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03/12/2012

Vous reprendrez bien une tasse de thé ?

Je l'ai déjà plus ou moins dit : Parmi mes péchés de gourmandise, le thé arrive clairement en tête.

J'en bois à toute heure du jour, en lisant, en écrivant, en travaillant - au petit déjeuner, évidemment, après le repas, l'après-midi. Bref, si je suis chez moi, il y a fort à parier que vous m'y trouviez avec une tasse de thé (et éventuellement avec du chocolat ou des muffins mais ceci est une autre histoire et sera peut-être l'objet d'un autre billet.)

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Pourtant, le thé a beau être une passion, je suis finalement bien peu connaisseuse : je ne bois que du thé parfumé et je suis totalement étrangère au plaisir de boire du thé en mangeant, sauf quand il est au jasmin et qu'on est au restaurant chinois.

Autant vous dire que les lacunes sont grandes. Bon, sur le principe, on s'en fout : on a pas forcément pour but d'être connaisseur en tout, après tout. Sauf que par hasard, je suis tombée sur le beau livre de Lydia Gautier et Jean-François Mallet et que, forcément, je n'ai pas pu m'empêcher de l'embarquer pour parfaire mon appréciation de cette auguste boisson.

 

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Thés et Mets de Lydia Gautier et Jean-François Mallet, ed. Aubanel, 2008

 

Où j'ai appris avec étonnemment que l'art du thé est aussi subtil que l'oenologie (oué, je pensais pas que ça allait aussi loin) : chaque thé (nature, il va sans dire) se goûte comme un bon vin et s'estime en fonction de ses arômes amers, doux, fruités, acidulés etc. Où j'ai appris également que le thé que nous appelons noir est en fait le thé rouge - d'après la couleur ambrée foncée que le thé prend après avoir été torréfié et que le "véritable" thé noir est le thé fumé - comme le Lapsand Souchong par exemple. Ce que nous appelons chez nous le thé rouge n'est absolument pas du thé, il n'en est donc pas question dans cet ouvrage (non mais en vous écrivant ça, je suis décidément convaincue que l'univers du thé est fascinant!)

Et puis surtout, où j'ai découvert les alliances subtiles (aha, comment réutiliser le sous-titre ni vu ni connu je t'embrouille) entre cette délicieuse boisson et les plats tout au long d'un repas. Selon votre goût, vous pourrez créer votre menu en fonction de la saison, d'un aliment ou d'un seul et même thé qui suivra la progression des mets. L'idée principale est toujours d'harmoniser les deux afin qu'ils évoluent de concert jusqu'au dessert.

Jusqu'ici, j'ai testé le thé blanc d'Himalaya avec des jacked potatoes au bleu d'auvergne, c'était délicieux ! Je vais peut-être bien le refaire prochainement d'ailleurs !

(Bon, ma préférence reste tout de même au thé parfumé en dehors des repas - Les thés Mariage Frères en tête)

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darjeeling.jpgEt tant que je suis sur le sujet du thé, j'en profite pour vous vanter également l'excellent documentaire de Xavier de Lauzanne, Le seigneur de Darjeeling.

Entre l'Inde et le Népal, Rajah Banerjee est le dernier propriétaire indépendant de thé Darjeeling. Tandis que toutes les exploitations environnantes sont chapeautées par des multinationales voraces qui détruisent la faune et la flore, Rajah pense son agriculture à l'échelle de la nature selon les principes du biodynamisme théorisé par Rudolf Steiner.

Dans ce joli récit de vie se mêlent amour et connaissance parfaite du thé, exotisme, respect de la nature et spiritualité joyeuse. Cela sera peut-être parfois un peu ésotérique pour certains. Il n'en reste pas moins que cette culture du thé fonctionne sur le principe d'une harmonie délicate qui devrait donner des idées !

Dois-je vous conseiller de le déguster avec une tasse de thé ou bien serait-ce un poil redondant ? ;)

 


Le Seigneur de Darjeeling - Bande-Annonce par aloest


Et belle journée à tous !

19/11/2012

Le Tailleur de pierre de Camilla Läckberg

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Le Tailleur de pierre de Camilla Läckberg, ed. Actes Sud, coll. Actes noirs, 2009, 474p.

 

Du côté de Fjällbacka, le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle : un pêcheur du dimanche vient de remonter une fillette de sept ans. La police dépêchée sur les lieux, patrick Hedström en tête, détermine rapidement qu'il s'agit de Sara, la fille d'une amie d'Erica. Elle détermine également que la petite ne s'est pas accidentellement noyée mais a été assassinée dans une baignoire : de l'eau douce savonneuse et de la cendre ont été retrouvées dans ses poumons...
Du côté de notre Miss Marple suédoise, ce n'est pas la fête du slip non plus : Depuis l'arrivée de Maja, deux mois plus tôt, elle ne parvient pas à reprendre pied dans la réalité. Le manque de sommeil, le manque de temps et le manque de compagnie des adultes, à part celle de son amie Charlotte, ne l'aide pas à se sentir tonique et heureuse. Bien sûr, elle aime sa fille, mais rien ne lui laissait présager des temps si compliqués au retour de la maternité.

