31/01/2013
Nemi - Tome 1 de Lise Myhre
Nemi - Tome 1 de Lise Myhre, ed. Milady, 160p., 2009
Encore une excellente surprise que j'ai dénichée sur le blog de Manu, décidément ! Il va finir par devenir un de mes coins découvertes favoris (si ce n'est déjà le cas).
Il faut dire, qu'outre un amour certain pour les félons et autres petites bêtes en tout genre, nous partageons aussi certaines accointances avec le rock et ses dérivés qui pogotent. Cette BD lui ayant follement plu, je ne pouvais donc qu'aller m'y frotter aussi, "pour voir".
Et bien, chers lecteurs, j'ai vu et je me suis beaucoup amusée ! Nemi est une jeune femme qui déplore de ne plus être qu'une ado insouciante. L'âge adulte et ses réalités gagnent toujours trop tôt ! Il était bon le temps où il ne s'agissait que d'écouter Mayhem en enchaînant les bières - maintenant, il faut aussi payer des factures qui ne cessent d'arriver (et je m'en étonne toujours autant chaque jour). Nemi essaye tant bien que mal de concilier les deux (sachant qu'elle enchaîne toujours mieux les bières que les factures) et distille un peu de son cynisme en toutes situations au gré de courts strips enlevés.
Même si je ne correspond pas entièrement au personnage, je n'ai pas pu que m'y reconnaître fréquemment et son regard sur le monde, qu'on aurait tort de cantonner à celui d'une ado attardée, recelle bien souvent une lucidité particulièrement aiguisée.
En refermant le volume, je me suis dit deux choses : D'une part que j'allais commander les autres tomes traduits tant j'y ai passé un excellent moment et d'autre part, que s'éloigner de tous les gens qu'on connait depuis des années à cause du boulot est décidément un des inconvénients majeurs de la vie d'adulte : les vendredis soirs au pub me manquent rahhhh !
Challenge Petit Bac 2013
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08:55 Publié dans BD / Comics / Mangas, Challenge, Coups de coeur | Lien permanent | Commentaires (2)
28/01/2013
1Q84 - Livre 1 de Haruki Murakami
1Q84 - Livre 1 de Haruki Murakami, traduit du japonais par Hélène Morita, ed. Belfond, 2011, 534p.
Bien qu'il s'agisse d'un auteur japonais majeur, je n'avais jamais lu Murakami - du moins, pas ce Murakami là - jusqu'à aujourd'hui. Il m'intriguait beaucoup et pourtant, il me semblait que ce n'était pas le moment de m'y plonger encore - vous comprenez cela, bien sûr. On le vit tous plus ou moins avec un grand nombre d'auteurs, et heureusement. Sinon, on aurait perpétuellement envie de tout lire en même temps.
J'ai donc attendu Noël et un très beau cadeau amical pour aborder Haruki Murakami avec le premier livre de sa récente trilogie. J'y ai tout d'abord rencontré le personnage principal féminin, Aomamé. Incroyablement énigmatique, Aomamé apparait comme un être musculeux, impassible et précis. Nulle expression ne trouble son visage à moins qu'elle ne le désire. Chez Aomamé, tout est dans le contrôle. De fait, on découvre bientôt qu'en plus de sa respectable profession de coach sportif, elle s'applique à supprimer - à déplacer dans un autre monde - des hommes violents, grâce à une technique très particulière maîtrisée d'elle seule.
J'ai ensuite rencontré Tengo, le personnage masculin avec lequel alterne le récit. Du même âge qu'Aomamé, il est un professeur de mathématiques respectable et particulièrement brillant et romancier à ses heures. Bien qu'il n'ait encore jamais été publié, sa plume semble être suffisamment intelligente pour que son mentor, l'éditeur Komatsu, lui réclame de jouer au nègre. Il s'agirait d'étoffer le manuscrit de la jeune adolescente Fukaéri, afin de lui faire gagner le prix des jeunes auteurs. Komatsu flaire un gros coup.
