13/07/2012
Pension Vanilos d'Agatha Christie
Pension Vanilos d'Agatha Christie, 250p.
Poirot est sur le cul (oui, parfaitement) : Miss Lemon, d'ordinaire si méticuleuse, vient de laisser trois fautes dans un courrier. Cela cache forcément quelque chose ! Et de fait, Miss Lemon est inquiète pour sa soeur Mrs Hubbard confrontée à d'étranges évènements sur son lieu de travail, la pension de famille de Mrs Vanilos : divers objets disparates, avec plus ou moins de valeur, sont dérobés depuis plusieurs semaines.
Hercule Poirot se rend sur les lieux et la jeune Célia Austin avoue rapidement sa kleptomanie. Pourtant, tout cela apparait trop simple au célèbre détective qui sent bien que se trame un danger plus sérieux. Il ne faut pas attendre plus d'un jour pour voir le couperet tomber : Célia est retrouvée morte, prétendûment par suicide mais réellement assassinée. Et ce n'est que le début d'une série qui va ronger la pension Vanilos.
Mais pas de panique, Hercule Poirot est sur le coup, avec le bon inspecteur Sharpe !
Dans la rubrique purement subjective, je prends toujours beaucoup de plaisir à fourrer mon nez dans un Agatha Christie depuis que j'ai décidé d'y revenir il y a quelques mois. Cela, c'est un fait. J'adore son ambiance surannée (tellement inscrite dans une époque que lue à la nôtre, certaines réflexions pourraient facilement être taxées de racistes ou passéistes, mais bon, c'est le jeu de lire des trucs tout vieux, ma pauvre lucette, il faut plus en sourire que s'en vexer), ses personnages types qu'on retrouve d'un livre à l'autre (la belle jeune fille qui fume lascivement pendant l'interrogatoire, le jeune héritier mystérieux et sûr de lui, la petite timide avec un balai vous-savez-où, l'étudiant un brin arrogant etc) et évidemment, le fameux détective moustachu, champion toute catégorie des héros belges.
Dans une rubrique un peu plus objective, je dirais que ce n'est pas le meilleur Agatha Christie. Les scènes d'interrogatoires où chacun est passé au grill m'ont paru plutôt ennuyeuses sur la durée, chacune n'apportant sur le moment rien de particulièrement neuf. Les déductions astucieuses de Poirot tombent ici un peu comme un cheveu sur la soupe : je sais qu'il est génial m'enfin de là à déduire tout un *biiiiiip* à partir d'un simple sac à dos lacéré, hmm... Sans aucun autre indice extérieur ? Ca semble plus relever du coup de bol monumental à partir d'une imagination débordante que de la déduction stricto sensu.
Mais bon, voilà, quelques reproches parce qu'il ne faut pas pousser trop loin mémé dans les orties ! Cela dit, Agatha Christie devait compter sur notre amour inconditionnel pour elle pour ne pas nous en formaliser et continuer à dévorer ses bouquins quoiqu'il arrive et vous savez quoi ? Elle a parié juste, c'est pas ça qui va me faire arrêter !
Challenge Agatha Christie
4
Un classique par mois
Juillet 2012
09:38 Publié dans Challenge, Classiques, Littérature anglophone, Polar | Lien permanent | Commentaires (0)
21/05/2012
La princesse des glaces de Camilla Läckberg
La princesse des glaces de Camilla Läckberg, ed. Actes Sud, coll. actes noirs, 2008, 382p.
Depuis le décès de ses parents, Erica Falck habite la maison de famille dans la ville portuaire de Fjällbacka. Elle y gère la succession et tente de terminer l'écriture d'une biographie de Selma Lägerlof que son éditeur lui réclame.
Lors d'une promenade matinale, elle fait la macabre découverte du corps d'Alex Wijkner, son ancienne amie d'enfance, morte dans sa baignoire. La mise en scène évoque clairement le suicide. Rien n'est pourtant moins sûr et très rapidement, des éléments de l'enquête déterminent qu'il s'agit d'un meurtre. Commence alors une enquête menée par Erica et Patrick Hedström, le flic amoureux transi de notre protagoniste en jupon.
Pour faire court : Oui, bon, pourquoi pas.
