14/05/2012
Mon doudou divin de Katarina Mazetti
Ante Scriptum : Pour les envies de SWAP de L'ETE, l'article concerné et les inscriptions sont par ici !
Mon doudou divin de Katarina Mazetti, ed. Gaïa, 2012, 210p.
La dure vie des pigistes veut qu'à un moment donné, on fouille un peu n'importe où pour dénicher de quoi gratter quelques articles et donc, de quoi gagner sa vie. C'est le cas de Wera, à l'affût d'une inspiration, lorsqu'elle tombe au supermarché sur une annonce proposant un stage spirituel de trois semaines. Elle propose aussitôt une série d'articles sur ce sujet à un magazine culturel et part vaillamment à la rencontre de l'inconnu. A l'arrivée, elle découvre un groupe de six personnages disparates dont un maitre de stage un brin sûr de lui, une hôte maternelle à souhait (du moins au début) et une fonctionnaire qui trimballe sa croix.
Ne connaissant l'auteur que de nom (malgré tout le foin qu'avait fait Le mec de la tombe d'à côté), j'ai attaqué cet ouvrage sans aucune arrière pensée ni aucune attente, si ce n'est celle de lire une intéressante vision sur le cheminement spirituel (après tout, c'est ce que laissait présager la 4eme de couv). Le style des premières pages m'avaient plu, le sujet également, je l'ai donc embarqué avec enthousiasme.
Et puis comme parfois, l'enthousiasme retombe comme un soufflé. Les pages défilent non sans plaisir, c'est un fait. Katarina Mazetti a une écriture enlevée, un brin humoristique et perspicace, pas du tout désagréable. C'est plutôt du côté du fond que le bât blesse. Quid d'un développement spirituel un peu consistant, un peu intéressant? Et bien nada ! C'est non seulement extrêmement superficiel mais surtout caricatural. Le petit groupe de retraite ne brosse que des personnalités stéréotypées plutôt ridicules, toutes dans un mal être tellement vissé qu'elles ne font que s'insurger ou pleurnicher. Quant à l'organisateur, ce n'est ni plus ni moins qu'un erzats de gourou pas même crédible (le coup de la robe, sérieusement?). Il n'y a aucun cheminement, aucun développement intérieur. Tout le monde reste sur des positions idéalistes, revendicatrices, ou égotiques. Chacun construit sa croyance comme on joue au légo, comme si, une fois encore, c'était l'homme qui était au centre. A lire ce roman, je me suis demandée pourquoi l'auteur avait pris un tel sujet puisque visiblement, elle n'a aucune fibre spirituelle et nourrit plutôt une sorte d'aversion ironique et prétentieuse à cet endroit. Elle s'est fait plaisir à la déverser, restant campée sur ses préjugés, ce qui est somme toute, parfaitement inintéressant pour un quelconque lecteur.
Et puis, cette fin hollywoodienne ! Mais qu'est-ce que c'est que cette entourloupe à trois sesterces ? C'était déjà pas brillant jusque là mais alors ça achève de tout enfoncer copieusement !
Bref, de la soupe spirituelle sauce lecture de vacances, à lire exclusivement au bord de la mer (parce que quand le soleil tape fort, on peut pas se concentrer sur plus sérieux), mais c'est à peu près tout l'intérêt qu'il y a à y trouver.
PS : Aucun commentaire sur le bon goût du titre et de la couverture mais j'en pense pas moins... ^^
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Extrait :
"Le seul sens de la vie que j'ai réussi à repérer dans la Bible, c'est que nous devons tous souffrir un peu et ensuite nous irons au paradis, et nous devons tout le temps obéir aveuglément au SEIGNEUR et essayer de deviner quelle est sa volonté. Et lui rendre hommage, comme des groupies dévouées, qui ont tous subi un lavage de cerveau et qui n'ont pas peur de la mort. Il veut de vrais sacrifices, la quête à l'églis, des immolations et des donations, on dirait que c'est ça, son but avec nous ! J'ai le sentiment que si je lisais le Coran ou la Torah, ces SEIGNEURS aussi auraient le même but avec leur fan-club. Pas vrai?"
08:12 Publié dans Littérature scandinave | Lien permanent | Commentaires (1)
11/05/2012
Une trop bruyante solitude de Bohumil Hrabal
Ante Scriptum : Pour les envies de SWAP de L'ETE, l'article concerné et les inscriptions sont juste en dessous !
Une trop bruyante solitude de Bohumil Hrabal, traduit du tchèque par Anne-Marie Ducreux-Palenicek, ed. Pavillons poche de Robert Laffont, 2007, 121p.
La première phrase annonce la couleur : "Voilà trente cinq ans que je travaille dans le vieux papier et c'est toute ma love story".
Hanta, personnage principal et narrateur, nous plonge dans l'univers sale et collant du recyclage papier, où le travail se fait les mains nues dans le pilon, dans les vieux emballages sanguinolents des boucheries, les tâches d'encre, les pintes de bière, et les souris endormies. Mais Hanta aime passionnément ce travail parce que chaque jour, il découvre la beauté au milieu de toute cette brutalité : des livres lui apparaissent et il s'y laisse emporter. Il cite Hegel ou Nietzsche et discute avec Jésus et Lao Tseu. Dans chaque boule de papier compressé qu'il forme avec sa presse, il depose un de ces précieux livres, il les entoure de belles reproductions picturales ; il crée à sa manière une autre vie pour ces mots voués à la destruction.
