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22/04/2012

La délicieuse BD victorienne de Nancy Peña

tea.jpgSuite sans l'être du Chat du kimono paru en 2007, Nancy Peña nous plonge à nouveau dans l'angleterre victorienne (le régal total) mais quinze ans plus tard ! Alice Barnes a maintenant une vingtaine d'années et s'est octroyée le fameux kimono félin, le porte tous les jours et en nourrit visiblement une petite obsession.

Dans cet ouvrage, un pari est lancé entre les lords MacDale et Barnes : trouver le meilleur thé en un délai de deux mois tout juste. Tous deux vont engager un cookery counseller - un conseiller culinaire - pour mener l'enquête. Du côté de MacDale, un Victor Neville piètre enquêteur mais plein de ressources, accablé d'une narcolepsie hallucinatoire qui lui servira quand même de temps à autres et dans son univers, une Alice Barnes énigmatique toujours affublée de ses chats noirs.

 

 

 

Piece-Of-Cake-Pena.jpgDans It's not a piece of cake, on prend les mêmes et on recommence (ou quasi) avec enthousiasme parce que franchement, on ne s'en lasse pas. Ici, le terrain d'investigation est l'Ecosse profonde où roulent des vents flippants, et l'objet, la recette des black shortbreads que la vieille duchesse Montrose a emporté dans la tombe. Cette fois, Victor Neville sera opposé à son frère aîné Percy, réputé pour être un redoutable espion culinaire et avec lequel il n'a que peu d'affinitié, ça promet ! D'autant plus que ce fameux château écossais est la maison où leur père trouva la mort. Aux recherches de goûts s'ajouteront donc les circonvolutions de Victor pour résoudre la mort du paternel, aidé toujours par sa narcolepsie et un des chats d'Alice qui semblent lui donner d'étonnants pouvoirs médiumiques. 

 

 

 

 

Que vous dire sur l'ensemble de cette série de Nancy Peña ?! Qu'il s'agit tout simplement d'un bijou de saveurs, d'inventivité et de talent graphique! La souplesse de l'objet, la typographie soignée et le tracé maitrisé à l'encre de chine duquel ne point que la couleur rouge donnent à ce livre une atmosphère un brin gothique, mystérieuse et surtout très élégante.
Le savant mélange de la période victorienne et de la cuisine anglaise ravira évidemment tous les passionnés mais pas seulement, tant l'auteur nous embarque littéralement dans son univers entre réalité historique et fantasmagories délirantes. Et puis, s'il était besoin d'un dernier détail pour vous convaincre d'aller goûter à ses livres graphiques, figurez-vous qu'ici Sherlock Holmes siège bien au 221b Baker Street et répond souvent aux appels au secours de Victor Neville. Si ça, ça vaut pas aussi le détour ! Bref, un gros coup de coeur !

 

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Tea Party et It's not a piece of cake de Nancy Peña, ed. La boîte à bulles, coll. Contre-jour, 2008 et 2011

 

 

16/04/2012

Haïkus des quatre saisons

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Haïkus des quatre saisons illustrés d'estampes d'Hokusaï, ed. Seuil, 2006

La branche en fleur du prunier
accorde son parfum
à qui l'a brisé

Chiyo-Ni 

 

 

Ce livre est un voyage méditatif en terre évanescente. Les haïkus s'ouvrent et battent de l'aile au gré du souffle ; nous sommes tous poètes de la vie à lire ces lignes qui, malgré leur grand âge, n'ont rien perdues de leur clarté poétique, de cette légèreté cristalline si mystérieuse. Le haïku a, me semble-t-il, quelque chose de magique. Nulle autre forme poétique n'a mieux saisi l'instant fugace ou comment parvenir à dire ce qui ne peut se dire.

Au fil des mots, s'ouvrent également les magnifiques estampes d'Hokusaï, peintre majeur de l'ère Edo et appartenant au courant de l'Ukiyo-e (que l'on pourrait traduire par "image du monde flottant", n'est-ce-pas merveilleux?!) qui célèbre des scènes du quotidien.

Tout dans cet ouvrage nous invite au plaisir, à savourer l'instant les yeux fermés, à seulement écouter siffler les mots à travers quelques branches en fleurs.

 

Merci à ma douce Aurore* pour ce délicieux cadeau d'anniversaire¨¨**

 

 

Rien d'autre aujourd'hui
que d'aller dans le printemps
rien de plus


Buson

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poésie,japon,haïku,saisons,printemps,fleurs,nature,zen,hokusaï,estampes,peinturesChallenge Dragon 2012

3/5 pour les livres

 

 

 

 

 

 

 

 

09/04/2012

Lundi graphique : prends ta claque !

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Jolies ténèbres de Vehlmann et Kerascoët, ed. Dupuis, 2009

 

Ayant récemment découvert Vehlmann et Kerascoët avec Voyage en Satanie, il me tardait de goûter aux précédentes associations des deux acolytes pour en savoir plus. Pas déçue, ce Jolies ténèbres m'a donné une bonne claque dans la gueule!

Le début commence comme un aimable conte de fées : une douce jeune fille reçoit son prince pour le thé et engage un échange ampoulé. Et puis, à la troisième page, le décor se met à tomber en lambeaux (que de bonne augure, vous imaginez) jusqu'à les projeter dans une toute autre réalité, moins idyllique : ils rejoignent une petite communauté de lilliputiens à la lisière d'une forêt et surtout d'un cadavre de petite fille (oui, vous lisez bien). Au fil des saisons et de la décomposition de la morte, la communauté s'organise tout d'abord autour de l'altruisme d'Aurore puis, à l'image de Sa majesté des mouches, c'est la violence froide et l'absence totale de compassion et d'empathie qui vont prendre le dessus. Un coup de poing d'autant plus magistral que la naïveté du dessin, la douceur des couleurs et le scénario alerte en petites aventures très courtes créent un contraste saisissant.

A ne pas mettre entre toutes les mains (jeune public et sensibles s'abstenir, je pense) mais à lire absolument pour les autres tant cet objet graphique est unique en son genre à tous points de vue. Un ovni BD qui te prend, te retourne comme une crêpe, et se termine comme si de rien n'était.

 

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*

 

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La fin du monde de Wazem et Tirabosco, ed. Futuropolis, 2008

 

Une jeune fille n'a plus goût à grand chose. Elle passe son temps allongée sur le sol, à ne rien faire, à parler avec sa petite voix intérieure tandis qu'à l'extérieur, un déluge progresse et inonde peu à peu tout l'espace. On sait que sa mère est morte ; elle apprend maintenant que son père est dans le coma. Réagissant avec peu de tristesse, il lui parait pourtant évident de devoir se rendre dans sa maison d'enfance et nourrir le chat malgré l'apparente inconscience d'un tel acte. Sur place, elle recontre une vieille femme qui va l'aider à faire toute la lumière sur ses origines, à trouver des réponses et à continuer à avancer en laissant le passé.

L'univers graphique de Tirabosco, sombre et anguleux, sert à merveille le propos de la quête de soi traitée peu joyeusement, j'en conviens, mais surtout avec beaucoup de justesse, d'empathie et de pertinence. A lire par beau temps et avec le moral, histoire d'en saisir toute la qualité sans être touchée de trop près !

 

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