26/02/2012
A la rencontre de George Sand
On a beau se prévoir des listes d'auteurs à découvrir et se faire des piles à lire, force est de constater que pour avoir le déclic, c'est souvent l'occasion qui fait le larron. Les plus jolies rencontres sont souvent affaire de hasard, un beau matin.
C'est ce qui s'est passé hier, entre George Sand et moi, auteur dont je n'ai jusqu'alors jamais ouvert un livre. J'avais bien croisé La petite Fadette ou La Mare au diable pendant ma scolarité, mais sans aucune conviction.
Et puis, à l'occasion d'une visite de mes parents dans ma Creuse profonde, je découvre que Nohant n'est qu'à une soixante de kilomètres de chez moi. Ni une, ni deux, nous voilà sur la route à la rencontre du lieu de vie de cette femme de lettres, à mes yeux mystérieuse.
Et quel plaisir que cette maison charmante, aux pièces à taille humaine, où s'ouvrent pour nos yeux son piano, son lit, son théâtre et son cabinet de travail. C'est ici qu'elle a composé ses oeuvres, qu'elle a reçu Flaubert, Balzac, Chopin ou Tourgueniez. C'est ici qu'elle a cuisiné ses fameuses confitures. Et c'est ici qu'elle repose, toujours fidèle à son Berry natal, dans le repos de son âme. Un vrai pélerinage à la rencontre d'une personnalité à travers son lieu de vie.
Autant vous dire qu'en sortant, émue par sa présence encore vivace, j'ai dévalisé la librairie pour emporter quatre de ses oeuvres et une carte postale qui me servira de marque-pages. A n'en pas douter, un écrit de George Sand sera mon classique du mois de Mars !
16:46 Publié dans Littérature française et francophone | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : visite, george sand, nohant
25/02/2012
Jane Eyre de Charlotte Brontë
Jane Eyre de Charlotte Brontë, chez tous les éditeurs de poche que vous voulez, près de 700 pages
Beaucoup, je suppose, connaissent l'histoire de Jane Eyre : Orpheline recueillie par la famille de son oncle maternel, Jane est détestée voire maltraitée par une tante à claquer et par des cousins prétentieux, fourbes et gâtés. Jane n'a pourtant pas la langue dans sa poche et cette franchise ne lui facilite pas la vie avec eux.
A 10 ans, elle est envoyée à la pitoyable école de Lowood - établissement pour orphelines et indigentes d'une dureté telle qu'elle se transforme rapidement en mouroir. Jane y perdra sa seule amie, la petite Helen Burns lors d'une l'épidemie de phtisie.
A 18 ans et tandis qu'elle est professeur dans cette même école depuis deux ans, il lui prend des envies d'ailleurs. Elle poste une annonce pour devenir gourvernante et reçoit une réponse venant du château de Thornfield où elle ne tardera pas à se rendre pour devenir préceptrice d'Adele et pour tomber amoureuse de son cher maître, le laid mais magnétique Monsieur Rocheter (rahhhhhhhhhh). S'en suivra encore toutes sortes de petits et grands évènements - parce que bon, à ce point de l'histoire, il reste encore presque 450 pages hein, mais je vous laisserai le soin de les découvrir si le coeur vous en dit !
Arrivée à ce point du billet, il me reste à vous parler de mes impressions de lecture et c'est un peu le point critique : arriver à synthétiser des impressions assez diverses.
D'un point de vue purement littéraire, le verbe et les codes de genre sont indéniablement maîtrisés dans ce roman. On y retrouve les stéréotypes des personnages (la marâtre, la jeune orpheline laide et sans ressource qui brave l'existence par sa force de caractère, l'ambivalence de l'être aimé viril et mystérieux, à la fois protecteur et dangereux etc.) , le romantisme de l'amour impossible et intense, l'ambiance gothique des vastes plaines anglaises où le vent hurle et où les manoirs se hantent de créatures démoniaques (mais qui est donc cette mystérieuse présence au manoir de Thornfield, hin hin ?), sans oublier les hallucinations (ou ce qu'on croit l'être) et les rêves prémonitoires. Bref, Jane Eyre est un parfait syncrétisme de romantisme et de gothique, avec en outre un soupçon de féminisme - et là est toute son originalité - distillée à travers la figure de l'héroïne, dans ses attitudes, ses pensées ou sa manière d'être. Une bien intéressante vision de la femme pour l'époque (nous sommes tout de même en 1847).
