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31/12/2015

Au revoir à l'une, salut à l'autre*

 "Elle disait que rien n'avait besoin de demeurer. Qu'on pouvait faire et défaire, et ne rien regretter, jamais"
Michèle Desbordes

Tiens, 2015

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En littérature, comme en art en général, on a jamais fait le tour de la question. C'est ce qu'il y a de particulièrement émoustillant ; c'est ce qui donne envie de toujours chercher, découvrir, s'émerveiller. Depuis le temps que je lis comme je respire, je n'ai toujours pas réussi à me lasser des mots tant chacune de mes humeurs trouve toujours chaussure à son pied.

Force est de constater que cette année fut romanesque. J'ai laissé filer la poésie du jeudi, ai parlé à peine de quelques recueils, pour ne plus chroniquer quasiment que des romans. Même mes lectures graphiques se sont peu montrées sur ce blog si ce n'est quelques coups de cœur ici ou là. C'était l'envie de 2015, aussi l'ai-je suivie sans me poser de contraintes (je le dis assez mais il ferait beau voir que le blog en devienne une).

De cette belle année, riche de plusieurs siècles et de plusieurs langues, je retiens quelques ouvrages qui m'ont particulièrement inspirée, souvent avec étonnement :

                   Le roman de la momie.jpgBruges la morte.jpgles vagues woolf1.jpg

Du côté des classiques, Le roman de la momie de Théophile Gautier m'a révélé un joyau de langue impeccable et sublime tant l'amour et la mélancolie qu'on y respire mêlent les parfums de l'ancienne Egypte et les délices de fin du siècle. Où les envolées poétiques deviennent voyage immobile, avec délectation.
L'amour encore, mais symboliste, fantomatique, habillé des brumes de Bruges dans Bruges la morte de Georges Rodenbach ;
L'amour toujours - ah, mais l'Amour de la vie cette fois, avec le grand A des mystiques (Ou des niais ? Mais j'assume ma niaiserie pour elle) : une relecture des Vagues de Virginia Woolf où l'éternel va-et-vient de l'existence - vie/mort ; joie/nostalgie ; être/s'effacer - est décidément ce qui me ravit le plus. Je lirai ou relirai sûrement une autre oeuvre de Woolf cette nouvelle année.

                      Le peintre d'éventail.jpgMa.jpgNeverhome.jpeg

Du côté des contemporains, c'est Hubert Haddad qui aura marqué mon année 2015 en l'encadrant littéralement : en janvier, je découvrais son univers japonisant, entre zen et poésie occidentale dans Le peintre d'éventail  et je réitérais, avec une sacrée joie en décembre avec , encore plus délicieux. J'ai adoré également patauger dans la boue et les affres de la guerre de Sécession avec l'excellent Neverhome de Laird Hunt et prendre une claque magistrale avec La petite fille qui aimait trop les allumettes de Gaëtan Soucy.

                 La petite fille qui aimait trop les allumettes.jpgAmours Récondo.jpgUne passion.jpg
Il faut bien tout de même un peu d'amour aussi ; C'est chez Léonor de Récondo que je l'ai trouvé dans les Amours bourgeoises et subtiles de Victoire, d'Anselme et Céleste et dans Une passion de Christiane Singer où s'effleurent les amours intemporelles et brûlantes d'Héloïse et Abelard.

         Sylvia.jpgLe paradis perdu.jpgAfficher l'image d'origine

Et puis, bien que peu poétique et peu graphique, 2015 m'a quand même fait dénicher quelques perles dans ces domaines chers à mon cœur. J'ai notamment été époustouflée par la plume d'Antoine Wauters dans son sublime Sylvia où deuil et création poétique trouvent une parfaite apogée ou par le graphisme mystérieux de Pablo Auladel dans l'entreprise périlleuse d'illustrer Le Paradis Perdu de Milton. Enfin, je n'ai pas boudé mon plaisir lorsqu'il s'est agit de rigoler sous cape avec Les vieux fourneaux de Cauuet et Lupano (dont j'ai bien hâte de lire le 3ème tome).

 

Salut 2016 !

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En 2016, j'ai envie de continuer à fureter, à ne m'ennuyer de rien qui soit créatif, original, sensible, drôle et percutant. J'ai envie de continuer à aller voir dans tous les genres littéraires si j'y suis (vous remarquerez d'ailleurs que je ne retiens rien de spécial en polar, jeunesse et SF pour 2015 ; j'ai pourtant lu dans ces genres des titres tout à fait agréables et divertissants mais rien qui casse trois briques à un barcecue).

