20/03/2019
L'hiver du commissaire Ricciardi de Maurizio de Giovanni
Rien de tel qu’un bon polar en vacances : ça détend, ça passionne, ça tient en haleine – et ça faisait longtemps que ça ne m’était pas arrivé. Sur une inspiration de Marilyne, j’ai récemment eu l’heur de découvrir le charmant commissaire Ricciardi pour sa première enquête littéraire, par un mois de mars particulièrement frileux (Et il était temps que je solde mes lectures d'hiver à l'arrivée de ce printemps !).
En ce début d’année 1931, tandis que le fascisme italien est à son apogée et le Duce auréolé de pouvoir, Naples s’apprête à recevoir l’un des plus grands ténors en son sein : Arnaldo Vezzi. Comme bien des artistes conscients de leur génie, Vezzi est, par ailleurs, un être parfaitement détestable et fort peu apprécié. Le soir de sa première à l’opéra, alors que Ricciardi s’apprête à rentrer chez lui, le ténor est assassiné dans sa loge. Le commissaire se rend sur les lieux et, fidèle à lui-même, se ménage un tête à tête avec le mort : notre protagoniste à la particularité déconcertante de voir les quelques secondes qui séparent une victime de son trépas. Ces ultimes instants orientent alors son enquête et lui permettent de remonter jusqu’au meurtrier, avec l’aide de son acolyte le brigadier Raffaele Maione.
Les yeux verts du commissaire, ces merveilleux yeux verts : une fenêtre ouverte sur une tempête.
Luigi Ricciardi di Malomonte est un personnage austère et énigmatique. Cette fréquentation permanente de la mort, bien malgré lui, en fait un être torturé qui peine à se lier avec ses semblables. Le seul véritable sentiment qu’on lui verra ressentir dans ce premier tome, outre un attachement pour sa vieille nourrice ou du respect pour son subalterne, sera pour sa voisine uniquement observée par la fenêtre et à qui il n’a même jamais parlé – soit dit en passant, ça pourrait sembler extrêmement glauque mais l’auteur le relate comme une histoire d’amour platonique charmante, tout à l’honneur de Ricciardi. Et de l’honneur, il n’en manque tellement pas qu'il est vain d’user sur lui de la flatterie. Il n’y a pas être plus droit que lui. Finalement, Ricciardi n’est pas un personnage auquel on s’attache véritablement mais pour qui on ressent beaucoup d’empathie, de respect voire une forme d’admiration. Il est à la fois le héros ET le anti-héros parfaits du roman policier : Ricciardi, ce 2 en 1 du polar napolitain.
L’enquête, quant à elle, est relativement classique et vaut surtout par le détour qu’elle occasionne dans le Naples de l’entre-deux guerres et dans l’univers de l’opéra. A cet égard, le personnage du prête passionné, patient comme tout et clairvoyant avec notre commissaire à l’âme sombre est éminemment sympathique. J’espère le retrouver dans l’enquête printanière, deuxième volume des aventures de Ricciardi, déjà dans les starting blocks de ma PAL pour les prochaines vacances. Evidemment, je vous en dirai des nouvelles !
08:56 Publié dans Littérature italienne, Polar | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : polar, roman policier, luigi ricciardi, l'hiver du commissaire ricciardi, naples, italie, facisme, mussolini, meurtre, opéra, musique, ténor, enquête
15/03/2019
Les voyageurs de l'impériale de Louis Aragon
Avec Aragon et son cycle du Monde Réel, les romans se suivent et ne se ressemblent pas. Non : ils se bonifient comme le bon vin. Pour moi, tout a commencé l'an dernier avec les très politiques Cloches de Bâle qui m'ont fait patiner copieusement sur une bonne centaine de pages avant de prendre leur élan grâce à Catherine Simonidzé et une direction un peu plus claire. C'était compliqué mais tellement riche qu'évidemment, j'ai enchaîné avec Les beaux quartiers en septembre, plus limpide, où le politique flirte avec le roman d'apprentissage parisien - Nathalie rappelle à ce sujet la parenté balzacienne de ce roman et elle a bien raison - et où la langue follement libre d'Aragon m'a enchantée.
"Et puis, pourquoi se casser la tête ? Qu'attend-on de la vie sinon un peu de musique ? N'est-ce pas, Meyer ?"