Pour faire plus long : La lecture n'était, ma foi, pas désagréable. Plutôt divertissante et surtout délassante. En période de reprise du travail, c'est le genre de lecture tout à fait indiquée pour détendre les neurones sans les encombrer. Si par contre, on cherche à être plus pointilleux, c'est sûr que le polar que voilà ne casse pas trois pattes à un canard... L'enquête en elle-même n'est pas mauvaise mais ne tresse pas non plus des mystères de fous : il est assez aisé, ai-je trouvé, d'en démêler une partie à mi-parcours. L'intérêt littéraire est quasi-nul ; je ne parle même pas de la traduction d'un niveau, ma foi, médiocre voire à la limite du lamentable à divers reprises (La meilleure bourde est quand même d'affubler un personnage de plusieurs mentons... Et le pluriel du substantif n'est pas une coquille puisque le verbe est accordé... Là, je dis respect). Les personnages sont vivants et attachants mais aussi à la limite du caricatural. Pour finir, les longs passages Chick Lit sur la vie sentimentale d'Erica, bon... On s'en tamponne un peu le fessier avec une plume de paon (en tout cas, moi). Un peu, je dis pas, ça diversifie et renouvelle le polar. Mais quand on en a plusieurs pages d'affilée puis à nouveau plusieurs pages après un bref paragraphe d'intermède policier, bof. Je lis pas un polar pour me taper des scènes (gentillettes mais clichés, soit dit en passant) de repas romantiques en enfilade (sans mauvais jeu de mot, même si c'est aussi par ça que ça se termine aha).
Bref. En le lisant, je me suis dis que ça ferait un excellent petit film américain sans prétention avec des caractéristiques pareilles. Il faut donc le prendre pour ce que c'est, sans plus. Si tel est le cas, vous passerez sans doute 2-3 jours de lecture sympatoches.
08:00 Publié dans Polar | Lien permanent | Commentaires (5)
27/03/2012
Poirot quitte la scène d'Agatha Christie
Poirot quitte la scène d'Agatha Christie
"Soudain son ton redevint amer :
- C'est le côté déprimant de ces endroits, de ces pensions de famille dirigées par des gens bien nés, ruinés : elles sont pleines de ratés, de gens qui n'ont jamais rien réussi et ne réussiront jamais rien, qui ont été vaincus et brisés par la vie, de gens vieux, fatigués, finis.
Sa voix s'éteignit. Une profonde tristesse m'envahit. C'était tellement juste ! Nous étions tous là des gens au crépuscule de la vie : têtes grises, coeur gris, rêves gris. Moi-même, j'étais triste et solitaire, et la femme qui me côtoyait, amère et désillusionnée. Le Dr Franklin, plein d'ardeur et d'ambition, était contrecarré, avait les ailes coupées. Sa femme était la proie de la maladie. Le paisible petit Norton boitillait à la recherche d'oiseaux. Même Poirot, le brillant Poirot de jadis, était maintenant brisé, infirme."
*
C'est à Styles St Mary que Poirot enquêta pour la première fois sous la plume d'Agatha Christie et c'est tout naturellement en ce lieu qu'on l'y retrouve au moment de sa dernière affaire. Vieux, affaibli par la maladie, Poirot n'a plus le panache de sa grande époque. Seules ses petites cellules grises sont épargnées par l'inéluctable déclin de l'âge. Pensionnaire du Manoir où jadis il a enquêté, Hercule Poirot guette un meurtrier d'un genre bien particulier parmi les autres résidents - de celui qu'on se soupçonne pas tant son crime est parfait. Epaulé par Astings qui sera ses yeux et ses oreilles, il va tenter de démasquer ce mystérieux criminel avant qu'un nouveau meurtre ne soit perpétré.
Poirot quitte la scène ne devait être publié qu'après la mort d'Agatha Christie. Ecrit pendant la seconde guerre mondiale, loin donc d'être le dernier ouvrage de l'auteur, il était destiné à assurer une sécurité financière à sa fille grâce aux revenus de la publication au cas où la romancière viendrait à mourir brutalement. Elle finira pourtant par céder à son éditeur en le publiant dans les dernières années de sa vie, en 1975.
Que vous dire si ce n'est que ce roman est parfaitement étonnant. Poirot sait qui est le meurtrier mais le cache à tous. Bien plus que les yeux et les oreilles de Poirot, Astings sera ceux du lecteur qui tatonne autant que lui pour comprendre ce qu'à déjà compris Poirot - en somme, nous menons l'enquête. Et je dois dire que je n'ai vraiment pas été brillante. J'ai bien eu quelques idées mais je ne me suis pas révélée plus inspirée qu'Astings et systématiquement, je ratais. Quant à la fin, rahhh. Je ne préfère rien vous en dire tant elle est surprenante à plusieurs niveaux. On croit que la boucle est bouclée avec ce retour au lieu des débuts de Poirot, pourtant l'auteur nous joue une pirouette finale magistrale. C'est vraiment un excellent Poirot que voilà !
*
Challenge Agatha Christie
3
Challenge Un classique par mois
Mars 2012
09:00 Publié dans Challenge, Classiques, Coups de coeur, Polar | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : agatha christie, poirot, astings