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11/01/2017

Calpurnia de Jacqueline Kelly

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Calpurnia de Jacqueline kelly, L'école des loisirs, Medium poche, 2016, 495p. 

Calpurnia a onze ans à l'aube du XXème siècle. Elle vit au milieu d'une fratrie de six garçons dans une bourgade paumée du Texas. Son père possède et dirige une plantation de coton. Sa famille fait partie des plus aisées de la région, ce qui n'empêche tout ce petit monde d'évoluer au milieu de la nature, des animaux et des obligations ménagères et domestiques. Cela n'échappe particulièrement pas à Calpurnia : En sa qualité de fille de la maison, elle doit se mettre progressivement aux tâches qui incombent à son sexe en vue d'être une future bonne épouse et mère. Sauf que la couture, le tricot et la cuisine ne passionnent pas du tout Calpurnia. Ce qu'elle aime, c'est passer du temps avec son grand-père et observer la nature, mener des expériences, découvrir, se poser des questions. Son rêve : aller à l'université et faire des sciences. En somme, exactement l'opposé de ce qui lui est destiné. 

Un jour, j'aurais tous les livres du monde, j'en aurais des étagères et des étagères. Je vivrais dans une tour de livres. Je lirais toute la journée en mangeant des pêches. Et si jamais de jeunes chevaliers en armure osaient venir m'appeler sur leur destrier blanc, me suppliant de défaire ma longue chevelure, je les bombarderais de noyaux de pêche jusqu'à ce qu'ils rentrent chez eux. p. 30

Le résumé de ce long roman jeunesse, qui a obtenu le Prix Sorcières 2014, est absolument alléchant. Si l'on ajoute son titre original, en clin d'oeil à Darwin dont il sera régulièrement fait mention au cours du récit, The Evolution of Calpurnia Tate, on projette immédiatement une sorte de roman initiatique s'étalant sur plusieurs années pendant lesquels le lecteur pourra voir se dérouler l'évolution de la jeune protagoniste. Malheureusement, cette promesse-là n'est pas vraiment tenue... Telles que vous voyez les quasi 500 pages du récit, elles ne couvrent qu'à peine 6 mois de la jeune Calpurnia. Nous n'irons pas plus loin que le 1er janvier 1900. Nous ne saurons donc rien de ce qu'elle devient et on ne peut que difficilement parler d'une évolution en ce qui la concerne, donc. Bien sûr, pendant les quelques mois où nous vivons à ses côtés, nous constatons qu'un virage est pris dans ses goûts, ses envies, ses aspirations tout comme dans le siècle. En elle, éclot la femme moderne, indépendante et affirmée. Mais là où l'on était en droit d'espérer une vie, nous avons un déclic, tout au plus. A cause de cela, bien que chaque chapitre soit très bien documenté et très instructif sur la vie de famille, la vie d'une jeune fille à la fin du XIXème, ou les nouveautés de cette époque (l'apparition du téléphone en ville, par exemple), l'ensemble manque de rythme et l'élan. Un chapitre entier sur l'apprentissage du tricot, un autre sur la manière de fabriquer une pâte à tarte, c'est beaucoup trop et fini par être lassant. J'aurais aimé que le roman porte et traite véritablement la question de l'évolution de la femme dans notre société ; c'est en tout cas ce qu'il m'invitait à attendre. Finalement, nous avons la tranche de vie d'une jeune fille - très fraîche, très attachante, plutôt bien écrite en plus, mais qui manque cruellement de dynamique et d'intérêt, au fur et à mesure des centaines de pages... Dommage. 

Lit, livres, chaton, sandwich ! Que désirer de plus dans la vie ? p. 92

14/10/2016

Le jardin de minuit d'Edith (d'après Philippa Pearce)


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Le jardin de minuit d'Edith (d'après Philippa Pearce, Soleil, 2015, 96p. 

 

Le jardin de minuit 2.jpgQuelque part au vingtième siècle, Tom doit quitter sa maison pour une durée indéterminée : son frère à la rougeole. Il est donc envoyé chez son oncle et sa tante, à contre-cœur, pour y passer la plupart de ses vacances. Ça ne le réjouit pas vraiment : Tante Gwen et Oncle Allan sont gentils mais terriblement ennuyeux. De plus, puisque Tom est officiellement en quarantaine, il ne peut pas faire grand chose à part manger... Jusqu'à une nuit où l'insomnie lui fait entendre un treizième coup improbable à l'horloge de la maison. Intrigué, il descend, furette et découvre au détour d'une porte un fabuleux jardin là où on lui avait dit n'y avoir qu'une cour ! Son sang ne fait qu'un tour et voilà que ses vacances, d'ennuyeuses au possible, deviennent pleines d'aventures dans ce lieu féerique. D'autant qu'il y trouve aussi l'amitié de Hatty, une petite fille de plus en plus grande, belle et libre. Le temps, dans le jardin de minuit, n'évolue pas tout à faire comme celui du jour... 

