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09/06/2017

Velvet de Mary Hooper

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Velvet de Mary Hooper, Les Grandes Personnes, 2012, 325p. 

 

En l'espace de deux lectures il y a trois ans, La messagère de l'au-delà puis Waterloo Necropolis pour ne pas les citer, je suis devenue une aficionada de Mary Hooper. Elle a le chic pour plonger les jeunes lecteurs dans des univers historiques passionnants et d'en proposer une vision sans idéal, sans le fard du fantasme. Car l'auteure ne ménage pas ses personnages, en effet ! Dans La messagère de l'au-delà, il était question d'infanticide et de peine de mort dans l'Angleterre de Cromwell ; dans Waterloo Necropolis, de la misère et de l'exploitation des enfants dans l'Angleterre victorienne. Bref, on a connu plus amusant. Pourtant, elle parvient toujours avec brio à contourner toutes les réticences que de tels sujets pourraient susciter pour livrer un roman aussi attachant qu'intéressant. 

C'est donc sans la moindre hésitation que j'ai entamé l'un des deux romans de cette auteure nouvellement arrivés dans ma PAL. Et avant même d'en dévoiler le contenu, il me faut souligner le travail toujours subtil et évocateur de Pierre Mornet qui semble être l'illustrateur attitré des couvertures de Mary Hooper aux éditions Les Grandes Personnes. Ce dessin-là ne prête-t-il pas au rêve, au mystère, à mille interrogations ? On se prend à frissonner, mais d'un frisson très doux, qu'on aimerait faire durer longtemps... 

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Mais il est temps de commencer notre livre ! Velvet, dont on découvrira progressivement une autre identité, est notre personnage principal. L'adolescente vit seule dans le Londres pauvre de 1900 et se débat dans l'atmosphère humide et étouffante d'une blanchisserie. Toutes ces vapeurs brûlantes lui provoquent de nombreux évanouissements et son emploi s'en trouve menacé : nombreuses sont les jeunes fille qui font la queue devant la boutique pour travailler un peu et gagner de quoi manger. Une employée qui ne suivrait pas le rythme effréné imposé par la direction se verrait donc renvoyer sans autre forme de procès et remplacée aussitôt. Velvet veut absolument éviter une telle situation. Elle tient plus que tout à ce travail, bien que difficile. Le perdre signifierait la misère, la rue et... vous connaissez le peu d'opportunités qui restent ensuite... Heureusement, Mrs Sloane, la responsable, nourrit une certaine affection pour Velvet. Elle lui trouve alors une place dans l'unité d'élite de la blanchisserie : celle où l'on s'occupe exclusivement des clients les plus fortunés. Il n'est plus question de laver les draps des hôpitaux mais les robes coûteuses des dames du monde. Velvet ne pouvait rêver mieux !

En apprenant les ficelles de ce nouveau poste, elle pioche la boîte à linge d'une certaine Madame Savoya. Ses vêtements chatoyants et originaux la séduisent, même s'ils sont difficiles à entretenir ! Lors d'une invitation que celle-ci lui fait pour fêter la nouvelle année, elle découvre que Madame Savoya est une célèbre médium ! Ce tout début du vingtième siècle voyait en effet fleurir nombre de médiums ; le commerce avec les âmes des défunts passionnait particulièrement la société de l'époque. On croise ainsi Arthur Conan Doyle dans ces réunions ! Velvet est évidemment fascinée, à la fois par Madame Savoya elle-même, pleine de prestance et de générosité, et par son travail ou, plus précisément, son don. C'est encore à la suite d'un événement qui aurait dû coûter sa place à Velvet que celle-ci gagne à nouveau la chance de sa vie : Madame Savoya lui propose de travailler pour elle et de devenir sa dame de compagnie/femme de chambre. Pour Velvet, c'est enfin l'aube d'une nouvelle ère, ainsi qu'il en va pour l'Angleterre qui, après le décès de la Reine Victoria, voit arriver une période plus fringante et réjouie sous la bannière d'Edouard VII. 

