31/03/2014
Swamplandia de Karen Russel
Swamplandia de Karen Russel, Le livre de poche, 2014, 476p.
Mystérieux livre que la magie des swaps a fait rentrer dans ma PAL, avec toi je traverse les marécages de Floride à dos d'alligator. Ci-gît Swamplandia, jadis parc d'attraction à la renommée prestigieuse grâce à la dompteuse Hilola Bigtree, aujourd'hui à vau l'eau parce qu'Hilola est morte - d'un cancer (le crabe ne se laisse pas dompter si facilement). Lorsque les spectacles d'alligators ne sont plus assurés, les visiteurs cessent d'arriver tout doucement, puis c'est le désert de gadoue. Un à un les membres de la famille Bigtree, emplumés comme de faux indiens, s'effilochent nonchalamment. Le père nie, la soeur parle aux fantômes, le frère ambitionne des études sur le continent et Ava, la petite dernière dans tout ça, essaye de sauver le parc comme elle peut en se frottant aux alligators.
Saga familiale, mais saga un peu folle, un poil déjantée, crasseuse dans les coins, que portent les yeux d'Ada. Forcément, l'enfance transcende les petits riens étonnants et c'est ce qui fait la force de Swamplandia : on voyage et on sourit en même temps qu'on a le cœur un peu pincé. Je ne m'attendais à rien de tout ça en ouvrant le livre. La quatrième de couverture n'est pas complètement claire - à mon sens - et c'est tant mieux. L'originalité m'a prise, hop, et je me suis laissée guidée sans mot dire. Peu à peu à la narration d'Ada se supplée celle de Kiwi, le grand frère vendu au Monde de l'Obscur pour le futur bien des siens. Ces deux voix offrent un contrepoint délicat pour saisir ce point crucial où tout bascule et tout s'ouvre, entre onirique et mélancolie.
Je suis particulièrement titillée sachant que c'est un premier roman. Karen Russell s'annonce comme une brillante conteuse à venir - peut-être pas stylisticienne, non - bien qu'il faille un sacré style pour donner au roman une telle saveur - mais une conteuse, c'est une certitude - et franchement, l'un n'a rien à envier à l'autre. Affaire à suivre !
Merci à Natiora pour ce cadeau lors de notre swap autour du monde !
(Illustration : Swamplandia de Carol Carter - voir son blog ici, plein de sublimes aquarelles)
Challenge USA chez Noctenbule
13eme lecture
08:00 Publié dans Challenge, Littérature anglophone, Swap | Lien permanent | Commentaires (6)
11/03/2014
Swap autour du monde avec Natiora !
En janvier dernier, Vanessa/Natiora nous proposait sur son blog un swap autour du monde : un swap pour découvrir, voyager, partir à la rencontre de nouveaux horizons et d'autres cultures. Je ne pouvais résister à une invitation si délicieuse, moi qui suis curieuse de nature (et fan de swaps en prime).
Elle a achevé de me convaincre en m'offrant d'être sa binôme ! Nous avions déjà partagé ensemble lors du swap de Noël 2012 d'Asphodèle grâce auquel nous avions fait connaissance, je savais donc que ce nouveau swap en sa compagnie allait être super et je m'en réjouissais d'avance !
Mais ce n'était rien comparé à la grande joie que j'ai eu à l'ouverture de son colis ! C'est une multitude de couleurs qui m'a cueillie et dépaysée immédiatement. Vanessa m'a noté sur sa carte que le voyage est associé pour elle à l'exotisme : son colis retranscrit ce goût à merveille ! Et pour que le voyage soit complet nous n'avons opté ni l'une ni l'autre pour un seul pays en particulier mais avons picoré le monde entier : le must ! Je vous laisse juger par la beauté du colis dès l'ouverture :
A l'intérieur, trois livres d'horizons très différents :
L'Inde en héritage d'Abha Dawesar : "De sa chambre, coincée entre les cabinets de ses parents médecins, avec les microbes et les bactéries pour compagnons de jeux, un petit garçon ausculte son entourage. Observateur discret, il capte l'imposture ambiante, perçoit la violence qui vérole le système. Ses oncles et tantes cupides qui complotent pour détourner l'héritage du grand-père constituent ses sujets d'étude. Puis la télévision lui offre le spectacle de l'avidité des puissants. Ici, on vole un rein, là on occulte un virus. Quand on assassine Miss Shampoing, pin-up qui affole les populations, le gamin noircit encore le diagnostic. Ainsi, par cercles concentriques, Abha Dawesar expose une société gangrenée. A travers les mésaventures d'une famille, son roman nous conduit au cœur d'un pays écartelé entre démocratie et barbarie."
