13/01/2012
Monsieur Walser et la forêt de Gonçalo M. Tavares
Monsieur Walser et la forêt de Gonçalo M. Tavares, ed. Viviane Hamy, 2011, 50p.
Gonçalo M. Tavares explore depuis quelques ouvrages des figures étonnantes, des types au patronyme célèbre qui peuplent le Bairro - le village, le quartier en portugais. Après Monsieur Brecht ou Monsieur Calvino, voici Monsieur Walser, habité d'une envie de retour aux forêts. Pour cela, il se fait construire une cabane au milieu des bois, en marge du village. Pas tant une envie de nature qu'une envie de coloniser cette nature par la construction pointue d'un lieu neuf où se retrancher, avoir la paix. Le jour d'entrée dans la maison, Monsieur Walser se délecte de tout ce mobilier, cet habitat flambant, douillet, rassurant, impeccable. Jusqu'à l'arrivée d'un ouvrier qui dit devoir réparer un élément défectueux, puis un deuxième puis toute une floppée qui envahit les lieux et trouble le personnage. La maison ainsi que sa tranquilité partent en déliquescence.
Ce livre est comme un petit conte drolatique et piquant, un croquis par type de nos travers. J'avoue que je ne m'attendais pas à ça mais à quelque chose de plus fouillé, de plus complexe dans la réflexion - il faut dire que je ne m'attendais pas à un bouquin aussi fin. Ici, l'auteur suggère, invite à la réflexion par la mise en scène de cet épisode presque théâtral - à nous de creuser plus loin. Une lecture intéressante sur divers points mais qui ne m'a pas habitée à cause de cette posture formelle et très détachée qui a tendance à me laisser assez froide.
*
Extrait :
"Comme Walser est content ! A peine ouvre-t-on la porte de sa maison - il le sent bien - que l'on pénètre dans une autre monde. Comme s'il ne s'agissait pas seulement d'un mouvement physique dans l'espace - avancer de deux pas - mais aussi d'un déplacement - autrement plus puissant - dans le temps. Entre le pied de derrière, dont il se dégage encore une odeur de terre et la sensation, en rien objective, mais qui existe bel et bien, d'être entouré de choses vivantes mais qu'on ne comprend pas complètement et qui ne nous comprennent pas non plus - les éléments de la forêt - , entre ce pied de derrière, donc, et ce pied de devant, qui a déjà franchi le pas de la porte, la distance parcourue ne doit pas se mesurer en centimètres mais en siècles, voire en millénaires."
et hop, encore une lecture pour le challenge de la rentrée littéraire 2011 tant qu'à faire!
09:00 Publié dans Challenge, Littérature lusophone | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : walser, forêt
11/01/2012
En parlant de lire des classiques... Challenges 2012 au taquet !
Quelle meilleure manière de parfaire mon inculture classique que de m'inscrire à quelques challenges pour me motiver?
C'est chose faite avec celui de Cécile qui propose de lire un classique par mois cette année.Sans restriction aucune de périodes, langues ou auteurs, c'est dans la liberté qu'on pourra replonger dans la littérature d'hier.
Il m'arrivera de grouper ce challenge avec celui de Lili galipette, Miss Bouquinaix et George qui proposent de lire l'intégrale des Rougon Macquart! Et oui, je ne suis pas la seule folle à me lancer ce défi. Au lieu de le faire en solitaire, je le partagerai donc avec mes consoeurs bloggeuses :)
Un petit rappel des 20 Rougon-Macquart :
La Fortune des Rougon (1871)
La Curée (1872)
Le Ventre de Paris (1873)
La Conquête de Plassans (1874)
La Faute de l'abbé Mouret (1875)
Son Excellence Eugène Rougon (1876)
L'Assommoir (1877)
Une page d'amour (1878)
Nana (1880)
Pot-Bouille (1882)
Au Bonheur des Dames (1883)
La Joie de vivre (1884)
Germinal (1885)
L'oeuvre (1886)
La Terre (1887)
Le Rêve (1888)
La Bête humaine (1890)
L'Argent (1891)
La Débâcle (1892)
Le Docteur Pascal (1893)
J'ai coloré en violet ceux que j'ai déjà lu (je ne pense pas néanmoins en rédiger des billets, certains datant de plusieurs années, je ne suis pas sûre de m'en rappeler suffisamment bien pour en faire un article un peu construit) mais je chroniquerai les prochains - notamment La Terre qui est en cours de lecture.
Cela dit, même si je n'en fais pas de billets, je vous recommande particulièrement La Fortune des Rougon et La Conquête de Plassans, tous deux absolument savoureux sur les mécanismes de l'arrivisme et L'Oeuvre, où l'on se prend de plein fouet les affres de la création d'un peintre raté ou trop en avance sur son époque (fortement inspiré de Cézanne - ce qui a valu une brouille entre les deux artistes d'ailleurs). Evidemment, il y a L'Assommoir, Germinal, également exceptionnels... Mais ceux là sont suffisamment connus pour ne pas avoir besoin d'être conseillés.
