16/01/2012
Beauté, Morale et Volupté dans l'Angleterre d'Oscar Wilde
(un petit aparté non littéraire, ça a du bon aussi)
L'Aesthetic Movement est, en quelque sorte et très grossièrement (mais je ne suis pas historienne de l'art donc je me permets quelques grossièretés) le pendant anglais du mouvement parnassien français : se désolidariser des contraintes morales, d'éventuelles visées didactiques ou politiques et des sujets imposés depuis la nuit des temps pour considérer "l'art pour l'art" - qui n'aurait pas à être utile ou vertueux mais uniquement beau et sensuel.
C'est ce mouvement de l'époque d'Oscar Wilde que se proposait d'explorer le musée d'Orsay dans une exposition ouverte jusqu'à hier (et je m'y suis incrustée dans les derniers instants, ouf!) à travers plusieurs arts. Celui de la littérature, avec des aphorismes impertinents de l'auteur pré-cité au gré des murs, puis à travers la peinture, la photographie, les arts décoratifs et la mode. Le tout dans une ambiance feutrée toute en violet et vert qui donne juste envie de refaire son salon (ceci était le détail hautement nécessaire à cette chronique)
J'émettrais tout d'abord un petit bémol: pour traiter un sujet aussi vaste et fourmillant, l'exposition apparaît forcément un peu superficielle. Dans une volonté justifiée d'exposer plusieurs arts afin de montrer l'étendue du mouvement qui n'était pas seulement posture créatrice mais art de vivre, j'ai été quelque peu déçue de la brièveté de l'exposition ou plus justement du choix des pièces. Ne pas y découvrir les pièces les plus connues de Millais ou Waterhouse (une seule peinture de ce dernier était présente à l'exposition - celle de l'affiche) m'a attristée! En toute honnêteté j'y allais principalement pour ces deux peintres, c'était donc raté!
Mais enfin, il fallait bien faire des choix ! Et l'exposition, malgré tout, était enchanteresse, et dégageait une atmosphère cohérente et hors du temps, entre un passé fantasmé, une beauté sensuelle enfumée et une pointe de pessimisme sous les grands apprêts du dandy.
En somme, il n'y avait pas meilleure manière de commencer un samedi - et se poser ensuite dans un jardin des tuileries ensoleillé et quasi désert pour papoter entre amies et faire la provinciale clichée, ça n'a pas de prix.
(Plus concrètement, je vous invite à lire ce passionnant article concernant l'expo sur le site de Maglm)
Sainte Cécile de Waterhouse
Pavonia de Leighton
Motif plume de paen d'Arthur Silver
"Une oisiveté éprise de culture me semble être l’idéal de vie le plus élevé"
Oscar Wilde
09:00 Publié dans Art, Coups de coeur | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : art, art nouveau, aesthetic movement, peinture, design, xix, oscar wilde, waterhouse, millais, whistler, burne-jones, rossetti
13/01/2012
Monsieur Walser et la forêt de Gonçalo M. Tavares
Monsieur Walser et la forêt de Gonçalo M. Tavares, ed. Viviane Hamy, 2011, 50p.
Gonçalo M. Tavares explore depuis quelques ouvrages des figures étonnantes, des types au patronyme célèbre qui peuplent le Bairro - le village, le quartier en portugais. Après Monsieur Brecht ou Monsieur Calvino, voici Monsieur Walser, habité d'une envie de retour aux forêts. Pour cela, il se fait construire une cabane au milieu des bois, en marge du village. Pas tant une envie de nature qu'une envie de coloniser cette nature par la construction pointue d'un lieu neuf où se retrancher, avoir la paix. Le jour d'entrée dans la maison, Monsieur Walser se délecte de tout ce mobilier, cet habitat flambant, douillet, rassurant, impeccable. Jusqu'à l'arrivée d'un ouvrier qui dit devoir réparer un élément défectueux, puis un deuxième puis toute une floppée qui envahit les lieux et trouble le personnage. La maison ainsi que sa tranquilité partent en déliquescence.
