17/03/2012
Jenna Fox, pour toujours de Mary E. Pearson
Jenna Fox, pour toujours de Mary E. Pearson, traduit de l'américain par Faustina Fiore, ed. Les Grandes personnes, août 2010, 281 pages
Jenna Fox a dix-sept ans et ne se souvient de rien. Elle s'éveille auprès de ses parents et de sa grand-mère après un coma de plus d'une année, vidée de tout. Au début, elle obéit aux ordres déguisés en conseils de sa mère Claire, subit la froideur de sa grand-mère Lily et laisse passer les jours en tentant d'y comprendre quelque chose. Puis des éléments deviennent troublants et des pensées se mettent à résonner en elle ; autant de points d'interrogation qui s'accumulent et Jenna commence à chercher avidement deux réponses primordiales : Qui étais-je et surtout, qui suis-je aujourd'hui?
Deuxième lecture pour le prix des Incorruptibles et deuxième grand plaisir : j'ai du bol !
Concernant la forme, j'ai été séduite par un découpage en courts (voire très courts) chapitres qui offre une lecture vive et électrique, à l'image des flashbacks de Jenna et des éléments de compréhension qui surgissent au fil du texte. La langue, certes sans prétention particulière, n'en est pas moins juste et tout à fait bien maitrisée.
Le fond, quant à lui, est le terrain d'interrogations multiples sur les avancées scientifiques et tout ce qui s'y rattache. Sur ce point là, j'ai vraiment été bluffée par la pertinence du propos. J'ai lu à droite à gauche quelques déceptions concernant l'ouvrage car le suspens ne tenait pas assez en haleine mais il ne me semble pas que l'intérêt véritable réside dans ses faux-semblants de thriller. C'est juste l'enrobage. C'est bien plutôt les questions d'identité et d'éthique scientifique mâtinées de philosophie qui constituent le noyau dur du livre et vu sous cet angle, le roman est une réussite. Ca à la mérite de changer de tout un tas de livres pour ado à base de crocs, de SF et de plans mielleux (et toc).
A partir de 13/14 ans
Ce livre concourt pour le prix des Incorruptibles 2012
Catégorie 3eme/2nde
09:00 Publié dans Littérature ado, SF/Fantasy | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : mort, coma, maladie, science, éthique, identité, humanité, philosophie, jenna fox
28/02/2012
Metal Mélodie de Maryvonne Rippert
Dans le cadre de mon nouveau boulot (oui, j'ai ENFIN un boulot et je suis prof en plus, chers lecteurs - chose des plus surprenantes lorsqu'on me connait), j'ai le plaisir de prendre en cours de route notre participation aux prix des incorruptibles dans la catégorie 3eme/2nde. Quelle super initiative pour les classes ! Je vais en outre pouvoir compléter à cette occasion ma piteuse connaissance de l'univers littéraire ado.
En voici ma première lecture.
Metal Mélodie de Maryvonne Rippert, Milan Macadam, 2010, 211 pages
Ce n'est pas la fête entre Luce, adolescente de 16 ans à fond dans un gothisme de carnaval, et sa mère Inès, journaliste. Tellement pas la fête que cela n'étonne pas tellement Luce lorsque sa mère disparaît pour 4 mois en Australie pour un travail sans lui dire au revoir, en lui laissant un simple mot sur le bureau. Qu'à cela ne tienne, elle va parfaitement bien se débrouiller sans cette mère conformiste et étouffante. Un avant-goût de la liberté, en quelque sorte. Ni une, ni deux, sa bande de gothiques rapplique pour la soirée ; s'incruste aussi une clodo punkette inconnue qui ne décollera plus de la maison, Moony.
Mais progressivement, le doute s'installe dans l'esprit de Luce. Pourquoi sa mère est-elle partie si précipitamment et si longtemps et pourquoi ne donne-t-elle quasiment pas de nouvelles? En passant quelques coups de fil, elle découvre que sa mère n'est pas en Australie et elle découvre surtout que son passé est un gouffre sans nom. Se lance alors une quête pleine d'amour et d'incertitude pour retrouver cette mère qui part comme elle se coupe les cheveux, rythmée par l'omniprésence du Metal et du flamenco.