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Et hop, une séance de spiritisme à l'ancienne !

Je dois vous avouer tout de go que je suis beaucoup moins enthousiaste avec cet opus que je l'ai été avec les deux précédents. Le début attaquait pourtant très bien, plongeant le lecteur dans une réalité à nouveau très crue et très dure du Londres pauvre de Victoria (puisqu'elle est alors encore de ce monde). La solitude extrême, la nécessité d'accepter n'importe quel travail assommant et délétère pour manger un quignon de pain, et, bien sûr, la pureté et la force d'âme d'une héroïne jeune et livrée à elle-même. Tous les ingrédients sont au rendez-vous. Malheureusement, cela m'a semblé tourner un peu au vinaigre dès lors que Velvet atterrit chez Madame Savoya. Est-ce le changement d'atmosphère et/ou le fait que la crédulité à l'égard des médiums était grande à cette époque ? Toujours est-il que Velvet se montre incroyablement naïve - honnêtement, ça frise la stupidité à ce stade-là - uniquement occupée à s'émerveiller de son changement de condition et de la générosité sans faille de Madame Savoya. Même en m'efforçant de me départir de mes exigeances d'adulte, il me semble que l'intrigue de ce roman est beaucoup plus faible et cousue de fil blanc que les précédentes. On comprend immédiatement où veut en venir l'auteure ; et dès lors les nombreuses pages traînent en longueur. Le projet d'exposer les trucs et astuces des charlatans pour faire croire à un contact ou une apparition d'un défunt était évidemment passionnant mais je ne suis pas conquise par l'option choisie par Mary Hooper pour le faire. Il faudra donc aller bien loin à notre héroïne, prétexte du coup à découvrir une autre sordide réalité de la société de l'époque, ô combien glaçante, pour prendre enfin conscience du mensonge de sa maîtresse et tenter de rétablir la vérité. 

J'ai lu cependant plusieurs chroniques moins déçues que la mienne. Peut-être qu'à force de lire Mary Hooper, je deviens aussi plus exigeante et que mon regard, habituée à ses qualités, se tournent plus vers ses faiblesses ? Je saurais dire jusqu'où va ma subjectivité dans le présent avis mais, ce qui est sûr, c'est que Velvet n'est pas le meilleure que j'ai lu d'elle à ce jour ! 

 

velvet,mary hooper,xixème siècle,spiritisme,fantôme,travail des femmes,histoire,angleterre,reine victoria,roi edouard viii,blanchisserie,amitié,amour,arnaque,escroquerieLe mois anglais chez Lou et Cryssilda

2ème lecture

LC consacrée à la littérature jeunesse

20/06/2016

Expiation de Ian McEwan

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Expiation de Ian McEwan, Folio, 2005, 488p.

 

Suite à ma découverte très plaisante de Ian McEwan avec Sur la plage de Chesil, je n'ai glané que des éloges d'un autre de ses romans (jusqu'alors inconnu à mon bataillon, je l'avoue) : Expiation. Un élément a retenu alors tout particulièrement mon attention et précipita non seulement l'achat mais la lecture du dit-titre : la question de l'écriture romanesque.

En 1935, Briony est une jeune demoiselle de treize totalement obnubilée par l'écriture. On peut, très franchement, parler d'une sorte d'obsession. Son quotidien, précieux et ordonné au centimètre près, est l'occasion perpétuelle d'une création ou, du moins, d'un projet créatif. Au début du récit, elle s'apprête à jouer sa première pièce avec des cousins fraîchement arrivés pour l'été. Briony se révèle très vite autoritaire, presque maniaque et, surtout, persuadée de décrypter au plus près faits et gestes tandis qu'elle ne fait que lire l'existence des gens qui l'entourent comme un roman à ciel ouvert : il y a bien du vrai, mais où commence l'imagination ?
Autour de cette auteure en devenir, évolue sa soeur Cecilia, elle aussi en pleine construction. Ce n'est plus l'adolescence qu'elle franchit mais l'âge adulte, où il lui faut doser l'affirmation de soi et comprendre ce qu'on ressent exactement entre le dégoût, la colère et l'attirance.
Le problème lorsque bien des êtres se cherchent et cherchent à comprendre les autres et le monde, c'est qu'ils n'aboutissent pas tous aux mêmes conclusions. Briony, pour le malheur de beaucoup, aboutira à une réponse romanesque dont elle est l'héroïne tragique salvatrice. Échec cuisant.
Quelques années plus tard, lorsqu'un peu de maturité et la tornade de la Seconde Guerre Mondiale seront passées par là , il sera tant de retrouver nos personnages sur le cheminement du pardon et de l'expiation.