Alors à quelle sauce est-on mangé dans Les voyageurs de l'impériale ? De 1889 à 1918, Aragon livre la trentaine d'années (ou presque) d'un seul homme, Pierre Mercadier, soleil d'un système qui flanche - cette fin de siècle où tout bascule, à commencer par les certitudes de notre antihéros. Pierre est issu d'une famille bourgeoise tout à fait aisée. Élevé dans la nécessité de la sécurité, et un peu par goût de participer à l'éducation de sa patrie aussi, il se fait professeur d'Histoire au lycée. Mariée à une nobliaute désargentée mais très imbue de cette condition d'un autre temps - là encore, le pouvoir de l'éducation, il s'ennuie : Paulette est superficielle, frivole et pétrie d'idées arrêtées. Il ne faut pas très longtemps à Pierre pour s'en désintéresser cordialement, puis pour haïr la prison que ce mariage représente. Cette décrépitude du couple, entamée sous le regard monstrueux de la Tour Eiffel qui sonne le glas d'un siècle grandiose, devient une complète Béréniza à l'été 1897 lors d'un séjour familial à Sainteville chez l'oncle de Paulette. Pierre y vit une brève liaison qui réveille le démon de midi tandis que son fils Pascal s'ouvre à la nature et à l'amour. L'un s'enflamme, non d'amour mais d'aigreur, et étouffe tandis que l'autre, le rejeton, découvre tout l'univers des sens. Ils font, l'un et l'autre, l'apprentissage d'une liberté très différente, de plus en plus rageuse et cynique chez notre protagoniste.
Il y a ruine si on regarde derrière soi. Toujours, quoi qu'on fasse. Il y a ruine dans le substance des choses, dans ce qu'on n'a pas osé détruire. Il y a ruine dans le décor de carton-pâte derrière lequel rien ne se cache, rien. Et auquel il aurait fallu foutre le feu. Ah, que ça flambe !
Il eut tout d'un coup conscience de lui-même dans l'avenir, menant une vie médiocre, une vie dérisoire. Mais seul. Si admirablement seul.
*
- Ça fait Baudelaire ce que vous me racontez là : Mais les vrais voyageurs sont ceux-là seuls qui partent... Je ne suis pas voyageur, je suis un type qui ne veut pas faire semblant de penser blanc quand il a la tête au noir... C'est tout. Partir pour partir, entre nous, c'est parler pour ne rien dire... Il y a aussi un autre poète qui a dit : ... Fuir là-bas, fuir ! / Je sais que des oiseaux sont ivres / D'être parmi l'écume inconnue et les cieux... Seulement celui-ci, il est professeur d'anglais, et il continue à faire sa classe. Tenez, j'ai un ami... enfin une relation... un peintre... Il faisait des tableaux bretons, et puis il a eu des désillusions... Ça ne marchait pas très bien matériellement... Il est parti pour Tahiti. Loin de la civilisation, de l'époque et de ses laideurs ! Bon. Il m'a écrit. Il ne parle que du gendarme. Il ne fait plus de tableaux bretons, mais il fait des tableaux tahitiens... C'est comme les ministères : on les renverse, puis on reprend les mêmes et on recommence...
*
Ainsi, tout était fini, tout allait se détacher, se libérer, le monde allait partir à la dérive.
Cet été-là change radicalement Pierre Mercadier. Jusqu'ici, précautionneux, organisé, raisonné, son seul travers était de jouer en Bourse, ce qu'il appelait tromper Paulette - et encore, ne s'autorisait-il à miser qu'en accord avec les intérêts du pays. Plus rien de tout ça n'a cours chez lui après 1897. Evidemment, cela couvait depuis longtemps mais voilà que la cocotte explose pour de bon. Il n'y a plus que deux réalités tangibles : l'individu et l'argent. En accord avec ses nouvelles prises de conscience, et de façon éhontément égoïste, Pierre prend ses clics et ses clacs et abandonne tout le monde sans l'ombre d'un remord - comme l'a fait le grand-père de l'auteur dont il s'inspire fort pour ce personnage. S'en suit une parenthèse oisive et pathétique à Venise, à Vérone puis à Monte-Carlo où il rencontre Reine de Brécy qu'il quitte elle aussi, encore. Pierre ne croit plus en la nature humaine. Il est profondément désabusé.
