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19/02/2012

On patauge aux Beaux-Arts avec Guillaume Long !

[Ante-scriptum : Bon, je vais augmenter manuellement la taille de police de mes articles puisque l'hébergeur persiste à bugger et diminue sans raison ma police. J'espère que ça fonctionnera pour le confort de vos yeux !]

 

guillaume-long-comme-un-poisson-dans-lhuile-2002.pngA votre avis, ça ressemble à quoi deux années passées dans une école des Beaux-arts ? Et bien, ça ressemble exactement à ce que raconte Guillaume Long dans ses deux ouvrages Comme un poisson dans l'huile (la première année) et Les sardines sont cuites (la deuxième année).

Amusée du début à la fin, j'y ai retrouvé exactement ce que j'y ai vécu moi aussi (bon, moi c'était à Lyon, pas à Saint Etienne mais finalement, ça se passe exactement pareil dans n'importe quelle école visiblement). Le formalisme à la con qu'on nous inculque en faisant croire qu'au contraire, c'est la subversion la plus totale. L'élitisme ambiant des profs et les collègues de promo qui se la pêtent avec leur installation à 3 balles. Le vide intersidéral qui règne dans les productions imposées, qu'on nous apprend à camoufler avec des références artistiques fumeuses et des concepts artificiels construits de toute pièce l'avant-veille des rendus. Une production sensée être artistique qui se résume à une vaste imposture bricolée à la va-vite après avoir glandé tout un semestre à rien foutre. Des voyages dits culturels qui ne le sont qu'entre 14h et 16h30 quand on se grouille d'aller faire deux-trois galeries histoire de dire. Ahhhhhhh, quelle fumisterie ! J'en rigole quand même bien avec du recul ! (ne me demandez pas si, à part ça, j'ai appris une quelconque pratique artistique là-bas, la réponse est bien sûr non. Pour ça, fallait se démerder tout seul, il était hors de question que le prof de peinture s'abaisse à nous apprendre à peindre, non mais franchement !). Cela étant dit, et contrairement à moi, Guillaume Long sort des Beaux-Arts en étant diplômé et avec un sacré coup de crayon !

9782908981827FS.gifPour résumer, lisez ces deux courts récits graphiques, ils sont savoureusement caustiques et emprunts d'une poésie toute décalée.
Entre deux instants de paresse télévisuelle, les coups de bourre veille d'examen et les regards en coin d'une mouche mystérieuse, vous apprendrez en outre comment collectionner les boîtes de conserve de produits de la mer. Indispensable, donc !

 

 

Comme un poisson dans l'huile et Les sardines sont cuites de Guillaume Long, Vertige Graphic, 2002 et 2003

 

 

 

 

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05/02/2012

Ôde au chat, pour le plaisir

Au commencement, Dieu créa le chat à son image.
Et bien entendu, il trouva que c'était bien.
Et c'était bien d'ailleurs.

Mais le chat était paresseux.
Il ne voulait rien faire.
Alors, plus tard, après quelques millénaires, Dieu créa l'homme.
Uniquement dans le but de servir le chat,
De lui servir d'esclave jusqu'à la fin des temps.

Au chat, il avait donné l'indolence et la lucidité;
À l'homme, il donna la névrose, le don du bricolage et la passion du travail.
L'homme s'en donna à cœur joie.
Au cours des siècles, il édifia toute une civilisation basée sur l'invention,
La production et la consommation intensive.

Civilisation qui n'avait en réalité qu'un seul but secret:
Offrir au chat le confort, le gîte et le couvert.


Jacques Sternberg


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09:00 Publié dans Coups de coeur, Poésie | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : chat

30/01/2012

Le prince et le moine de Robert Hasz

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Le prince et le moine de Robert Hasz, traduit du hongrois par Chantal Philippe, ed. Viviane Hamy, 2007, 428p.

 

Au coeur du Xe siècle, les territoires de l'Europe Centrale s'animent entre l'ouest Catholique et le sud-est Byzantin. Entre les deux, sur les plaines de l'actuelle Hongrie, évolue le peuple des Magyars, fiers cavaliers nomades venus des lointaines terres du nord-est. Conquérants et ambitieux, ils guerroient depuis de nombreuses générations sur ces terres nouvelles afin d'étendre leur royaume. 

Longtemps auparavant, les Magyars étaient gouvernés par deux souverains. La Gyula, seigneur des armées et des hommes, et le Künde, seigneur spirituel, voix du Dieu-Ancêtre. Ces deux entités assuraient l'harmonie et le partage du pouvoir. Pourtant, la conquête acharnée ayant ses propres raisons, un complot fût fomenté par le Gyula et le Künde fut assassiné ; le corps de son fils unique ne fut jamais retrouvé et son peuple fut exilé en un lieu que personne ne semble plus connaître. A l'heure du récit, le peuple Magyar est tronqué et orphelin de la voix du Dieu-Ancêtre et les jeunes générations oublient peu à peu les mythes fondateurs.

C'est dans ce contexte sombre et incertain que Stephanus de Pannonie, moine bénédictin vieillissant est envoyé sur ordre de son abbé parmi ces tribus païennes pour délivrer un message du Pape. Avant de partir, il lui remet une insigne dont il ne connait rien représentant un aigle - cela, lui dit-il, pourrait lui être utile. De ce long voyage, Stephanus reviendra pour mieux se cacher dans la forêt et vivre en ermite. Il aura la visite de son ancien protégé du monastère, Alberich de Langres, à qui il racontera son périple ponctué de trahisons et de lointaines légendes.

C'est cette voix, ce récit d'aventures et de mythes, que nous raconte Robert Hasz avec un souffle épique impressionnant et l'imagination des conteurs d'antan. Du mythe fondateur des Magyars, voici qu'il nous en déroule l'épopée saisissante - cela, je vous le dis, n'a rien à envier au Trône de fer ! Il s'agit d'un roman dense et fouillé sur lequel le temps n'a pas de prise, qui se lit comme une aventure fantastique et où tout nous parle d'humanité et de l'importance de se rappeler d'où l'on vient dans un univers en pleine mutation. A n'en pas douter, sous les atours dépaysants de la chanson de geste, Robert Hasz nous parle aussi de nous, ici et maintenant.

 

Vous trouverez ici une interview de l'auteur pour Evene.fr et ici l'excellente chronique de Laurent Geslin pour Le Monde Diplomatique.

 

 

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Extrait :

 

"Voici le monde, je te le confie, veille sur mes animaux et sur mes prairies. Tu peux prendre ce dont tu as besoin mais pas plus qu'il ne t'est nécessaire. Le Dieu-Ancêtre dételé un des douze chevaux blancs de son char de fe et l'apporta à l'homme sur la Terre, disant : voici ton cheval, afin que sur la terre tu sois plus rapide que le vent, et que dans le ciel, tu voles plus haut que le faucon. Puis il lui donna aussi l'art d'or afin qu'il protège les animaux qu'il lui avait confiés. Enfin, le Dieu-Ancêtre planta un grand arbre qui touchait le ciel, et il dit à l'homme : Voici l'Arbre-qui-touche-le-ciel, il relie l'homme au Dieu-Ancêtre. S'il te faut quelque chose, grimpe jusqu'au sommet et tu trouveras dans le ciel ce dont tu as besoin."

 

 

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