Le début m'a déroutée : j'y retrouvais exactement un McEwam woolfien (je n'ai pu m'empêcher de sourire et d'acquiescer en lisant une référence aux Vagues de Woolf au fil du livre, d'ailleurs) mais je ne saisissais pas exactement où il m'emmenait. Soit, je ne boudais pas mon plaisir au départ : les pages relatives à Briony sont subtiles et savoureuses. Quel talent de saisir avec tant d'acuité le passage compliqué de l'adolescence et l'émergence d'un écrivain qui se cherche et se construit ! Malheureusement, je me suis très vite aperçue qu'absolument tous les personnages du roman m'irritaient profondément. Impossible de ressentir autre chose que de l'ennui chatouilleux pour Briony - les réflexions sur l'écriture et son processus mises à part -, pour Cecilia et les autres (dont j'ai déjà oublié les prénoms). Par conséquent, la première partie est lentement devenue un exercice de persévérance, m'accrochant péniblement à la promesse que bientôt, je n'allais plus pouvoir lâcher le livre.

Et là, c'est donc la dégringolade à partir de la deuxième partie, bien pire que la précédente dans l'ennui mortel car le style d'Ewan qui a le don de faire miroiter joliment les âmes au gré d'un rayon de soleil a disparu. Je tombai donc dans un roman lambda, où les personnages sont passés d'irritants à totalement inintéressants à mes yeux. Je n'ai développé aucun intérêt ni goût pour notre trio devenu fade et mièvre - Briony avec cinq ans de plus décroche la palme de la platitude - encore une fois, quelques très brèves réflexions sur l'écriture romanesque (et la fameuse référence aux Vagues) mises à part. Je me suis accrochée encore jusqu'aux dernières pages, tenue par la promesse d'une fin inattendue à faire pleurer les plus dures. C'est donc officiel : je suis un cœur de pierre et n'ai absolument pas saisi où était l'inattendu dans l'affaire. C'était terriblement attendu au contraire, non ?! (eu égard aux cinquante mille réflexions sur l'écriture romanesque sus-citées).

Bref, tout comme Briony avec sa conclusion romanesque à l'affaire familiale de 1935 : échec cuisant. Je me faisais une telle joie de ce roman ! J'étais tellement persuadée de l'adorer comme tout le monde ! Mais comme plusieurs blogueuses l'ont fait remarquer dernièrement, entendre trop de commentaires dithyrambiques d'un titre, c'est peut-être le meilleur moyen d'en être déçue... Je crois qu'à force, je m'en étais faite une idée tellement élevée, qu'évidemment, la déconvenue ne pouvait qu'être au bout du chemin...

 

Le mois anglais 2016.jpgLe mois anglais 2016 chez Lou et Cryssilda

6ème participation

LC autour d'un auteur contemporain

 

 

 

 

 

13/06/2016

All Clear de Connie Willis

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All Clear - Blitz, tome 2 de Connie Willis, J'ai lu, 2015, 957p.