Ce livre est comme un petit conte drolatique et piquant, un croquis par type de nos travers. J'avoue que je ne m'attendais pas à ça mais à quelque chose de plus fouillé, de plus complexe dans la réflexion - il faut dire que je ne m'attendais pas à un bouquin aussi fin. Ici, l'auteur suggère, invite à la réflexion par la mise en scène de cet épisode presque théâtral - à nous de creuser plus loin. Une lecture intéressante sur divers points mais qui ne m'a pas habitée à cause de cette posture formelle et très détachée qui a tendance à me laisser assez froide.
*
Extrait :
"Comme Walser est content ! A peine ouvre-t-on la porte de sa maison - il le sent bien - que l'on pénètre dans une autre monde. Comme s'il ne s'agissait pas seulement d'un mouvement physique dans l'espace - avancer de deux pas - mais aussi d'un déplacement - autrement plus puissant - dans le temps. Entre le pied de derrière, dont il se dégage encore une odeur de terre et la sensation, en rien objective, mais qui existe bel et bien, d'être entouré de choses vivantes mais qu'on ne comprend pas complètement et qui ne nous comprennent pas non plus - les éléments de la forêt - , entre ce pied de derrière, donc, et ce pied de devant, qui a déjà franchi le pas de la porte, la distance parcourue ne doit pas se mesurer en centimètres mais en siècles, voire en millénaires."
et hop, encore une lecture pour le challenge de la rentrée littéraire 2011 tant qu'à faire!
09:00 Publié dans Challenge, Littérature lusophone | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : walser, forêt
11/01/2012
En parlant de lire des classiques... Challenges 2012 au taquet !
Quelle meilleure manière de parfaire mon inculture classique que de m'inscrire à quelques challenges pour me motiver?
C'est chose faite avec celui de Cécile qui propose de lire un classique par mois cette année.Sans restriction aucune de périodes, langues ou auteurs, c'est dans la liberté qu'on pourra replonger dans la littérature d'hier.
Il m'arrivera de grouper ce challenge avec celui de Lili galipette, Miss Bouquinaix et George qui proposent de lire l'intégrale des Rougon Macquart! Et oui, je ne suis pas la seule folle à me lancer ce défi. Au lieu de le faire en solitaire, je le partagerai donc avec mes consoeurs bloggeuses :)
Un petit rappel des 20 Rougon-Macquart :
La Fortune des Rougon (1871)
La Curée (1872)
Le Ventre de Paris (1873)
La Conquête de Plassans (1874)
La Faute de l'abbé Mouret (1875)
Son Excellence Eugène Rougon (1876)
L'Assommoir (1877)
Une page d'amour (1878)
Nana (1880)
Pot-Bouille (1882)
Au Bonheur des Dames (1883)
La Joie de vivre (1884)
Germinal (1885)
L'oeuvre (1886)
La Terre (1887)
Le Rêve (1888)
La Bête humaine (1890)
L'Argent (1891)
La Débâcle (1892)
Le Docteur Pascal (1893)
J'ai coloré en violet ceux que j'ai déjà lu (je ne pense pas néanmoins en rédiger des billets, certains datant de plusieurs années, je ne suis pas sûre de m'en rappeler suffisamment bien pour en faire un article un peu construit) mais je chroniquerai les prochains - notamment La Terre qui est en cours de lecture.
Cela dit, même si je n'en fais pas de billets, je vous recommande particulièrement La Fortune des Rougon et La Conquête de Plassans, tous deux absolument savoureux sur les mécanismes de l'arrivisme et L'Oeuvre, où l'on se prend de plein fouet les affres de la création d'un peintre raté ou trop en avance sur son époque (fortement inspiré de Cézanne - ce qui a valu une brouille entre les deux artistes d'ailleurs). Evidemment, il y a L'Assommoir, Germinal, également exceptionnels... Mais ceux là sont suffisamment connus pour ne pas avoir besoin d'être conseillés.
Ca promet !
12:53 Publié dans Challenge | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : classiques, zola, rougon-macquart