Une voix de la jeune génération indienne, subversive et incisive. Une découverte qui s'annonce surprenante car je ne connais pas du tout cette littérature !
L'Odeur du café de Dany Laferrière : "Au coeur de ce récit, il y a l'enfance. Celle d'un petit garçon passant ses vacances chez Da, sa grand-mère, et accompagné de la chaleureuse vigilance de ses tantes. Un peu de fièvre, et le voici privé de jeux avec ses camarades. Alors il reste sur la terrasse de bois, à côté de Da qui se balance dans le rocking-chair, avec toujours une tasse de café à portée de la main pour les passants et les voisins. Le long des lattes de bois, l'enfant regarde les fourmis, les gouttes de pluie marquant le sol, regarde et écoute les adultes s'occuper et parler, respire les odeurs de la vie. Chronique des sensations enfantines, L'Odeur du café est un livre envoûtant, le récit d'un voyage au temps si fragile et si merveilleux de l'enfance."
Voilà un moment que j'entends parler de Laferrière avec beaucoup d'éloges ! Je me réjouis de le découvrir à travers ce récit d'enfance et d'exotisme.
Swamplandia de Karen Russel : "A treize ans, Ava Bigtree a passé toute sa vie à Swamplandia, un parc à thème peuplé d'alligators, que sa famille a créé sur une île des Everglades, au large de la Floride.
Quand le cancer emporte sa mère, l'indomptable vedette du parc, toute la famille plonge dans le chaos. Le père lâche prise, la soeur tombe amoureuse d'un garçon inquiétant du nom de Louis Thanksgiving, son grand frère Kiwi les lâche pour se faire embaucher dans le parc concurrent, Le Monde de l'Obscur. Alors qu'Ava se lance dans une périlleuse mission à travers les marécages pour sauver les siens et Swamplandia, le lecteur se retrouve plongé dans l'univers luxuriant et magique de Karen Russell, dont l'écriture inventive n est pas la moindre des qualités.
Brassant des thèmes tels que la vie et la mort, le sauvage et le civilisé, l'humain et l'animal, l'enfer et le paradis, le réel et le fantastique, auxquels elle insuffle une incroyable énergie romanesque et qu'elle renouvelle, Karen Russell nous offre une extraordinaire parabole sur la famille, l'amour et la perte de l'innocence."
Avec une telle 4eme de couverture, dois-je préciser que ce titre me fait sacrément de l’œil ? ^^
Pour accompagner ces trois titres alléchants, Vanessa a glissé trois marque-pages super vifs et plein de bonne humeur : Je les adore !
Du côté des surprises, un vrai délice, tout simplement !
Vanessa a bien compris mon petit penchant du week-end pour les apéros ^^ Elle me glisse l'opportunité de varier mes traditionnels bières/fromages/chips avec Un apéro à Cuba plein de recettes de cocktails et de tapas muy calieeeeeente ! Ca sent prochainement la soirée entre filles pour tester tout ça (héhéhé)
En parlant de fille, mon côté gonzesse est également comblé avec une magnifique pochette d'inspiration indienne pour balader mes bijoux en voyage et un baume à lèvres à la figue.
et puis, comme je reste tout de même une littéraire dans l'âme (même alcoolisée, même maquillée, oui oui), je pourrais noter toutes mes idées de lecture au fil de mes pérégrinations avec un joli carnet de voyages.
Et the last but not the least, des gourmandises cosmopolites :
Des crackers japonais pour l'apéro que j'adore (oui, l'apéro, c'est la vie - et d'ailleurs, ces crackers n'ont pas passé le samedi soir dernier aha!)
Du chocolat noir de Madagascar
Du thé noir chaï masala indien (ironie : c'est exactement celui que j'avais prévu pour Vanessa avec qu'elle me dise détester le gingembre et la cardamome... Du coup, j'ai changé de plan^^)
Je vous laisse admirer l'ensemble de ce fantastique colis :
Merci mille fois à toi, Vanessa, pour cet échange toujours si agréable entre nous et toutes ses surprises qui me ravissent vraiment. Oui, je radote et je commence à être à court de synonymes de la joie/du plaisir/de l'enthousiasme mais parce que décidément, une telle explosion de couleurs ne peut que donner la pêche et la banane (un délice résolument fruité, donc) !