Accoudé au mur crénelé de Vérone, il pense qu si le héros véritable de l'ancienne liberté était le condottiere, le héros d'aujourd'hui, dans le monde de l'industrie, du crédit et du papier-monnaie, c'est après tout l'homme à l'identité fuyante, qui glisse entre les mailles de la loi, ne s'embarrasse d'aucune des sottises de convention, sans place assignée ici ou là, maître de son destin, défiant les limites fixées à son existence, et dont l'histoire est faite de cent romans, de cent désastres...
*
On liquidait le vieux siècle et ses luttes périmées, on ouvrait le nouveau sur une parade publicitaire, l'Exposition Universelle qui nécessitait la confiance, on relançait la République avec ses filiales à chicotes, comme une affaire où l'assassin et la victime se pardonnaient mutuellement dans l'idylle des temps nouveaux, où ne comptait plus, enfin, que le profit, la grande loi de l'histoire.
A cet instant précis - on a dépassé la moitié du roman, on a compris deux choses importantes : Ce roman est d'une noirceur implacable et refuser la politique, comme le clame haut et fort Mercadier, c'est en faire encore un peu quand même, en contrastes et ombres chinoises. Ici, il est question d'une tentative de s'évincer de la société. De ne plus prendre part à cette marche dérisoire qui avale les individus pour en faire une masse informe régie par l'argent. Pierre Mercadier a tenté de sauter de l'impériale - sauf que c'est impossible. L'entreprise de Mercadier, peut-être par trop d'égoïsme, de froideur, de cynisme et de mépris de tout, est vouée à l'échec. Pierre Mercadier n'est pas l'idéaliste d'une société nouvelle. Il est celui qui fiche tout par terre pour ne rien recréer. Sa démarche, tôt ou tard, aboutira au néant parce qu'elle est stérile. Et de fait, quinze ans après sa fuite, tandis qu'on a forgé de lui une légende grotesque qui n'est pas sans rappeler celle de Rimbaud avec une ironie bien mordante, il réapparaît à Paris, vieilli prématurément et sans le sou. En bout de course. Il n'a pas d'autres choix que de reprendre une vie de professeur, aux crochets de son ancien collègue Meyer qu'il prend en horreur pour cela, et devient habitué d'un bordel où il ne fait que papoter avec le maquerelle. Elle, Dora Tavernier, développe un amour pur et passionnel pour ce M. Pierre qu'elle idéalise tandis qu'il n'est là que pour faire barrage à sa peur de la mort - c'est dans le même esprit qu'il va, le dimanche, observer son petit-fils Jeannot au parc. Evidemment, ça ne saurait durer. On est au seuil de la Première Guerre Mondiale et bientôt la politique va rattraper tout le monde, y compris ceux qui se pensaient en marge, pour tout engloutir sans distinction.
- Croyez-vous ? la grande majorité des hommes se fichent de l'histoire comme de leur première culotte. La frousse passée, on joue à la manille et tout est comme toujours, à la va-comme-je-te-pousse...
Lire ce roman aujourd'hui, c'est se faire doublement fouetter le museau. D'abord parce qu'on sait qu'il a été écrit en pleine Seconde Guerre Mondiale, et sachant cela, l'entièreté du roman est une forme de procès de l'individualisme de Mercadier et les dernières pages apparaissent d'une ironie cinglante. En même temps, Aragon n'apporte aucune solution. Ici, il n'y a pas de porte de sortie politique comme pour Catherine ou Victor dans Les cloches de Bâle ou pour Armand dans Les beaux quartiers. Là, rien. C'est noir. Aucune foi en rien ne se dessine. Mais ensuite, on réalise qu'on est présentement cent ans après et que ce n'est pas beaucoup plus joli. On oscille perpétuellement encore entre le communautarisme le plus sectaire et l'individualisme le plus chevronné. Voilà. Statu quo. On aimerait croire qu'un repli à la Mercadier est possible pour se soustraire à tout ça mais voilà qu'Aragon nous en démontre la stérilité. Bref : on est dans de beaux draps.
