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17/12/2012

Le faucon maltais de Dashiell Hammet

 

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Le faucon maltais de Dashiell Hammet, ed. Folio Policier, 2007 (ed. originale, 1929), 232p.

 

Pour une fois, je vous fais un résumé à la sauce "je suis le personnage principal et je vous narre moi-même l'affaire avec la musique qui va bien". Avant toute chose, enclenchez cette musique, donc. La meilleure des ambiances, oh oui !

 

 

La journée avait bien commencé. J'étais seul au bureau, mon associé en retard comme toujours. Et puis, elle est entrée avec sa mine de p'tite fille triste. J'ai rien cru à son histoire mais ses billets avaient l'air vrai. Miles décide de filer son gars et v'la qu'on m'appelle à 2h du matin : il s'est fait trouer la peau comme un bleu. Saleté d'nuit. Et elle, toujours aussi fragile. Arrête ton char, que j'lui dis, tu joues pas assez bien la comédie. Alors elle commence à lâcher un peu l'histoire, en même temps que rapplique une tripotée de gars louches, tous à la recherche de la même chose : le faucon maltais. Une obscure affaire qui remonte aux chevaliers de l'Ordre de Malte et qui vaut un paquet d'pognon. Ok, j'suis dedans, autant la jouer à fond pour voir jusqu'où ça va. Mais celui qui prendra Sam Spade pour un pigeon est pas encore d'ce monde, c'est moi qui vous l'dit. 

 

Quand on aime les polars old school, devrais-je dire hard-boiled school, ne pas goûter à Dashiell Hammet, c'est comme qui dirait une hérésie. Il était donc temps que j'aille tâter le précurseur de ces romans à l'ambiance typique : Une grande ville américaine et ses quartiers sombres, un détective ambivalent, aussi fin limier qu'il est fréquemment détestable, des verres de whisky et des clopes à tire l'arigot, une femme fatale et une dangereuse affaire à démêler.
Et oui, je confirme, il y a tout ça dans ce fameux Faucon Maltais. Je vais même vous dire : tout y est tellement qu'un lecteur contemporain, trop habitué à ces ficelles aujourd'hui exploitées jusqu'au noyau, pourrait le trouver un poil archétypal. Ce serait oublier que ce roman a été écrit en 1929 et qu'il marque donc d'une pierre blanche l'histoire du polar : Il n'est pas archétypal, il a inventé ce qui deviendra un archétype, nuance.

Très franchement, archétype ou pas, j'ai beaucoup ri en lisant ce roman. Tout est si attendu dans les rapports entre les personnages que je me suis beaucoup amusée à imaginer ses scènes d'un autre temps, ses réflexions calibrées parfaitement.
Quant à l'enquête en elle-même - car il est tout de même question de cela AUSSI -, elle m'a semblé ma fois plutôt bien menée et l'ultime rebondissement particulièrement intelligent et réaliste. Il joue sur la psychologie des personnages plus que sur l'effet de chute artificielle et c'est à la fois juste et surprenant.

Au passage, cette fin est extrêmement bien rendue dans le film de John Huston avec Humphrey Bogart et Mary Astor. Autant je ne dirais pas la même chose de l'entier du film qui, bien que très fidèle à l'oeuvre dont il s'inspire, m'a plutôt ennuyée (pourtant, j'aime les vieux films mais je n'ai définitivement pas trouvé celui là aussi brillant que la postérité cinématographique veut bien le dire), autant la fin est plus que bien mise en scène et jouée. Humphrey Bogart en Spade et Mary Astor en Brigit O'Shaughnessy expriment brillamment l'ambivalence des personnages.

 

 

Bref, à recommander sans modération aux aficionados du genre (bien que, si on est aficionados du genre, on connait déjà depuis longtemps). Pour les autres, jetez-y un coup d'oeil, ça vaut toujours le détour !

*

 



13/12/2012

Antigone de Jean Anouilh

Bon, comme vous le savez, j'expérimente avec plaisir (la plupart du temps) depuis la rentrée, la vie d'une prof de français en lycée professionnel. Et forcément, lorsque je prépare mes cours, je me pose avant tout deux questions cruciales : Quelle oeuvre pourrait plaire à mes jeunes et surtout, quelle oeuvre me plait suffisamment pour que je réussisse à leur en donner le goût et leur en transmettre le sens ?

Autant, il m'arrive de tourner un moment pour y répondre parce que les oeuvres qui me plaisent ne sont pas forcément de leur goût et inversement, ou bien parce qu'elles sont trop pointues... Autant pour le théâtre, la réponse m'est venue immédiatement, comme une évidence :

 

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Antigone de Jean Anouilh, éd. La Table Ronde, 1944

 

Il faut dire que c'est un juste retour des choses : c'est grâce à un cours en 4eme que je suis tombée amoureuse de ce mythe et surtout de cette pièce qui n'a plus jamais cessé de m'accompagner depuis.