C'est par ici pour voir le colis que je lui ai envoyé ^^
08:03 Publié dans Swap | Lien permanent | Commentaires (14)
24/02/2014
Auprès de moi toujours de Kazuo Ishiguro
Auprès de moi toujours de Kazuo Ishiguro, Folio, 2008, 441p.
Dans un temps qui pourrait très bien être le nôtre, de jeunes enfants sont voués à une éducation d'élite - parmi lesquels nos trois protagonistes : Kathy, Ruth et Tommy. L'école de Hailsham propose toutes sortes d'activités pour les épanouir. L'art, tout particulièrement, tient une place de choix pour leur permettre de s'exprimer en toute liberté. Ils sont également encouragés à l'autonomie et la responsabilité dans cette vie profondément communautaire. Pourtant, quelque chose cloche : cette éducation se pratique en vase clos. En dehors des gardiens (quel nom étrange pour des professeurs, n'est-ce pas?), les enfants ne côtoient personne et ne sortent jamais. Nulle visite si ce n'est celle de Madame qui collecte leurs plus belles créations pour sa galerie. Et pourquoi tant de règles et de secrets distillés au compte goutte ? Il faut dire que ces enfants, qui deviendront adolescents aux Cottages (deuxième partie du roman) puis adultes (troisième partie, donc), sont destinés à une vie très particulière. Un sacerdoce, en somme, décidé dès leur venue au monde, et auquel ils ne peuvent se soustraire.
J'ai fait le choix de ne pas en dire trop sur l'histoire du roman puisque le secret en est un des ressors. Vous savez donc juste qu'il y a un secret - ce que vous comprendrez de toute façon très tôt. Pour le reste, je ne souhaite pas trop spoiler pour vous laisser l'entière découverte !
Alors voyons... J'ai parcouru énormément de blogs à propos de ce livre pour prendre le pouls de différents avis et force est de constater que, comme peu de bouquins, celui-ci fait l'unanimité. Mais vraiment. Je n'ai même pas trouvé un avis un peu mitigé ; que des éloges à foison (et pour l'auteur de manière générale d'ailleurs, tous titres confondus). Ce qui me conduit donc à être sacrément embêtée et plutôt interrogative : j'avoue ne pas avoir accroché et du coup, je me pose la question fatidique "à côté de quoi suis-je donc passée ?!"
J'ai remarqué que reviennent souvent des mentions concernant son style de qualité et le fait que la progression narrative agit comme un page turner tout le long du roman. Pour le coup, je suis complètement à l'opposé de ces avis. J'avoue que le style m'a semblé plutôt fade et plat. Pas mauvais du tout hein, mais vraiment sans plus. Quant à la progression narrative, autant être franche : je me suis terriblement ennuyée. Autant je n'ai rien contre les romans qui ne "racontent rien", disons, les romans qui ne se basent pas sur des enchaînements de péripéties, autant là, j'ai eu l'impression qu'on filait de digressions en digressions sans intérêt et fréquemment, je me suis demandée "what's the fucking point ?!".
En fait, la problématique que l'auteur soulève m'intéresse beaucoup et j'ai d'ailleurs beaucoup plus accroché à la troisième partie précisément parce qu'elle est plus exploitée, qu'on rentre beaucoup plus dans le vif de ce sujet épineux et tellement d'actualité. Mais pourquoi l'avoir empoigné d'un point de vue aussi anecdotique quasiment tout le long du livre ? Je n'ai pas compris. Peut-être n'ai-je tout simplement pas été sensible à la toile d'émotions et de sentiments qui lient les trois personnages qui, tous, m'ont fait passer de l'énervement à la mièvrerie la plus déconfite. Ça ne m'a pas touchée un brin. Sur ce coup là, je suis ennui et cœur de glace.
Point positif tout de même : j'ai par contre très envie de visionner le film ; la bande annonce m'a séduite ! Wait and see, donc !
Merci beaucoup à ma copine Manu de m'avoir permis cette découverte grâce à son cadeau lors du Rock'n'Swap. Je vous invite à lire sa chronique d'ailleurs, autrement plus enthousiaste que la mienne !
09:00 Publié dans Littérature anglophone, SF/Fantasy, Swap | Lien permanent | Commentaires (18)