Outre cet aspect extrêmement sombre et, disons-le, lucide de l'existence, Aragon, comme toujours, se surpasse littérairement. Sans tomber jamais dans un genre littéraire ou un autre, il délivre, à coup de discours variés, et quel génie lorsqu'il s'agit de manier l'indirect libre d'ailleurs, un roman multifacettes de fifou grâce aux nombreux satellites de la planète Mercadier. Son fils Pascal vit un véritable apprentissage bucolique à Sainteville qui occasionne des pages sublimes sur la nature, les jeux et l'enfance. Plus tardivement, dans la dernière partie, alors qu'il est patron d'une pension de famille, on le retrouve en petit Don Juan sans envergure, à l'affût des femmes qui veulent de lui et on s'aperçoit qu'il a finalement quelque chose de la froideur et de l'égoïsme de son père. Quant aux femmes, les trois figures qui accompagnent Pierre sur son parcours révèlent tour à tour un monde à bout de souffle : Paulette incarne la bourgeoise qui ne se résout pas à la mort de sa caste et qui s'échine à garder des convenances obsolètes ; Reine veut être libre quoiqu'il en coûte, quitte à s'engager sur des terrains glissants ; et Dora est l'espoir ridicule, tragique, qui se transforme en fantasme impossible. Que Dora est pathétique et touchante ! Les pages qui lui sont consacrées sont d'une infinie beauté, parmi les plus vibrantes du roman.
Ce roman est une tragédie finalement. On sait très exactement comment tout va se dérouler. On le voit venir et la 4ème de couverture ne nous cache rien - ce qui explique que je ne vous ai rien caché non plus. Il n'y a rien à attendre en terme de dénouement : toute l'existence de la planète Mercadier et de son système solaire est vouée à s'abîmer dans le trou noir du vingtième siècle. Exactement comme dans les tragédies antiques, tout l'intérêt de ce roman ne réside donc pas dans le suspens haletant de connaître la fin mais dans le plaisir lucide de décortiquer tous les rouages qui mènent à l'acmé fatale. J'ai beaucoup parlé de noirceur, j'en conviens, et ce n'est peut-être pas très engageant pour beaucoup mais c'est pourtant un des gros points forts du roman au contraire : son absence de concession et son absence d'idéalisme. Chaque page est une gifle assénée au lecteur. C'est sûr, il faut avoir envie de ça lorsqu'on attaque le roman - je vous rassure, les découvertes de Pascal à Sainteville offrent tout de même une jolie parenthèse enchantée - mais si la littérature ne nous fouette pas un peu à l'occasion, qui aura le cran de le faire ? Finalement, je me plaignais en début de mois d'une lecture feel good un peu trop fade à mon goût ; je crois que j'ai déniché là son parfait contraire. J'ai bien fait de les enchaîner : j'ai ainsi vécu l'équivalent littéraire du bain nordique. Ça ravigote les neurones !
Nous nous attristons du malheur des grands hommes comme de l'effet injuste d'une fatalité à leur taille. Est-ce qu'il y a dans la vie un seul roman heureux? Est-ce que chaque vie humaine, la plus humble, ne se termine pas de façon tragique? Le rocher de Napoléon n'est rien d'autre que l'alcôve où se termine toute aventure, et tous les lits des maisons de Paris ont été les témoins d'agonies qui valent Ugolin, le Chevalier de la Barre ou Maximilien.