Je ne suis pas connaisseuse du roman de Philippa Pearce, aussi ne puis-je pas juger de l'adaptation. Il n'empêche que j'ai aimé me fondre, comme une enfant, dans ce récit doux et nostalgique, comme peut l'être l'enfance rêvée dans les yeux d'un adulte qui chérit ses souvenirs. Les temps d'Hatty et de Tom se rencontrent ainsi à des vitesses différentes et chacun semble s'accrocher à ce qui doit inévitablement filer comme l'eau claire. C'est délicat parce qu'éphémère et c'est cette saveur particulière qui fait toute la beauté particulière de cette belle histoire. Edith la restitue avec un dessin fait des ombres des feuillages, exactement dans cet entre-deux qui sied aux aventures de nos deux protagonistes. L'alternance des époques n'est pas évidente à suivre de prime abord, du moins pour un jeune regard, ce qui rend la tâche de lecture d'autant plus passionnante : aux côtés de Tom, on s'interroge sur cette étrange aventure. Je n'ai plus qu'à dénicher le roman de Philippa Pearce pour la prolonger ! 

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18/09/2016

Black-Out de Brian Selznick

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Black Out de Brian Selznick, Bayard Jeunesse, 2014, 640p.

 

Black Out 3.jpegLe premier abord fait un peu peur : 640 pages, c'est une sacrée somme pour un roman ado - pour un roman tout court - et l'épaisseur du papier fait que le livre est sacrément imposant. Au deuxième abord, c'est la curiosité qui prend le dessus puisqu'à le feuilleter, on s'aperçoit qu'il y autant d'images que de texte, peut-être même plus. Quel est donc, alors, ce curieux objet-livre qui n'est ni un roman au sens strict du terme, ni un roman graphique, ni un album ?

C'est l'histoire de deux adolescents qu'a priori rien ne rapproche : Ben vient de perdre sa mère bibliothécaire et vit avec son oncle et sa tante non loin de son ancien chez-lui, à Gunflint Lake. Nous sommes en 1977 et Ben s'accroche à une petite collection d'objets insolites qui lui rappelle nombre de souvenirs envolés. Rose, quant à elle, souffre d'un père trop directif dans une maison vide. Elle s'évade en construisant une réplique de New-York dans sa chambre et collectionne tout ce qui concerne une star du cinéma muet. Nous sommes en 1927. Cinquante ans et quelque états les séparent et pourtant, Ben et Rose partagent une immense solitude et la quête d'un ancrage, d'un lieu auquel appartenir, d'êtres à qui s'accrocher. L'un comme l'autre partent pour New-York pour y chercher des réponses et un peu de chaleur. C'est ainsi que leurs destins deviennent parallèles, l'un marchant dans les pas de l'autre, avant de mieux se retrouver.

La grande force de ce récit réside dans sa forme originale et parfaitement maîtrisée (Brian Selznick l'avait déjà expérimentée dans L'invention de Hugo Cabret, adapté à l'écran par Scorcese) : une alternance de dessins en noir et blanc et de texte correspondant, dans Black Out, à la vision ou, plus justement, à l'expérience, de chacun des deux protagonistes. Ainsi, Rose se découvre au lecteur sans le truchement du mot mais non sans une grande sensibilité, comme un clin d'oeil au cinéma muet qu'elle admire et comme l'expression de cette sensation qu'elle éprouve d'être souvent coupée d'une partie du monde : celui qui entend, celui qui use de mots, au lieu de ressentir par d'autres sens. Ben expérimente aussi la surdité mais plus tardivement, aussi est-il encore un point entre les sourds et les entendants et la parole est encore son mode de communication privilégié. En somme, au-delà de la beauté de la forme, celle-ci fait sens dans l'évolution du récit jusqu'à mêler les deux comme le symbole d'une communion retrouvée.

L'histoire en elle-même est évidemment touchante, même si je l'ai trouvée assez superficielle et téléphonée. Clairement, le principal, ici, est mis sur la forme plus que sur des personnalités consistantes et élaborées. Ce ne sont pas tant Ben et Rose qui me resteront en tête, malgré tous les bons sentiments que cet ouvrage (que je ne sais toujours pas classer, et c'est tant mieux !) véhicule, mais bien l'exercice passionnant de renouveler le dialogue narratif entre le texte et les arts plastiques.

 

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Le mois américain.jpegLe Mois Américain 2016 chez Titine

3ème participation 

 

 

 

 

 

 

 

Challenge Un pavé par mois.jpgChallenge un pavé par mois chez Bianca

Participation de septembre 2016