Anouilh y reprend le mythe d'Antigone, fille de Jocaste et d'Oedipe de la famille des Labdacides. Oedipe exilé à Colone et ses deux fils morts dans une lutte fratricide pour le pouvoir, Thèbes est gouvernée par Créon, frère de Jocaste. Ce dernier prend la lourde décision de ne donner des funérailles qu'à Etéocle tandis que le cadavre de Polynice serait condamné à pourrir au soleil.
Décision qui ne convient pas à la petite Antigone qui nourrit un amour sans distinction pour ses deux frères. Elle brave donc à plusieurs reprises le décret royal pour tenter d'enterrer Polynice à l'aide d'une petite pelle, malgré les tentatives de Créon pour l'en empêcher. Comme dans toute tragédie, on sait d'ores et déjà quelle sera l'issue de cette funeste entreprise : Antigone mourra, ainsi qu'Hémon, son fiancé.

Toute la beauté de cette pièce - aux abords mythiques peut-être peu engageant pour nos jeunes esprits contemporains - réside à mon sens dans la place accordée au long affrontement central entre Créon et Antigone. Ce NON revendiqué par une Antigone frêle mais puissamment déterminée (au deux sens du terme) opposée au OUI d'un Créon déjà épuisé par la tâche cristallise toute la fraîche beauté et toute la liberté de l'adolescence. Ce fameux élan idéaliste sans concession que nous tâchons de ne jamais perdre dans les méandres de l'âge adulte.

Ce NON aussi, qu'il ne faut pas manqué d'inscrire dans le contexte historique et qu'Anouilh modernise en lui donnant la coloration politique d'une résistance active face à l'oppression des dictatures.

On pourrait croire, en lisant cela, que j'ai une préférence pour le personnage d'Antigone. Pourtant, c'est bien les deux personnages qui m'inspirent un égal attachement. Créon défend une position tout à fait juste, lui aussi : relever les manches, tenir la barre, prendre ses responsabilités. L'enseignement de la pièce se tire de leur long dialogue poignant, nous offrant peut-être l'opportunité d'un juste milieu.

Antigone d'Anouilh est pour moi, toujours, un texte puissant, bouleversant, d'une déconcertante lucidité et qui nous rappelle qu'il ne faut jamais se soumettre : revendiquer l'Être, en quelque sorte, sur toute chose.

 

Pour conclure, je vous conseille le visionnage de l'excellente (et je pèse l'adjectif) mise en scène de cette pièce par Nicolas Briançon et l'excellente (bis) interprétation de Barbara Schulz et Robert Hossein. (Je l'ai trouvé que sous-titrée en arabe pour avoir l'intégrale sur youtube mais sinon, ça se loue dans toute bonne bibliothèque^^)

*

 

3926815867.jpgChallenge "Un classique par mois"

Décembre 2012

10/12/2012

Lettres du Père Noël de J.R.R. Tolkien

Ca y est : j'ai fait mon sapin et ai passé mon week-end à emballer tous les cadeaux déjà préparés avec amour. C'est bientôt Noël quoi ! Et comme chaque année, malgré le temps qui passe sur ma petite figure, je suis toujours une gaminette à l'approche de cette fête qui signifie toujours quelque chose comme "fais plaisir à ceux que tu aimes", quoiqu'il arrive et quelle que soit la distance qui me sépare maintenant de la plupart d'entre eux.

Tout ça pour dire qu'en cette période de l'année, j'affectionne quelques lectures de circonstances (pas beaucoup, pour pas toutes les épuiser en un seul décembre) qui me plonge dans cette atmosphère de neige, de cadeaux, de gourmandises et de père Noël - comme un avant-goût du jour J.

 

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Lettres du Père Noël de J.R.R. Tolkien, ed. Pocket, 2010, 110p.

 

Et en parlant d'avant-goût, ce livre là est un délice ! Tolkien (que par ailleurs, je n'ai jamais lu) a eu la meilleure idée du monde pour faire patienter ses enfants à l'approche de Noël : leur envoyer des lettres signées du Père-Noël puis progressivement, co-signées par l'ours polaire et Ilbereth, l'elfe secrétaire. Au fil de la vingtaine d'années d'écriture, les lettres deviennent des petits contes à elles toutes seules - où le Père Noël et ses acolytes racontent leurs aventures étonnantes agrémentées de dessins. Saviez-vous par exemple, qu'ils ont du déménager suite à une explosion de feux d'artifices? Ou encore qu'ils ont planté un sapin géant dans un lac de glace ? Et bien tout cela et plus encore se trouve dans ce joli livre qui fera rêver les grands comme les petits, j'en mets ma main au feu !

Et n'empêche que le jour où j'ai des ptis neveux et des ptites nièces, je leur enverrai aussi des lettres du Père Noël. Je suis définitivement fan de cette idée en or ! Merci Johnny!

 

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