C'est vers cette issue horrible de la vie que nous sommes tous portés, inconscients du mouvement qui l'anime, du mécanisme de la locomotion, par un immense omnibus lui-même destiné aux catastrophes. Je me souviens d'avoir un soir traversé Paris aux premières lumières sur l'un de ces véhicules cahotants, pareil à une baleine qui glisse sur les ombres naissantes. C'était un soir que je me sentais inquiet et triste, la tête bourrée des chiffres dont dépendait ma liberté, des cours de la Bourse et des noms d'actions et de titres, comme une pauvre cervelle dépossédée qu'habitent les monstres du calcul. Tout d'un coup tout me sembla étrange, les cafés, les boulevards, les pharmacies. Je me mis à regarder mes voisins de l'impériale non plus comme des compagnons de hasard, qui s'égailleraient aux stations successives, mais comme les voyageurs mystérieusement choisis pour traverser avec moi l'existence. Je me mis à remarquer que déjà, sur un parcours bref, des liens s'étaient formés entre nous, le sourire d'une femme, le regard appuyé d'un homme, deux vieillards qui avaient lié conversation: une ébauche ds société. Et je pensais avec une espèce d'horreur que nous étions, nous à l'instant encore des étrangers, également menacés par un accident possible. De telle sorte que ce qui se passait en bas, entre les chevaux et la rue, et dont nous n'étions pas informés, risquait de créer entre nous une solidarité mortelle, et une intimité pire que l'intimité de l'amour, celle de la fosse commune. J'étais d'humeur à philosopher, parce que tout m'était amer. Je pensais que cette impériale était une bonne image de l'existence, ou plutôt l'omnibus tout entier. Car il y a deux sortes d'hommes dans le monde, ceux qui pareils aux gens de l'impériale sont emportés sans rien savoir de la machine qu'ils habitent, et les autres qui connaissent le mécanisme du monstre, qui jouent à y tripoter... Et jamais les premiers ne peuvent rien comprendre de ce que sont les seconds, parce que de l'impériale on ne peut que regarder les cafés, les réverbères et les étoiles; et je suis inguérissablement l'un d'eux, c'est pourquoi John Law qui inventa une façon d'affoler la machine restera toujours pour moi , malgré cette curiosité que je lui ai portée, un homme que je ne pourrai jamais me représenter dans les simples choses de la vie, flânant par exemple ou s'achetant des fruits chez l'épicier, ou jouant avec de petits enfants. Comme il est de toute vraisemblance qu'il fit, et ce n'est pas moins important à connaître de lui, que les opérations par lesquelles il créa la Compagnie des Indes. Voilà quarante années et plus que les miens et moi-même nous faisons vers une fin qui sera sans doute sinistre un chemin que je n'ai pas tracé, que personne n'a tracé. Peut-être pourrais-je m'expliquer l'étrange intérêt que j'ai porté à Law par cette croyance que j'ai qu'il a été l'un des rares hommes qui firent dévier le monde. Il n'était pas, lui, un voyageur de l'impériale...
Pour cette LC aragonaise, Nathalie a lu Les beaux quartiers
Et si toi aussi, tu as lu Aragon avec nous, manifeste-toi en commentaires pour que je recense ici ton billet !
11:19 Publié dans Classiques, Coups de coeur, Histoire, Lecture commune, Littérature française et francophone | Lien permanent | Commentaires (27) | Tags : louis aragon, les voyageurs de l'impériale, cycle du monde réel, lecture commune, pierre mercadier, individualisme, politique, argent, famille, mariage, société, fin de siècle, début de siècle, guerre, amour, cynisme, liberté, lucidité
13/03/2019
Gramercy Park de Timothée de Fombelle et Christian Cailleaux
Madeleine s'occupe de ses ruches sur le toit d'un immeuble new-yorkais. En face d'elle, un parrain de la pègre reçoit jour et nuit, et ne sort que le dimanche pour une visite mystérieuse. Ils s'observent. Pendant que lui règle ses affaires, elle se remémore son passé à l'Opéra de Paris où elle aidait son grand-père puis où elle a débuté sa carrière de danseuse. Les récits vont et viennent et les questions qu'ils soulèvent ferrent habilement le lecteur. Entre le quotidien de ces deux personnages que tout semble opposer, quelques flics interviennent parfois inopinément et une petite fille s'échappe pour cacher des clés à Gramercy Park.
Décidément, en ce moment, Timothée de Fombelle touche à tout et il a raison ! Autant je n'avais pas été follement convaincue par son premier roman adulte, autant je le suis totalement par cette BD dont il signe le scénario. L'aventure est sensible et délicate et, entre les mailles de la réalité la plus sombre de la mafia et des couples qui se délitent, l'auteur parvient, comme toujours, à semer son petit grain de magie poétique. Christian Cailleaux, que je découvre à l'occasion, s'en fait parfaitement l'écho avec son dessin simple, tout en bleu gris et estompe. L'héroïne, au visage délicieux d'Audrey Hepburn, apparaît pleine d'émotions dans cet univers où elle cherche désespérément la consolation. Gramercy Park secoue et met du baume au cœur tout à la fois.
Livres précédemment chroniqués de Timothée de Fombelle :
Aujourd'hui, la BD de la semaine est chez Noukette
09:00 Publié dans BD / Comics / Mangas | Lien permanent | Commentaires (34) | Tags : gramercy park, timothée de fombelle, christian cailleaux, new-york, madeleine whitman, polar, vengeance, magie, poésie, audrey hepburn, gallimard