Jusqu'au jour où apparaît une toute nouvelle machine, gigantesque et rapide, qui impose un travail à la chaîne sans plus de souci des mots, de la découverte, ni de l'homme...
Parlant de découverte, quel étonnement que ce tout petit livre de Bohumil Hrabal ! Dans une langue à la fois touchante, presque poétique et frappante, il tape le rythme de la machine et délivre un tragi-comique talentueux qui semble nous dire : "Attendez, n'allez pas si vite, réfléchissez". Hanta, ce personnage crasse et alcoolique, prend pourtant le temps et chérit encore l'être et la culture comme le coeur de toute chose - à l'image de ce livre qu'il place au centre des papiers recyclés. Mais la société moderne, avec un toujours plus généralisé, abrutit, asservit et retourne en arrière à force d'avancer sans considération. Les nouveaux ouvriers ne lisent plus les mots qu'ils vouent au néant, et les enfants ne connaissent plus le livre avec délectation. L'homme, lui-même, devient dispensable et tout un humanisme s'éteint avec Hanta.
Un très beau texte sensible, parfois halluciné, mais terriblement éclairé qui prête à la réflexion, au rêve, à la différence (oserais-je dire à la résistance?). A découvrir de toute urgence !
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Extrait :
"Ainsi appuyé à la rampe en surveillant le travail de l'humanité, je vis entrer dans le soleil une institutrice accompagnée d'un groupe d'élèves. Il s'agissait sûrement d'une excursion scolaire, elle voulait montrer aux enfants le recyclage du vieux papier... Mais, à ma grande stupeur, la maîtresse prit un livre, réclama l'attention de ses pupilles et leur fit une démonstration en règle du processus d'étripage ; et à leur tour, l'un après l'autre, les enfants ramassèrent un livre, détachèrent soignement la couverture et entreprirent de la déchirer ; les livres se rebiffaient, essayaient bien de se défendre mais les petits doigts étaient les plus forts, les ouvriers les stimulaient du geste, les fronts innocents s'éclairaient tant le travail allait bon train..."
09:00 Publié dans Coups de coeur, Littérature slave | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : presse, livre, recyclage, tragicomique, modernité, fable
08/05/2012
Swap de l'été : les inscriptions !
Allez, on remet le couvert dans la joie et la bonne humeur, après une merveilleure édition printanière :
Les inscriptions pour le swap de l'été sont à présent ouvertes !
Petit récap pour les nouveaux :
Timing et fonctionnement du SWAP :
- Les inscriptions sont ouvertes jusqu'au 21 mai (soit deux semaines) et à envoyer sur swap.de.lhiver@gmail.com [ouais, je crée pas une nouvelle adresse pour chaque swap] avec votre nom, prénom, adresse postale et adresse blog (si vous avez)). MERCI DE BIEN M'ENVOYER CE MAIL ET PAS SEULEMENT DE VOUS INSCRIRE SUR CET ARTICLE, CA ME FACILITE GRANDEMENT LA VIE!
- Au fur et mesure des inscriptions, j'enverrai à chaque participant un questionnaire sur ses goûts littéraires mais pas que.
- A réception de tous les questionnaires seront constitués les binômes de choc dans la semaine qui suivra. J'enverrai alors à chacun le questionnaire de son binôme pour qu'il puisse y trouver l'inspiration nécessaire à la création de son colis surprise.A noter que vous pouvez, évidemment, arriver directement avec votre binôme si vous formez déjà un duo de choc avec quelqu'un ou me demander de vous mettre avec quelqu'un en particulier (si cette autre personne est d'accord!). Merci, dans ce cas, de bien me le préciser dès le départ :)
- Vous aurez jusqu'au 21 juin un mois supplémentaire pour vous amuser à la constitution du colis. Ils devront ensuite être envoyés à votre binôme à compter de cette date (qui coincide, comme c'est étrange, avec le début de l'été hmmm) histoire de bien commencer la saison.
Le colis :
Il contiendra au minimum et en rapport avec le thème estival (qu'il soit évoqué par le titre, la photo de couv', l'histoire, les couleurs, tout ça tout ça):
- 2 oeuvres littéraires
- 1 gourmandise
- 1 surprise autre que littéraire en rapport avec les hobbies/passions et autres intérêts divers et variés de votre binôme et selon vos envies.
Vous pouvez bien sûr vous amuser à grossir cette base de tout ce qu'il vous plaira! (d'ailleurs, c'est fréquemment ce qui arrive :D)
Le SWAP étant basé sur le partage et l'envie de faire plaisir, cela fait partie du jeu de soigner l'emballage et les petites attentions !
Par contre, l'idée n'est vraiment pas de se ruiner donc il est tout à fait autorisé de se lâcher sur du fait-main ou sur des livres d'occasion (tant que ceux-ci sont en très bon état, parce que recevoir un cadeau en déliquescence, c'est pas génial)
Le SWAP est ouvert aux bloggeurs et aux non-bloggeurs (mais dans ce cas précis, je limite aux personnes que je connais pour avoir l'assurance de leur sérieux)
A vos claviers et à bientôt !
09:00 Publié dans Swap | Lien permanent | Commentaires (7)