Metal Mélodie propose un joli récit initiatique - la quête de soi à travers la quête de l'autre et l'évolution des relations mère-fille à l'adolescence- d'une facture assez classique mais néanmoins extrêmement bien mené. Structuré en deux temps et en deux lieux, l'ouvrage métaphorise la quête par le voyage et par l'évolution musicale sans caricature. J'ai avalé les pages avec grand plaisir, portée par une langue très fine, à la fois emprunte de belles tournures et d'argot adolescent, et par l'évolution des recherches qui ménage toujours un suspens parfait. Personnellement, je me suis demandée jusqu'au bout ce qu'il en était de la mère de Luce.
J'ai vraiment apprécié, outre ce suspens, sentir l'empathie de l'auteur vis à vis de son public lecteur, sa capacité à s'immerger dans un style, des sentiments, des attitudes avec autant de pertinence et de sensibilité. Un chouette moment de lecture!
A partir de 14 ans
Ce livre concourt pour le prix des Incorruptibles 2012
Catégorie 3eme/2nde
09:00 Publié dans Littérature ado | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : metal, musique, adolescence, amour, espagne, mère, fille, relation, maladie, secret, disparition, voyage
30/09/2011
L'étrange vie de Nobody Owens de Neil Gaiman
J'ai beau avoir quitté son précédent roman jeunesse avec grande déception il y a longtemps, mon côté vieille goth nostalgique aime bien aller voir de quoi il retourne quand il est question de cimetières et autres joyeusetés de ce genre. D'où la lecture de cet autre roman jeunesse de Neil Gaiman déniché par hasard.
Et en surfant rapidement sur la toile, je me rends compte qu'il a fait grand bruit sur les blogs littéraires à sa sortie. Et ben voilà, moi j'aime bien arriver après la bataille, ça fait original (comme si c'était la première fois, en plus).
L'Etrange vie de Nobody Owens (originellement The Graveyard Book) de Neil Gaiman, Albin Michel, Coll. Wiz, 2009
Neil Gaiman avoue en fin de livre son amour d'enfance pour le Livre de la Jungle qu'il a lu, lu et relu. Grand bien lui en a pris de le digérer aussi savamment pour en distiller une version toute en noir et blanc et en fantômes.
Nobody Owens survit tout jeune enfant à un mystérieux meurtrier qui élimine toute sa famille. Orphelin, c'est le monde des morts qui l'accueille et c'est avec lui que le garçon va grandir, apprendre et vivre son enfance. Un couple de fantôme l'adopte comme leur fils et Silas, citoyen libre du cimetière, devient son tuteur. Chacun lui distille les leçons nécessaires à sa survie dans cet étrange univers - Il parvient donc à maîtriser l'art de l'Effacement, de l'Effroi ou de la Hantise qui lui seront fort utiles.
D'amitiés en aventures paranormales, Nobody Owens apprendra progressivement à quel monde il appartient.
J'avais déjà pris plaisir à cette lecture mais quand j'y suis revenue avec l'éclairage du Livre de la Jungle, j'ai carrément trouvé le livre excellent. C'est une adaptation très fine et érudite où l'on peut retracer toutes les grandes lignes du livre maître tout en étant plongé sans ambiguité dans l'univers si personnel de Neil Gaiman. Ici, la noirceur cotoie la magie, les cauchemars les rêves.
A lire tant avec la fraîcheur de la jeunesse qu'avec les éclairages littéraires de l'âge adulte.
(Et laisser le titre original du livre ou, du moins, le traduire avec un plus grand souci de conserver le parallèle avec le livre maître sus-nommé aurait été judicieux de la part du traducteur. Enfin, moi je dis ça, je dis rien.)
10:00 Publié dans Littérature ado | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : neil gaiman, graveyard book, nobody owens, cimetière, je suis une vieille goth et j'assume