Ces deux personnages ont le point commun d'être étonnamment seuls - d'une solitude toute japonaise (je n'ai pu m'empêcher de penser à Lost in Translation de Sofia Coppola) où tout est minimaliste : la nourriture, les expressions, les sentiments, les extravagances - à part celles du sexe. Leurs vies respectives sont réglées, parfaitement en place et rien ne semble troubler le déroulement des jours, qu'on hésiterait d'un point de vue occidental à qualifier de zen ou d'ennuyeux.
D'ailleurs, en parlant d'hésitation, j'en ai beaucoup eu pendant la première moitié de l'ouvrage : où Murakami veut-il en venir ? On saisit le vacillement qui s'introduit dans la réalité d'Aomamé à travers un certain changement de tenue réglementaire mais sans savoir exactement où mène le roman. Les tableaux se succèdent avec étrangeté et surtout, lenteur. Ah! ça, il ne faut pas craindre la lenteur dans la littérature japonaise et notamment ici.
Et puis soudain, tout comme le fantastique s'incruste petit à petit avec subtilité, j'ai été hâppée sans même m'en apercevoir. Je me suis mise à tourner les pages pour une raison que j'ai très honnêtement eu du mal à identifier - et c'est encore le cas tandis que je rédige cette chronique. Ce n'est ni à cause d'un suspens mordant, ni à cause d'aventures rocambolesques. Bref, à cause de rien de tout ce qui peut hâpper follement dans un bouquin normalement. Je crois simplement que, tout comme Aomamé, j'ai basculé dans ce fameux univers parallèle qu'est 1Q84 - où tout semble presque identique à notre réalité sans l'être du tout.
Progressivement, on s'attache à nos deux personnages principaux qui dévoilent quelques souvenirs d'enfance, quelques blessures et des liens ténus entre eux. Ils ne se rencontrent jamais dans ce tome mais on sent comme un fil de soie se tendre et tricoter une onde invisible. On s'attache également à deux personnages secondaires : la vieille dame qui commandite les meurtres auprès d'Aomamé, étrange passionnée de papillons qui s'est donnée la mission de protéger les femmes et Fukaéri, l'auteur de La Chrysalide de l'air que Tengo doit récrire. On pense tout d'abord qu'il s'agit d'une adolescente drapé dans un personnage factice de diva précoce ; on se rend compte qu'il s'agit d'une enfant encore blessée par un passé trouble dans une secte si fermée au monde qu'elle est quasiment inconnue de tous.
Dans ce livre 1 de 1Q84, il m'a semblé que je glissais sans même m'en rendre compte - suffisamment doucement pour que cela m'échappe mais avec une sûreté telle que lorsque je m'en suis aperçue, je ne pouvais plus décrocher. Au fond, Murakami orchestre à merveille son ouvrage jusqu'à rendre pour le lecteur ce qu'opèrent les fameux Little People dans l'ombre de son monde fictionnel. Qui sont-ils ? : nous ne le savons pas - et c'est bien là le fait même. Tandis qu'Orwell créait un monde dirigé par une super puissance omnipotente dans 1984, Murakami crée des petits personnages impossibles à identifier, impossibles à repérer - si discrets que l'on n'y prend pas garde et qui, par conséquent, sont d'autant plus redoutables : On ne voit le ver que lorsqu'il est dans le fruit et que tout est déjà pourri. Ici, point de pouvoir suprême supérieur dont l'image est partout mais bien plutôt un serpent rampant et fourbe qui parvient à s'insinuer partout et surtout à l'intérieur des êtres pour les détruire de l'intérieur. Métaphore terrifiante d'un totalitarisme moderne, en somme...
Je me suis donc faite prendre comme la bleue que je suis à ce récit tout à la fois conte, fable fantastique, mise en abyme du travail littéraire, enquête, et satire de la société - et sans doute bien plus encore !