J'ai aussi envie d'en revenir à un rendez-vous poétique régulier comme je le faisais jadis en 2014. Je ne sais pas encore selon quelle régularité, je ne sais pas d'ailleurs s'il y en aura une, ni même s'il y aura un jour dédié à cela. Tout ce que je sais, c'est que je souhaite à la poésie de revenir plus fréquemment sur ce blog. Non pas seulement sous la forme de chroniques mais sous la forme d'extraits. Honnêtement, je ne me sens aucunement les compétences de chroniquer des poètes universellement reconnus pour leurs talents (je le fais dans le roman pourtant mais, allez savoir pourquoi, j'en perds mon latin en poésie) et pourtant, ils ont plus que leur place ici puisqu'ils m'accompagnent quotidiennement. Des extraits donc, des morceaux poétiques au gré du vent pour le plaisir des mots, des élans et des sensations ; que j'ai bien envie d'agrémenter d'art tant qu'on y est : poésie et art ne se marient-ils pas à merveille ? Pour l'heure un premier rendez-vous poétique est prévu dans la première semaine de 2016 ; d'autres suivront au gré des inspirations. En espérant qu'ils vous inspirent de lire ces poètes et d'admirer ces artistes, ce serait l'idéal !

A tous et toutes, je vous souhaite une année 2016 d'émerveillement renouvelé, de joie, de frissons, de sueurs de toutes les couleurs ; en un mot, je vous souhaite une année riche de vie parce que, bordel, c'est quand même pour ça qu'on est là.

"Lieux, moments, existences vont donc être rendus à une liberté merveilleuse, le réel se faire l'espace même du possible, les sensations se multiplier et tout glisser à la métamorphose"
Jean-Pierre Richard

Et évidemment, bonne fiesta de réveillon !

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Photographies du festival des couleurs en Inde (Source)

01/11/2015

Paul à Québec de Michel Rabagliati

paul_a_quebec_bd.jpg
Paul à Québec de Michel Rabagliati, La Pastèque, 2009 187p.

 

Paul à québec 3.jpegJe prends aujourd'hui la route du Québec comme des vacances (tandis que les miennes se terminent, fichtre!), au hasard des petites perles que m'a offertes Topinambulle en mai dernier. D'humeur BD ce matin, j'ai embarqué Paul à Québec dans mon fauteuil moelleux et j'ai profité du soleil levant automnal, entre le froid et le doux, pour cheminer avec lui en territoires inconnus.

Tout commence par un week-end en famille bien agréable. Tout le monde se retrouve dans la maison des grands-parents Roland et Lisette, dans un village proche de Québec. Frères, sœurs, parents et cousins s'amusent, se promènent et jouent. Pourtant, au retour, Lucie, la femme de Paul, apprend que la santé de son père décline. Une première rémission offre encore de beaux moments à la famille tandis que Roland et Lisette reviennent s'installer à Montréal. Mais le cancer gagne à nouveau du terrain. C'est alors le moment de profiter intensément des dernières semaines, des derniers jours... C'est aussi le moment pour Roland de dévoiler un peu de son histoire et d'accepter la fin prochaine.

Il faut dire tout d'abord que je ne m'attendais pas du tout à cette histoire ! Je pensais lire une sorte de carnet de voyage léger, émaillé de petites réflexions acidulées ou vibrantes ici ou là, sur le modèle de Guy Delisle. Point du tout ! Si un voyage à Québec est bien le départ du récit (et j'apprends au passage qu'on y finit les croûtes de pizza avec du beurre !), l'essentiel se trouve rapidement ailleurs, dans la profondeur des liens familiaux et l'accompagnement d'un être cher en fin de vie. Sujet éminemment difficile, parce qu'on peut très vite dériver dans le pathos gluant. Au contraire, Michel Rabagliati dose juste : la tristesse est toujours tenue, pudique et très vraie et n'empêche pas des éclats de rire comme la vie sait en produire même dans les pires moments (j'ai particulièrement souri à l'instant fumette nocturne des trois soeurs ! Les contes d'Anusbury, c'est quand même bien trouvé, héhéhéhé). En somme, une excellente surprise dont on ressort à la fois serein et presque mélancolique. Disons qu'il s'agit de ces lectures qui, toute en subtilité et l'air de rien, nous emmène à retrouver cette gratitude d'être en vie et entouré de ceux qu'on aime.

PS : Ce n'est pas exactement le sujet de la BD, par ailleurs, mais la française que je suis ne peut s'empêcher de souligner les nombreuses expressions et autres tournures langagières typiquement québécoises qui rendent le récit si savoureux !

paul à québec 1.jpg

 

Québec en novembre.jpgQuébec en novembre 2015 chez Karine et Yueyin

1ère participation

04/08/2015

Vrac de BD feel good

Tout part à vau l'eau, voyez vous. Je lis à tout casser vingt pages par jour - autant dire que Le rouge et le noir n'avance guère bien que je le trouve passionnant - et la perspective de rédiger des chroniques m'ennuie un brin. Mais au fond, j'ai envie quand même. C'est juste que je me prélasse depuis un mois dans une paresse totale et décomplexée, une paresse dont je profite comme d'un mets rare et délicieux - sachant par avance les dix mois qui m'attendent à partir du 1er septembre. Cela dit, il m'arrive d'avoir envie de feuilleter quelque chose de sympa plus d'une demi-heure d'affilée, à l'occasion. Et dans ces moments-là, mon choix se porte vers la BD ; vers une BD amusante, légère de préférence, vers l'antithèse de la prise de chou réflexive en somme (exception faite du Paradis perdu chroniqué dernièrement devant lequel on ne peut que se pâmer quoiqu'il en soit). Voici donc un florilège, en vrac, de ce qui m'a collé le sourire ces dernières semaines, sans trop en dire parce qu'au fond, tout est très simple : on s'amuse bien à lire ces BD, un point c'est tout.