Ca promet !
12:53 Publié dans Challenge | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : classiques, zola, rougon-macquart
10/01/2012
Top Ten : Les livres qu'on retient de 2011 et ceux qu'on a envie de dévorer en 2012
Bon, je suis en gros décalage avec The Broke and the Bookish qui a publié ces Top Ten il y a quelques semaines + j'en fais deux en même temps, mais c'est pas grave.
Les 10 livres que je retiens de 2011 (et que je vous conseille avec force et yeux de biche)
Romans :
- La piste mongole de Christian Garcin. Enorme coup de coeur. Un univers atypique, bordélique, érudit et halluciné, une lecture voyage de folie servie par une plume d'une grande qualité. Pour vous dire, c'est le premier bouquin qui me vient à l'esprit lorsque je pense à mes lectures marquantes de 2011
- Le mur invisible de Marlen Haushofer. Une jeune femme se retrouve seule avec son chien, coupée du monde en pleine forêt autrichienne après l'apparition d'une étrange coupole invisible qui l'isole de tout. A l'extérieur, le monde s'est figé. C'est un peu une robinsonnade absurde et immobile où il s'agit de réapprendre à vivre et surtout de continuer à le faire. Un livre simple, sans grande pompe mais essentiel, délicat, inspiré et pertinent. Une merveilleuse découverte.
- Bliss de Shauna Cross. Oui, je sais, celui-là je le ressors tout le temps mais bon, un roman ado qui me scotche et m'enthousiasme, devrais-je dire qui me fait frétiller de plaisir, c'est suffisamment rare pour être noté plusieurs fois.
- Tout est illuminé et Extrêmement fort et incroyablement près de Jonathan Safran Foer. L'humour et le langage maniés avec une intelligence et une inventivité vraiment ébouriffante. Qu'on aime ou qu'on déteste, on ne peut pas rester insensible au travail de cet auteur.
Poésie :
- Lettres en provenance de la nuit de Nelly Sachs. L'auteur lance des missives poétiques et embrûmées à sa mère disparue. On ressent à la fois le manque cruel et la lumière de la vie qui veut encore se battre.
- Le gardeur de troupeaux de Fernando Pessoa. Je souhaite en faire un billet depuis sa lecture mais parler de poésie m'est tellement difficile. La simplicité à l'état brut mâtinée de spirituel pas cucul. Une merveille.
- Onzains de la nuit et du désir de Jean-Yves Masson. Idem. Il faut que j'arrive à pondre ces billets, d'autant que la poésie est essentielle pour la santé, si si. Ici, il y a ce petit côté suranné de la forme qui titille. Puis le propos, à la fois terriblement d'actualité, bien plutôt intemporel, et le ton qui laisse deviner Rilke qui s'enlacent avec virtuosité. Les éditions du Cheyne sont les meilleurs en poésie de toutes façons :p
Romans graphiques :
L'année 2011 m'a enfin vue ouvrir un roman graphique. Il était temps. J'ai globalement bcp apprécié tout ce que j'ai lu mais je retiendrai essentiellement ces deux là :
- Pyongyang de Guy Delisle.
- Maus d'Art Spiegelman.
Tous deux pour leur propos, leur intelligence, leur cohérence dans le croquis d'instantanés. Deux très belles découvertes.
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Les 10 livres que j'ai mis dans les starting blocks de 2012
Plus je lis, plus je me rends compte que j'ai d'impressionnantes lacunes en matière de classiques. Il y en a tellement aussi, franchement. Et puis certains font peur - vous avez vu les pavés? Bref, comme les années précédentes, je vais quand même tâcher cette année de soigner un peu mon inculture.
- Les Rougon-Macquart restants de Zola. Ceci dans le cadre du challenge très très privé que je me suis lancée il y a quelques temps afin d'en lire l'intégrale. En ce moment, je suis sur La Terre. Il ne m'en restera plus que 7 ensuite. Je tiens le bon bout (et sinon, je confirme que je ne suis pas masochiste, j'aime vraiment lire Zola :D)
- Au coeur des ténèbres de Conrad
- 1984 de George Orwell
- La chartreuse de Parme et Le rouge et le noir de Stendhal
- 100 ans de solitude de Gabriel Garcia Marquez
- Les possédés de Dostoïevski (mais vu la taille du pavé, j'ai les miquettes)
- L'homme qui rit de Victor Hugo
- Un peu de Shakespeare. Je sais pas encore quoi, mais ce serait pas du luxe.
- Moby Dick de Melville
Et bien d'autres bouquins...
Et ben, y a du pain sur le planche !
09:04 Publié dans Top Ten | Lien permanent | Commentaires (3)