J'en ressors étonnée et complètement intriguée. Avec cette impression, vous savez, d'avoir fait une découverte littéraitre très, très particulière. Ce n'est pas seulement un coup de coeur - je ne sais même si ça en est vraiment un au sens où on se le dit habituellement entre lecteurs. C'est encore différent car le sentiment qui reste n'a pas grand chose à voir avec le plaisir mais avec un autre élément indéfini et bien délicat à expliquer en mots. En tous les cas, ce Murakami ne ressemble à rien de ce que je connaissais jusque là et cette parfaite nouveauté est un sentiment bien délicieux.
Suite au prochain numéro !
copyright © David Keochkerian
09:00 Publié dans Coups de coeur, Littérature asiatique | Lien permanent | Commentaires (8)
24/01/2013
L'oiseau de mauvais augure de Camilla Läckberg
(J'avoue, ceci est une chronique assassine)
L'oiseau de mauvais augure de Camilla Läckberg, ed. Actes Sud, coll. Actes noirs, 2011, 350p.
C'est la grosse folie pour Patrick Hedström : il doit gérer l'arrivée d'une nouvelle collègue au commissariat, Hanna Kruse, un accident de la route qui n'a rien d'un accident à y regarder de plus près, une télé réalité de bas étage qui devient rapidement le théâtre d'un meurtre de plus et pour couronner le tout, il se marie dans six semaines. Bref, il n'a pas le temps de chômer. Pendant ce temps là, Erica Falck qui est de plus en plus mémère au foyer à défaut d'une véritable héroïne tente de gérer le retour à la maison de sa soeur et ses deux enfants suite au décès de son mari. A part ça, tout va bien à Fjällbacka.
Honnêtement, je ne sais plus quoi penser de Camilla Läckberg : j'avais été mitigée sur la premier tome, franchement emballée sur le troisième (parce que j'ai sauté le second comme l'étourdie que je suis) et là, je suis totalement dépitée. J'ai trouvé ce roman ci particulièrement mauvais à tous points de vue. D'une part, à force de la lire, on commence à trop sentir son schéma de construction narrative et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elle ne fait ni dans la subtilité ni dans le renouvellement. Au bout de trois lectures, c'est un brin lassant.
Ensuite, elle fait clairement du remplissage comme j'en ai rarement vu. Concrètement, si on étudie le roman d'un peu près, on remarque qu'il ne se passe strictement rien, je dis bien RIEN du côté de l'intrigue policière dans les deux cents premières pages. Tout ce à quoi on a droit ce sont des personnages qui piétinent pour trouver un coupable (que, soit dit en passant, le lecteur pas trop aveugle a trouvé au bout de 30 pages tant ce que Camilla Läckberg considère comme des indices discrets sont des pancartes lumineuses façon "le coupable est ici") et l'on se perd dans les tranches de vies de tous les personnages. Alors ok, je suis tout à fait d'accord avec une alternance vie privée et enquête mais, à un moment donné, il faut se centrer, il faut que ça ait du sens. Ici, ça ne sert que de remplissage parfaitement inutile pour grossir une énigme qui, sans cela, se résumerait à une peau de chagrin.
Au final, les cent dernières pages rattrapent un peu un démarrage lamentable et laborieux mais est-ce suffisant pour sauver totalement la qualité de l'ouvrage. Je n'en suis vraiment pas certaine.
En outre, même si elle n'a jamais brillé par son verbe, ici l'auteure fait vraiment preuve d'une écriture plus que limite. A vouloir créer une proximité de ton entre ses personnages et ses futurs lecteurs, elle en oublie qu'être écrivain, c'est quand même soigner un minimum son style. Elle qui donne comme conseils au futurs écrivains «Ne vous tracassez pas trop pour la façon dont les mots vont tomber – veillez simplement à ce qu’ils tombent, en cascade! Autrement dit, écrivez, écrivez, écrivez!» devrait, en fait, s'en tracasser tout de même un peu.
Bref, cette romancière me semble décidément bien inégale et pour le coup, je vais laisser passer un petit temps avant d'envisager, possiblement, de tester un autre tome. En attendant, je vais me consacrer à mieux que ça.
Challenge Petit bac 2013
Catégorie Animal
08:45 Publié dans Challenge, Polar | Lien permanent | Commentaires (6)