J'avais été plutôt dure avec le premier tome, c'est vrai, le qualifiant d'un "oui, bon, pourquoi pas". Tandis que j'avais quasi dévoré le bouquin, j'avais joué ma littéraire chafouine se piquant d'élitisme. Cette fois-ci, je vous épargnerai ce genre de commentaires, d'autant que si j'y suis retournée, c'est bien que j'y avais trouvé mon compte au fond, malgré les grosses ficelles et un déroulement qualibré jusqu'à la caricature.
Je l'ai même encore plus trouvé dans ce tome-ci (soit dit en passant, comme je suis une étourdie notoire, j'ai loué le 3 au lieu du 2 mais on ne dira rien). Je me suis laissée prendre comme une bleue qui n'a jamais lu de polar, j'ai dévoré les pages jusqu'à plus soif et je n'ai pas éteint la lumière le soir avant d'en avoir bouffé la dernière. J'ai particulièrement apprécié l'alternance des nombreux personnages qui m'a paru ici fort bien menée, de même que l'alternance vie privée/enquête policière. Autant les considérations d'Erica dans le tome 1 sur son début de relation avec Patrick m'avaient insupportée, autant celles qu'elle nourrit présentemment sur son retour de couches et la difficulté de vivre avec un nourrisson m'ont interpelée par leur pertinence.

Bon, pour être honnête, j'ai toujours quelques bémols (oui, j'ai dit que j'évitais, mais quand même) : Le style de l'auteur a quand même cette incroyable capacité à être lourd et on ne peut pas nier que ce n'est pas une artiste du verbe. Quant au dénouement, je n'ai pu m'empêcher de le trouver un poil bancal (je ne dirai pas pourquoi au risque de spoiler honteusement).
Mais voilà, ça ne m'a pas empêché d'être à 300% dans cette histoire à mi-chemin entre polar et Desperate housewives.

Et oui, j'avoue tout : j'irai bientôt louer le tome suivant. Et toc !

 

*

 

05/11/2012

Pour seul cortège de Laurent Gaudé

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Pour seul cortège de Laurent Gaudé, ed. Actes Sud, Août 2012, 186p.

 

Êtes-vous prêts à voyager ? Telle est la question que je poserais à qui souhaite entamer ce roman de Laurent Gaudé. Bien sûr, dans le genre question éculée lorsqu'il s'agit de littérature, ça se pose là : après tout, quel livre ne fait pas voyager me direz-vous. Mais celui-là plus qu'un autre, me semble-t-il, et à tellement de niveaux que c'en est vraiment saisissant.

Voyageons dans le temps et l'espace tout d'abord, puisque c'est ce qui apparait de prime abord. Embarquons aux côtés de trois personnages qui, tous, marchent vers leur antique destin. Nous sommes à Babylone avec Alexandre, ce grand stratège qu'aucune bataille n'a terrassé mais qui s'écroule lors d'un banquet sous le regard alarmé de ses sujets. Nous sommes avec lui et nous épongeons son front douloureux tandis qu'il agonise, ne sachant pas mourir. Nous sommes également avec Dryptéis, sa belle-soeur qui revient d'un temple lointain où elle s'était retirée pour escorter Alexandre dans ses derniers instants. Enfin, nous sommes avec Ericléops, le fidèle. Il est allé au-delà de l'hindus porter un message à ce roi barbare qui faisait peur à tous et le rapporte à Alexandre, le priant de l'attendre de sa voix murmurée.

Voyageons entre la vie et la mort, car comme dans beaucoup de roman de Gaudé, il est question de ce fameux passage, de ce mystère insondable dont l'auteur se plait à lever le voile avec une délicatesse sans pathos. Car tel est sans doute le but de toute fiction : Par le subterfuge de l'imagination, délivrer des secrets. Dans bien des esprits, vie et mort sont opposées. L'une exclue nécessairement l'autre. Ici, au contraire, vie et mort se mêlent, se répondent, et la frontière entre les deux est si floue qu'un être peut être à la fois vivant et mort, qu'une voix d'ailleurs peut parvenir au vivant et l'un et l'autre peuvent se guider. C'est ainsi qu'Ericléops sera de la dernière chevauchée d'Alexandre malgré son trépas et que Dryptéis pourra converser avec ce beau-frère illustre pour l'accompagner dans l'éternité.

Enfin, voyageons dans le Verbe tragique, car telle est l'incroyable performance d'écrivain de Gaudé : parvenir à glisser dans le roman les mécanismes et surtout, l'esprit éblouissant de la tragédie antique. Il est, on le sait, écrivain de théâtre. Ici, il joue encore plus fort : il mêle le théâtre à la prose romanesque en alternant successivement les trois voix et en les faisant se répondre au-delà de toute matérialité. C'est la fatalité qui reprend son droit dans ces cheminements résolus et dignes vers un destin auquel il n'est pas possible d'échapper. Advient ce qui doit être et pour seul cortège, s'offre à nous les êtres nus, dépouillés, face à une existence qui les dépasse.

A tous niveaux, ce roman est une lecture éblouissante, caressante, façonnée de la violence pure de la vie.
Que peux-je donc faire d'autre, après une telle lecture, que de remercier le sourire aux lèvres l'auteur pour un si beau voyage littéraire ?


 

 

logochallenge2.pngChallenge de la rentrée littéraire 2012

3eme lecture

 

 

 

 

 

Rentrée-Littérraire-V2-logo.jpgLivre envoyé et lu dans le cadre des matchs de la rentrée littéraire 2012 de PriceMinister !

Merci beaucoup !