D'un point de vue purement personnel, j'ai dévoré certains passages (ceux avec Rochester pour ne rien vous cacher) et d'autres m'ont passablement gonflée. Il m'a semblé qu'un grand nombre de pages n'apportaient rien au déroulement de l'histoire stricto sensu ni aucun renseignement supplémentaire sur la vie de Jane Eyre - que c'était de la broderie gratuite et contemplatique et j'avoue, quand c'est pour broder une ambiance qui donne envie de se pendre, la gratuité de la chose me fait lire en diagonale... Bref, je n'étais pas toujours dedans et je me suis parfois ennuyée. Malgré tout, j'ai beaucoup apprécié la personnalité de Jane Eyre, ce petit de femme que rien n'abat, qui toujours avanc dans la dignité, le respect de ses valeurs et la foi. Une leçon de courage.
Pour résumer, une lecture très mitigée pour moi, parfois passionnée, parfois fastidieuse et au final, mon regard de littéraire pure vous dira que le livre est certes très bon, mais mon avis de lectrice vous dira qu'il n'y a pas forcément de quoi s'en tanquer 700 pages. Je vous invite vivement (histoire d'y aller de mon petit conseil purement arbitraire) à préférer Les Hauts de Hurlevent ^^
Challenge un classique par mois
Février 2012
Challenge Gilmore Girls
2/3
Challenge les 100 livres à avoir lu une fois chez Bianca
Billet rétroactif
09:00 Publié dans Classiques, Littérature anglophone | Lien permanent | Commentaires (6)
22/02/2012
La nuit de l'oracle de Paul Auster
La nuit de l'oracle de Paul Auster, traduit de l'américain par Christine Le Boeuf, Actes Sud, 2004, 238p.
La nuit de l'oracle, ça commence avec une histoire des plus prometteuses : Sidney Orr se remet d'une longue maladie qui l'a laissé à demi inconscient et cloué à l'hôpital pendant plusieurs mois. Un fois rentré chez lui et afin de reprendre progressivement la forme, il rythme ses journées de promenades de plus en plus longues pendant lesquelles il renoue avec Brooklyn et réfléchit à son travail d'écrivain en stand by. Il tombe un jour par hasard sur une papeterie et y déniche un carnet bleu importé du Portugal : c'est le coup de foudre. Il l'achète et dès son retour chez lui, écrit frénétiquement plusieurs heures l'ébauche d'un futur roman.
Et là, la 4eme de couverture laisse planer le suspens sur les suites de cette écriture hypnotique, évoquant que cela va le conduire à de "dangereuses surprises"... Le carnet aurait-il un pouvoir mystérieux ?
Autant vous dire que ce synopsis m'a immédiatement donné envie de lire le bouquin, d'autant plus lorsque au début du roman, l'auteur commence à filer deux mises en abymes successives : Sidney Orr écrivant son ébauche de roman et y incluant un autre roman dont il relate également l'histoire. On plonge, on plonge avec grande délectation. Décidément, Paul Auster a un don absolument étourdissant de narrateur : on est instantanément vissé à sa prose et on enchaîne les pages avec avidité comme s'il s'agissait d'un polar !
Sauf que - cela se gâte : systématiquement, je finis par être déçue. Je suis harponnée, je bois ses mots, et puis il commence à se barrer en cacahuètes en disperçant l'intrigue, en ébauchant des intrigues dans les intrigues, en distillant des mystères un peu partout, pour finir par une chute à la noix qui ne résoud absolument rien. Un peu comme dans La musique du hasard, il tue un des personnages, comme si la mort était sensée apporter la clé alors que ça apporte quedalle, ça laisse juste en suspens pleins de pistes qu'il n'a fait qu'ébaucher, au milieu desquelles il a fini par perdre le propos et finalement, ne sachant pas comment démêler la chose, il nous plante lamentablement. Genre tadammmm, je savais pas comment finir alors je tue un gars. Heu ouais, génial. Et sinon ?!
Bref, j'ai l'impression de m'être fait embarquer dans une vaste fumisterie, comme si je m'étais fait hypnotiser pour rien, au final. C'est quand même dommage. Il avait de l'or en barre avec son histoire, le père Auster, et encore plus avec son talent de conteur. Pourquoi il veut toujours trop en faire, pourquoi il s'éparpille au lieu de creuser, et pourquoi il chiade par un peu plus ses chutes ?! C'est trop injuste !
En fait, je me dis qu'il devrait travailler avec un scénariste, comme les auteurs de BD. Lui, il écrit - comme d'autres dessinent - parce que pour ça, on est d'accord qu'il est extraordinaire mais il laisse le soin à quelqu'un de compétent d'élaborer une histoire qui se finit pas en queue de cerise !
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09:00 Publié dans Littérature anglophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : new-york, écrivain, carnet, processus créatif, mise en abyme