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25/05/2013

La voie des rêves¨¨**

 

"Il faut une belle confiance pour délaisser le monde où l'on parle, pour explorer le dedans de la nuit. Il faut acquiescer aux images extravagantes, aux songes révolus, aux visages incertains. C'est peu, de s'allonger pour dormir. Le difficile est moins de trancher les amarres, de hisser la voile, que de se laisser conduire vers le noyau transparent des nuits. Je ne gouverne pas le vaisseau, je suis aimantée vers une étoile rare, pressentie des oiseaux. Je m'endors, je quitte la terre crédible. Le silence me garde. Je vogue vers des saisons non encore dépliées, loin du monde où on parle, où les mots sont des cuirasses. Je m'en vais cueillir quelques parcelles d'or, guetter les mots qui bourdonnent dans le taillis."

Extrait de Du sommeil et autres joies déraisonnables de Jacqueline Kelen, ed. Albin Michel, coll. Spiritualités, 2006

 

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La jeune fille de Gustav Klimt

18/02/2013

La poésie en action

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Extrait de La nuit des poètes

 

Il m'a récemment été offert pour des raisons professionnelles d'assister à deux spectacles de poésie.
La nuit des poètes tout d'abord réunissait trois artistes pour un hommage à Louis Aragon. Nous avions un Julien Derouault improbablement chapeauté de vert à l'exercice périlleux de la lecture et de la danse - une danse électrique, saccadée, d'une souplesse animale mise en scène par Marie-Claude Pietragalla -, Yannaël Quennel au piano psychédélique et Malik Berki aux platines électro hip hop. Alternaient ainsi les voix pures du verbe d'Aragon et un melting pot tantôt brillant, tantôt cacophonique de toutes les entités présentes sur scène.

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Extrait de La nuit des poètes

 

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L'Or noir ensuite, spectacle beaucoup plus intimiste conçu et réalisé par Arthur H et Nicolas Repac pour donner voix à la poésie africaine et antillaise francophone. Cette fois, la musique se voulait au service du verbe, dans un retrait qui souligne, qui porte. La voix terriblement grave et harmonieuse d'Arthur H donnait un corps délicieux à la poésie de Césaire et des écrivains de la négritude.

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Extrait de L'Or noir

 

Pourtant malgré les très bonnes idées de ces deux spectacles et de très belles réalisations, je n'ai pas totalement accrochée et bien souvent, mon esprit s'enfuyait.

Après réflexion, je crois que j'ai tout d'abord du mal avec le concept de la littérature lue de manière générale : preuve en est, j'ai tenté plusieurs fois les livres audio sans jamais parvenir à les supporter plus d'une heure et sans jamais réellement parvenir à les écouter - c'est-à-dire à imprimer ce qui m'était conté. L'idée me séduit beaucoup mais, en pratique, cela ne fonctionne pas avec moi. Très rapidement, le livre audio devient un fond sonore dont je décroche. Sans doute cela vient-il du fait que j'ai une mémoire bien plus visuelle qu'auditive et qu'habituée à faire abstraction de bruits persistants au quotidien, j'entends plus que je n'écoute dès lors que le son fait appel à mon cerveau ?

Ensuite, je crois aussi que j'aime l'aspect intime, silencieux et calme que représente pour moi la littérature et l'instant de lecture. Le fait d'être dans mon univers, un environnement et un état d'esprit propice au resserrement, à la concentration - presque à la méditation. La lecture est pour moi une activité par essence solitaire - même si je suis dans les transports en commun, dès lors que je lis, je suis seule. Ici, être entourée de monde, et devoir écouter la poésie, cela m'a paru vraiment fastidieux et, soyons francs, fréquemment ennuyeux. Certes, j'étais dans un contexte professionnel aussi et mes classes n'ont pas été des plus attentives ce qui n'aide pas l'attention. Mais au-delà de ce fait anecdotique, je crois que ces expériences m'ont vraiment fait comprendre que malgré l'aspect séduisant des lectures publiques et des mises en scènes de la littérature, cela va à l'encontre de la manière solitaire et visuelle dont je jouis des mots.

Et vous, amis lecteurs, avez-vous déjà assisté à des lectures ? Quel plaisir y avez-vous pris ? Quel en a été votre sentiment ? Comment concevez-vous la pratique de la lecture ?

 

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26/11/2012

Et Paf le livre.

Pour une fois, je n'écris pas pour parler d'un livre mais de plusieurs. Ces livres dont on ne passe pas la page 150 (quand, déjà, on a réussi à l'atteindre) et que l'on referme passablement dépité(e).

D'autant plus dépitée en ce qui me concerne, que je referme en ce moment de nombreux livres que je ne peux objectivement pas qualifier de "mauvais", ni même de "médiocre". De nombreux livres dont on m'a, en outre, vanté les mérites à droite à gauche et qui sont souvent plebiscités par la critique. Bref, de nombreux livres que j'entame plein d'enthousiasme et d'envie et qui m'ennuient terriblement au bout d'une dizaine de pages. Je m'acharne malgré tout vaillamment pendant un certain temps et puis je lâche l'affaire car, après tout, la lecture doit rester une joie et non une contrainte (pour le reste, il y a le boulot hein.)

N'empêche que, je m'interroge. Suis-je à ce point poissarde que j'accumule autant de déceptions? Bien sûr, ça arrive toujours d'avoir un échec de lecture mais j'en suis à un bouquin sur trois, quasi, depuis quelques mois. Ou est-ce mon boulot qui me court-circuite le neurone au point que je décroche de la plupart des livres que j'entame? Sans même parler des livres que je tiens péniblement jusqu'au bout mais dont je fais un retour plutôt décevant.

Bref, je suis dans une période de lecture plutôt pénible. J'ai l'impression de m'essoufler dès le départ et d'être à la fois de plus en plus exigeante et de moins en moins perspicace.

Suis-je la seule ou cela vous est-il déjà arrivé, chers collègues littéraires ?

 

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Erratum : En parlant de court-circuitage de neurones, je viens tout juste de corriger des fautes atroces qui avaient réussi à échapper à mon oeil de taupe pendant plus de 24h. J'ai honte.

09:00 Publié dans Réflexion | Lien permanent | Commentaires (9)