.fr et ici l'excellente chronique de Laurent Geslin pour Le Monde Diplomatique.

 

 

*

 

Extrait :

 

"Voici le monde, je te le confie, veille sur mes animaux et sur mes prairies. Tu peux prendre ce dont tu as besoin mais pas plus qu'il ne t'est nécessaire. Le Dieu-Ancêtre dételé un des douze chevaux blancs de son char de fe et l'apporta à l'homme sur la Terre, disant : voici ton cheval, afin que sur la terre tu sois plus rapide que le vent, et que dans le ciel, tu voles plus haut que le faucon. Puis il lui donna aussi l'art d'or afin qu'il protège les animaux qu'il lui avait confiés. Enfin, le Dieu-Ancêtre planta un grand arbre qui touchait le ciel, et il dit à l'homme : Voici l'Arbre-qui-touche-le-ciel, il relie l'homme au Dieu-Ancêtre. S'il te faut quelque chose, grimpe jusqu'au sommet et tu trouveras dans le ciel ce dont tu as besoin."

 

 

*

25/01/2012

Le capuchon du moine d'Ellis Peters

Situation dramatique n°1 : partir en week-end, emporter un unique bouquin (en plus du précédent quasi fini) et découvrir malgré un acharnement de plusieurs dizaines de pages que ce dernier ne plait pas du tout.
Mesure d'urgence  : courir les bouquinistes du quai St Michel qui, Dieu merci, sont ouverts le dimanche, et chopper un poche au gré de l'improvisation, sans le feuilleter, en se disant "on va bien voir, ça peut pas être pire que l'autre"

 

 

Peters-Ellis-Le-Capuchon-Du-Moine-Livre-423608030_ML.jpg

Le capuchon du moine d'Ellis Peters, 10/18, 1989, 288p.

 

 

Cadfael, moine bénédictin d'origine galloise, occupe au sein de son abbaye les fonctions d'herboriste - les plantes et leurs pouvoirs n'ont aucun secret pour lui. Pourtant, on retrouve bientôt l'honorable maître Bonal, récemment installé à proximité de l'abbaye après avoir cédé son manoir à l'ordre bénédiction, tué par une des potions de Cadfael contenant de l'aconit, autrement appelé "capuchon du moine". Qui a bien pu détourner ainsi frauduleusement une lotion sensée soulager les douleurs articulaires pour la lui faire ingérer dans son repas? Sur ce point, Cadfael entend bien tout clarifier malgré les soupçons qui pèsent immédiatement et trop facilement sur le beau-fils de la victime.

Le concept de polar médiéval, voilà qui a interpelé ma curiosité. Comment donc mettre en scène au XIIe siècle les ficelles d'un genre qui apparait plutôt anachronique ? Non parce que, mener une enquête, interroger des témoins, chercher des indices... Au Moyen-Âge ? Voilà qui était un pari plutôt osé de la part de l'auteur, surtout quand il s'agit de faire mener l'enquête par un moine - les moines, comme chacun sait, étaient très libres de leurs mouvements et n'avaient rien d'autres à glander de leurs journées à cette époque. De fait, c'est d'une totale invraisemblance mais cela se laisse lire avec plaisir néanmoins. Après tout, la vraisemblance n'est pas l'enjeu majeure de la littérature. Les personnages sont agréables et bien croqués, le décor de l'abbaye pose une atmosphère originale. Je regrette quand même la faiblesse de l'intrigue. La quatrième de couverture annonçait un meurtre parfait qu'il allait être ardu de démêler. Bon, ben, non. Le coupable saute aux yeux assez rapidement, il y a pas de quoi casser trois pattes à un canard. C'est un bon livre de gare à lire pendant un trajet en train et puis voilà.