 

Un conseil, toi qui n'a pas encore commencé le diptyque Blitz de Connie Willis : ne laisse pas deux ans entre les deux tomes ! Ou alors, prends de bonnes notes sur le premier volume, sans quoi tu risquerais d'être légèrement paumé pendant un petit moment ! Lucky me, j'ai pu retrouver quelques éléments dans mon précédent billet - bien que peu, finalement. Disons que ce fut suffisant pour raccrocher quelques wagons (j'ai tout de même relu les 2-3 derniers chapitres de Black-Out par sécurité et nécessité puisque je ne me rappelais plus du cliffhanger final...).

Pas grand chose de nouveau sous le soleil depuis Black-Out sur le propos du roman, toutefois. On retrouve, comme on les avait laissés, nos trois aventuriers historiens bloqués en 1940. Plus aucune fenêtre de saut ne s'ouvre vers leur époque, 2060, et ils se retrouvent obligés de jongler d'idées saugrenues en tentatives diverses de rendez-vous dans l'espoir de trouver une solution - le tout, évidemment, entre quelques lâchers de bombes allemandes et leur couverture à préserver. Fort peu d'apparitions de l'équipe d'Oxford dans ce tome puisque, précisément, ils en sont coupés radicalement. Seul deux d'entre eux tenteront le saut dans ce Londres en plein Blitz, ce qui donnera clairement à l'aventure quelques virages inattendus. Le problème avec All Clear, au fond, c'est que je ne peux quasiment rien vous en dire de plus : tout se découvre petit à petit, et ça n'aurait aucun sens de spoiler quoique ce soit.

Alors, quoi ? Et bien disons qu'après deux ans de latence, j'ai retrouvé exactement les mêmes sentiments qui m'animaient à la lecture de Black-Out, le négatif étant cependant un peu plus exacerbé cette fois, à mon grand regret. C'est toujours un plaisir de plonger dans les méandres d'un hypothétique voyage temporel, toujours émoustillant d'envisager les risques de décalages que cela peut occasionner et décidément plaisant de retrouver Polly, Eileen et Mike. Néanmoins, les longueurs qui pesaient un brin sur le coeur de Black-Out constituent ici la majeure partie d'All Clear et la majeure partie de 957 pages, c'est long... Ce qui semblait être, au départ, un mauvais concours de circonstances moteur de l'action se transforme doucement en une succession de situations répétitives franchement pathétiques. On tourne en rond de chapitre en chapitre. A se demander pourquoi Connie Willis s'est sentie obligée, au fil de l'écriture, de transformer le récit en deux tomes. En coupant tout ce qu'il y a d'inutile, et Dieu sait qu'il y en a, on sera arrivé à un seul volume tout à fait honorable. D'autant que ces digressions perdent même de leur saveur quant au récit du quotidien londonien durant le Blitz. C'est fréquemment simplement téléphoné et à la limite du ridicule. Ce qui sauve encore la mise, ce sont ces chapitres étranges donc on hésite sur l'identité du narrateur. Est-ce l'un de nos voyageurs quelques temps plus tôt ou plus tard, est-ce un sauveteur inespéré, est-ce inconnu tout aussi perdu qu'eux qui finira par croiser leur route ? Ces interrogations-là et l'envie de connaître le fin mot de l'histoire - qui n'est pas mal du tout, il faut bien le dire - font tenir la longueur mais ce n'est pas, parfois, sans ennui et lassitude. Puisqu'en outre, le style de Connie Willis n'est pas non plus de la grande littérature, j'ai lu les 957 pages de ce tome en diagonale de bout en bout. Ça ne méritait pas autre chose, honnêtement. Pris comme ça, ce fut du coup une très bonne détente façon lecture de plage. Je n'en regrette donc pas du tout la lecture mais j'espère vivement qu'à l'avenir, Connie Willis envisagera la concision pour éviter à ses lecteurs de s'essouffler.

 

Le mois anglais 2016.jpgLe mois anglais 2016 chez Lou et Cryssilda

4ème participation

LC Connie Willis

 

 

 

 

 

 

challenge-un-pave-par-mois.jpgChallenge un pavé par mois chez Bianca

Hop, ça faisait longtemps que j'avais pas participé !