 

Les vieux fourneaux.JPGLes vieux fourneaux, comme le macaron promotionnel l'indique sur le deuxième tome, c'est parfaitement drôle et irrésistible. Prenez une bande de vieux - n'ayons pas peur des mots, à bas le conventionnel "personnes du troisième âge" - totalement déjantés, qui n'hésitent pas à avoir des envies de meurtre ou de révolution entre deux considérations plus prosaïques, prenez tant qu'à faire une gouaille pas possible entre le juron et la harangue perpétuelle, prenez enfin un tracé de bulles qui rappelle les vieilles BD de notre enfance et paf, vous avez de quoi sourire pendant quarante-cinq minutes. C'est évidemment n'importe quoi en terme d'intrigue - si tant est qu'on puisse parler d'intrigue - mais c'est surtout divertissant, tout à fait original dans son genre et son propos et ça fait du bien. Dès la troisième page du tome 1, je me suis dit que j'espérais vraiment pouvoir vieillir façon vieux fourneaux. J'aurais plus besoin de me retenir de parler comme un charretier tralala !

Les vieux fourneaux de Cauuet et Lupano (2 tomes), ed. Dargaud.

 

Les gens honnêtes.jpgLes gens honnêtes commencent moyennement bien, il faut bien le dire (Les vieux fourneaux aussi d'ailleurs, notez bien. Comme quoi, on peut vraiment rire de tout). Le premier tome est mi-figure mi-raisin, on ne sait pas si on doit être plein d'espoir façon "ce qui ne me tue pas me rend plus fort" ou bien s'affliger d'une réalité contemporaine pas très reluisante. On avance ainsi à tâtons sans trop savoir et puis, petit à petit, la légèreté s'installe - elle n'a jamais vraiment disparue, finalement, mais se tenait en retrait le temps des nuages - et redonne vie à Philippe Manche. C'est lui, le protagoniste. Lui, qui va changer plusieurs fois de carrières au fil des tomes de la série, qui va rencontrer des personnalités improbables et attachantes - la palme revient, en ce domaine, au bouquiniste amoureux de littérature et de bons crus (Autant vous dire que ça donne des idées ! A quand le club de lecture et picole associées, je vous le demande ?). Lui qui nous transporte au fil d'une vie presque banale et pourtant hautement colorée : au fil de la Vie, avec un grand V.

Les gens honnêtes de Durieux et Gibrat (3 tomes), ed. Dupuis

 

perles et pirates.jpgSur ce, on quitte la vie quotidienne, on quitte les retraités et les chômeurs (ça a beau être dit sur le ton de l'humour, on a un peu envie de voyager quand même !) et on embarque sur le bateau pirate de la blague (vous avez remarqué, je finis toujours par caser un pirate ou deux par été, ni vu ni connu, j't'embrouille). Dans cette aventure rocambolesque - et surtout improbable - il est question, comme l'indique le sous-titre, de perles et de pirates. Oui, m'sieur dames. Mais de femmes pirates exclusivement, qui ne daignent pas accueillir d'hommes à leur bord, et qui terrorisent des flottes entières de britanniques armés. Des femmes qui ne tiennent pas l'alcool, qui font parfois n'importe quoi mais finissent par sauver des familles esseulées, c'est ti pas beau ? Il est aussi question d'un gouverneur au costume grotesque (je n'en dis pas plus car j'ai franchement ri à la lecture de cette idée géniale), d'une armée qui ne sert à rien, d'un père un poil indigne et, bien évidemment, d'un trésor qu'il faut absolument trouver grâce à soixante-quinze indices disséminés aux quatre coins du globe. C'est frais, c'est fin (c'est très fin, ça se mange sans faim), ça renverse les codes du récit de piraterie - ce qui n'est pas dégueulasse à l'occasion, et c'est d'une drôlerie telle qu'à plusieurs reprises, je n'ai pas pu m'empêcher de rire comme une baleine. Que du bon !

Perles et pirates de Zaoui et Clotka, ed. Casterman

 

Il ne me reste plus qu'à vous souhaiter d'excellentes lectures et tranches de rire, en compagnie des indispensables lunettes de soleil, éventail et mojito. En d'autres termes, bon mois d'août !